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Les locavores : rencontre avec Anne-Sophie Novel

Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021

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Qu’est-ce qu’un locavore ?

Un locavore est une personne qui a décidé de s’alimenter avec des produits issus d’un rayon réduit à une ou deux centaines de kilomètres autour de chez lui. Le terme « locavore » est entré dans le dictionnaire (New Oxford Dictionnary) en 2007, mais le principe existe depuis longtemps déjà : il relève même d’une doctrine appelée « localisme », qui consiste à favoriser tout ce qui est local – et ce non dans une perspective de protectionnisme, mais bien plutôt dans une perspective écologiste, ce qui est différent.

Les locavores prônent le respect de l’environnement, de la terre et des cultures, des saisonnalités… Ils veulent alléger le poids carbone et les kilomètres alimentaires de leur assiette, et pour cela ils cultivent un autre rapport au temps, et questionnent un certains nombre d’habitudes prises dans la société actuelle, souvent initiées afin de « faciliter » la vie ou pour « aller plus vite »…

Aux Etats-Unis, ils sont de plus en plus nombreux depuis quelques années à revoir leurs modes de consommation, et à remettre en cause ce qui espace la fourche de la fourchette !

Le mouvement est-il important en France ?

Il n’est pas aussi visible qu’aux Etats-Unis, où les gens se revendiquent clairement comme locavores, mais nous partons de moins loin ! Nous avons toujours eu un fort attachement aux terroirs et à la bonne bouffe. Ceci étant, le nombre d’éco-consommateurs vigilants à la provenance des produits qu’ils ingèrent croît constamment ici aussi, et ce même avec la crise : la consommation de produits bio n’a même pas flanché ces derniers mois !

Quelle est la relation entre les locavores et les AMAP ?

Les AMAP sont un outil parmi d’autres dans la mallette des locavores, à côté des systèmes de paniers bio, les marchés de producteurs, le jardinage… Disons que les AMAPS sont, avec les marchés de producteurs, l’option d’approvisionnement qui crée le plus de lien social !

Le retour à la terre et le respect de son rythme naturel qu’implique le mode de vie locavore est-il le signe d’une prise de conscience  de l’impact environnemental de notre mode de vie artificiel (tomates en hiver, oranges en été, …) ?

Je pense que le mode de vie locavore découle de cette prise de conscience, bien sûr ! Cela implique de remettre en question un certain nombre de réflexes, on doit être créatif, ouvert, prêt pour une aventure qui change ceux qui la suivent en profondeur… pour leur plus grand bonheur une fois les premiers mois et obstacles du débutant dépassés !

L’impact des locavores sur l’économie locale et son dynamisme est-il vérifiable et vérifié ?

Oui ! Des études montrent que la consommation locale permet de soutenir l’économie d’un territoire. L’argent dépensé localement est réinvesti localement. Les communautés de locavores (plus ou moins avoués) sont généralement très solidaires et fière de défendre un savoir-faire territorial ! En France, je pense que ce sont les alsaciens les plus locavores : c’est dans cette région que j’ai trouvé le plus grand nombre d’initiatives favorisant l’économie locale !

Etre locavore implique de consommer local. Sans même penser aux fruits et légumes exotiques qui ne sont donc plus consommés, est-il réellement envisageable que la population d’un même pays n’ait pas la possibilité d’avoir accès aux fruits et légumes cultivés sur le territoire national sous prétexte qu’ils ne sont pas produits localement ?

Dans un régime locavore, on peut s’octroyer quelques exceptions. Par exemple, il est impossible pour moi de renoncer au thé : il me faut ma théière le matin pour bien commencer la journée... or le thé vient de loin ! Les locavores ont donc leurs exceptions, souvent qualifiées d’ « exceptions Marco Polo », dont le sens coule de source ! J’ai pour ma part un principe simple également : consommer localement pour les fruits, les légumes, le fromage, la viande et le poisson… en gros, pour tous les produits frais. Pour les produits qui se gardent plus longtemps, et qui viennent plus systématiquement de loin, je favorise le commerce équitable.

Afin de proposer des fruits et légumes variés aux acheteurs, n’y a-t-il pas un risque que les producteurs fassent pousser des variétés mal ou non adaptées à l’environnement local ?

Faudrait-il encore que cela pousse ! Certes, avec le réchauffement climatique, la hausse des températures va avoir un impact sur les cultures… certains peuvent utiliser des serres pour offrir une variété plus importantes en hiver… mais encore faudrait-il qu’une large partie de la population française devienne locavore stricte… ! Une chose est sûre : il faudrait déjà améliorer les surfaces agricoles cultivées avec un mode d’agriculture biologique (actuellement, seuls 2% de la SAU est en bio et de nombreux produits bio viennent de loin).

Anne-Sophie Novel travaille depuis août pour la maison Deyrolle, sur le projet Deyrolle pour l’Avenir, qui propose des supports pédagogiques de sensibilisation aux enjeux du Développement Durable.

 

Plus d’info...

Le site Ecolo-Info

Le site du projet Deyrolle pour l'avenir

Claire Sejournet

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