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Ballet diplomatique et petites avancées écologiques à Cancun

Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Réunis au Mexique pendant deux semaines, les 194 pays signataires de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique sont parvenus à un accord "historique". Mais la conférence de Cancun est un succès diplomatique, pas écologique.

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Ballet diplomatique et petites avancées écologiques à Cancun

Depuis la signature en 1997 du protocole de Kyoto, la communauté internationale semblait incapable d’avancer en matière de protection de la planète et de lutte contre le réchauffement climatique. L’échec retentissant du Sommet de Copenhague était encore dans les esprits lorsque s’est ouverte la Conférence de Cancun le 29 novembre dernier. Coup de théâtre le 11 décembre : un compromis international sur le climat est adopté, soutenu par une large majorité des 194 réunis dans la station balnéaire mexicaine.

La Conférence avait pour but de mettre d’accord la communauté internationale sur la suite à donner au Protocole de Kyoto, qui, entré en vigueur en 2005, doit prendre fin en 2012. Rien n’était gagné d’avance, car les intérêts des participants dans la lutte contre le réchauffement climatique et ses modalités sont très différents. Non signataires du Protocole de Kyoto, les Etats-Unis ont continué à traîner des pieds dans l’élaboration du compromis de Cancun. Greenpeace juge ainsi que les Américains « ont nivelé par le bas de nombreux volets de l’accord et jeté le doute sur le succès de la conférence ».

Mais ils ne sont pas les seuls pointés du doigt. Le Japon, le Canada et la Russie se sont montrés réservés, estimant que l’heure était venue pour que les Etats-Unis et la Chine (signataire mais exonérée de contraintes) de s’engager clairement. Pour l’ONG internationale, il ne fait pas de doute que « les déclarations [du Japon et de la Russie] contre la prolongation du Protocole de Kyoto ont plombé les négociations ».

C’est donc une surprise de taille de voir finalement la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa, qui présidait les négociations, être ovationnée par les participants qui la remercient ainsi de son habilité diplomatique au cours de la quinzaine écoulée.

Les avis sont bien sûr partagés sur l’avancée réelle que présente le texte pour la protection de la planète. Plusieurs choses sont sûres : l’ONU est de nouveau crédible dans son action de lutte contre le réchauffement climatique, les pays émergents ont fait entendre leur voix, les Etats-Unis et la Chine se sont engagés, un objectif de limitation de la hausse des températures (pas plus de 2° par rapport à l’ère pré-industrielle) a été clairement fixé, un accord-cadre pour la lutte contre la déforestation a été signé.

Le compromis de Cancun laisse pourtant un goût amer à certains participants et observateurs. La principale avancée ressemble en effet à s’y tromper à une coquille vide. La création d’un Fonds vert a été décidée, et il devra être mis en place d’ici à 2020. Avec un budget de 100 milliards de dollars par an, il devra aider les pays en développement à s’organiser face aux évolutions du climat. Mais ce beau projet est pour l’instant un mirage, car personne ne sait comment il sera financé. Pour éviter l’impasse, il a été décidé de reporter la question au prochain sommet sur le climat, prévu à Durban (Afrique du Sud), en décembre 2011…

La France se réveillera peut-être à cette occasion, lorsqu’il faudra choisir entre les orientations de Kyoto (respect d’un quota d’émission de gaz à effet de serre en fonction d’un objectif global préalablement fixé) et celles de Cancun (engagement volontaire et individuel des Etats avec contrôle par la communauté internationale). Car elle n’a pas brillé au Mexique, comme le remarque sans mâcher ses mots Greenpeace. Selon l’ONG, la France a « freiné les ambitions européennes » et la ministre de l’environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, a été « décevante ». Selon le WWF France, la planète aurait pourtant tout intérêt à ce que l’Union européenne prenne le leadership de la lutte contre le réchauffement climatique. Avec des pays émergeants, comme l’Inde et la Chine, elle soutient l’adoption d’un accord juridique contraignant.

Claire Sejournet

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