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Incinération : le scénario catastrophe ?

Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
L’incinération est le premier mode de traitement des déchets ménagers en France, avant même le stockage (respectivement 43 % et 38% d’après l’ADEME en 2004). Ce procédé fait hurler les écolos qui y voient l’une des pires façons de répondre à la question du traitement des ordures. Les médecins aussi agitent le drapeau rouge suite aux conclusions d’équipes de chercheurs sur l’analyse de l’impact des incinérateurs sur la santé humaine.  Alors, faisons vite, ça brûle !

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Incinération : le scénario catastrophe ?

Pas de fumée sans feu

Tout ou presque peut partir en fumée, et tout ou presque est mis dans les fours géants des incinérateurs. On estime ainsi que 70% des déchets sont combustibles, si l’on ne fait pas de recyclage.

L’incinération est un processus en deux temps : les déchets sont mis dans un four et se décomposent par pyrolyse (décomposition par la chaleur, mais sans flamme). On obtient d’une part des mâchefers (résidus solides de la combustion) et des gaz combustibles. Ceux-ci sont ensuite brûlés à près de 900° dans la chambre de post-combustion. Ils rejettent gaz carbonique, dioxines, poussières, acide chlorhydrique, fluorure d’hydrogène, dioxyde de soufre, oxydes d’azote, cadmium, thallium, mercure, et autres métaux et gaz au nom savant dans l’atmosphère.

Sur une tonne de déchets brûlée, il ne resterait plus que 300 kg de mâchefers. Pour cette même tonne de déchets brûlée, 6,7 tonnes de fumées sont rejetées dans l’atmosphère, dont une tonne de CO² (Source : Amis de la Terre).


La valorisation de l’incinération, un sujet brûlant

La finalité avouée de l’incinération est de gagner de la place face à la production exponentielle de déchets depuis 40 ans (selon l’ADEME, les chiffes ont presque doublé). Le gain de place est effectivement considérable puisque 60 à 90% du total des matières mises au feu partent en fumée.

La valorisation de déchets n’est pas la priorité de cette filière de traitement des déchets, bien qu’elle soit mise en avant par les défenseurs de cette méthode. Ainsi, 70 à 80% de la chaleur de la combustion peut être récupérée pour produire de la chaleur. Le rendement moyen sur l’année est de l’ordre de 75%, mais il est nettement plus important l’hiver que l’été, car il varie en fonction de la demande en chauffage. L’incinération permet aussi la production d’électricité, via une turbine dans laquelle on fait passer de la vapeur à très haute pression. Le rendement est beaucoup plus faible (entre 20 et 25% par tonne d’ordures). La cogénération (production de chaleur et d’électricité) est aussi possible, avec un rendement de l’ordre de 50 à 60%.

Mais les détracteurs de l’incinération avancent d’autres arguments. La Convention de Stockholm, ratifiée par la France le 17 février 2004 interdit la production de certains polluants qui se retrouvent dans les fumées rejetées par les usines d’incinération. Malgré la mise aux normes des usines, celles-ci ne sont pas moins polluantes et elles produisent toujours ces polluants. Les écolos estiment aussi que l’argent servant à la mise en conformité des usines pourrait servir au développement d’alternatives pour le traitement des déchets, plus vertes. Les défenseurs de l’incinération voient dans ce procédé un moyen de lutter contre l’effet de serre car contrairement à la mise en décharge, il n’y a pas de processus de méthanisation non contrôlée, qui enverrait dans l’atmosphère du méthane non traité, gaz beaucoup plus dangereux pour la couche d’ozone que le CO². De plus, la combustion de déchets serait une alternative à l’utilisation de matières fossiles non renouvelable. En réalité, ce point de vue est assez restrictif et ne considère pas le problème dans sa globalité. Le tri n’est pas encouragé, or, bien trié c’est un premier pas vers une bonne valorisation des déchets. De plus, l’incinération n’est pas du tout une incitation à la baisse de la production de déchets, car pour être rentable et permettre une baisse du coût de traitement des déchets, il faut brûler toujours plus de déchets. Or pour la planète, c’est bien connu, le meilleur déchet, c’est celui qui n’existe pas.


Un impact considérable sur la santé et l’environnement

Les usines d’incinération d’ordures ménagères rejettent d’importantes quantités de dioxine dans l’atmosphère. De son vrai nom tétrachlorodibenzodioxine, la dioxine est le principal danger de l’incinération car c’est une molécule facilement assimilable par le corps humaine et elle est considérée comme une substance cancérigène par l’Organisation Mondiale de la Santé. Un arrêté ministériel du 25 janvier 1991 relatif aux installations d'incinération de résidus urbains (aujourd’hui abrogé) a permis une forte diminution de l’émission de dioxine (de1,1 kg en 1995 à 95 g en 2005 selon le Ministère de l’Ecologie). Un nouvel arrêté ministériel de 2002 prévoit de réduire encore les quantités de dioxine émises par les usines d’incinération.

L’enquête « Incidence des cancers à proximité des usines d’incinération d’ordures ménagères » publiée en 2006 par l’Institut de Veille Sanitaire ne laisse aucun doute. Dans les années 1990, les personnes ayant séjourné près d’incinérateurs entre 1972 et 1985 ont été plus victimes de cancers que la moyenne de la population française. Les risques sont toujours présents malgré la baisse considérable du nombre d’incinérateurs en France (ce nombre a été divisé par trois depuis 1998).

Pour la nature, le mal est fait : la pollution des sols autour des usines d’incinération est une réalité, tout comme la contamination des troupeaux. Cette contamination se retrouve dans l’assiette via le lait et ses produits dérivés et la viande, ce qui contamine l’homme. On ne sait pas si et comment la nature va réussir à se dépolluer de cette contamination, et encore moins dans combien de temps.

Claire Sejournet

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