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Semaine du développement durable 2012 : produire durablement, en imitant la nature

Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
A l’occasion de la semaine du développement durable 2012, FemininBio a rencontré Eric Allodi, Directeur Général d’Integral Vision, qui promeut le cradle-to-cradle en France. Produire autrement, c’est l’avenir.

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Semaine du développement durable 2012 : produire durablement, en imitant la nature

Comment définissez-vous le cradle-to-cradle ?
Le Cradle-to-Cradle c’est un changement de posture et d’état d’esprit dans notre relation à la nature, à l’environnement, à l’humain et au progrès. Aujourd’hui, les milieux écologiques tendent à rejeter le modernisme, l’entreprise, le progrès et à considérer de plus en plus l’homme comme une espèce nuisible. Leur perspective, c’est la décroissance, qui est une forme d’intégrisme anti-industriel et qui montre un profond cynisme quant à notre capacité de créer un meilleur futur. Le cradle-to-cradle inverse la logique et prétend que l’Homme peut avoir un impact positif sur la santé et l’environnement à condition d’éco-concevoir ses produits selon le modèle naturel.


Qu’est-ce que le « modèle naturel » ?
C’est tout simplement observer la nature pour reproduire ses logiques dans notre monde industriel. Le cradle-to-cradle retient trois grands principes. Tout d’abord, la notion « déchet = nourriture ». Dans la nature, la notion de déchet n’existe pas puisque les déchets des uns servent de nutriment aux autres selon le principe « rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ». Il faut réussir à offrir des produits qui soient non toxiques et compostables ou indéfiniment recyclables. Ensuite, il faut utiliser l’énergie renouvelable. L’idée est de créer progressivement des cycles énergétiques en s’appuyant sur les énergies renouvelables pour la fabrication, la distribution ou le recyclage des produits. Enfin, il faut célébrer la diversité. Faisons preuve d’originalité en fonction de scénarios d’usage pressentis plutôt que de dupliquer des solutions toutes faites.


En quoi se différencie-t-il du développement durable ?
Le développement durable part du principe qu’il faut réduire l’impact d’un produit, minimiser son empreinte et prévenir les risques. Cela correspond à un paradigme fataliste selon lequel l’espèce humaine et ses produits sont inévitablement source de pollution, d’empoisonnement et de déchets. Mais être moins mauvais ne signifie pas que l’on devient bon. Il faut penser en termes d’impacts positifs, non seulement au niveau des matières et des processus de fabrication, mais aussi des fonctionnalités du produit. C’est un vrai changement de perspective. Un exemple, au niveau du recyclage. Pour l’instant, nous ne faisons que du « sous-cylage », car les produits n’ont pas été pensés pour avoir plusieurs vies et il n’est pas possible de les recycler sans perdre les qualités des matériaux qui les constituent. C’est ce que l’on appelle l’approche jetable « du Berceau au Tombeau » par opposition à l’approche « du Berceau au Berceau » (Cradle to Cradle en anglais).


Depuis son essor aux Etats-Unis il y a une dizaine d’année, comment les entreprises s’approprient-elles ce nouveau paradigme de production ?
Comme le Cradle to Cradle contribue à une économie circulaire dans laquelle les déchets/nutriments ont de la valeur, les industriels y trouvent un intérêt économique qui, combiné à une responsabilité accrue et à un désir de faire partie de la solution, accélèrent leur mutation pour contribuer à un monde meilleur. L’utopie devient réalité. C’est aussi l’occasion pour eux de réinventer leur communication, leur marketing et de développer des rapports de partenariat avec leurs clients. Dans cette économie circulaire, tout le monde est interconnecté et c’est cette interconnexion qui garantit le respect des intérêts de tous. Mais cela demande une prise de conscience globale et c’est sans doute pour cela que le Cradle to Cradle se répand rapidement dans les pays qui ont une longue tradition écologique. Les Etats-Unis, l’Allemagne, la Scandinavie et la Suisse (et à degré moindre la Chine, la France et l’Autriche) sont aussi très actifs.


Qu’en est-il du cradle-to-cradle en France à l’heure actuelle et comment envisagez-vous son futur ?
Integral Vision, et maintenant sa filiale EPEA Paris, assurent la promotion du concept depuis 2007. Nous sommes partis de zéro mais la réaction des industriels et surtout de la presse a tout de suite été enthousiaste. L’ADEME s’est rapidement intéressée au sujet et nous avons monté un projet avec DIM pour « cradéliser » des collants que nous avons rendus indéfiniment recyclables. Nespresso puis Tarkett se sont également lancés dans l’aventure, et le livre Cradle to Cradle a récemment été traduit en français. Donc cela évolue dans le bon sens mais je pense qu’il faut être patient et que, particulièrement dans notre pays, c’est dans le domaine de la construction immobilière que les choses vont s’accélérer, sans doute dès 2012.


Quelle est la place du consommateur dans le système cradle-to-cradle ?
La place du consommateur est centrale pour deux raisons. D’une part, c’est sous sa pression et son exigence que les entreprises seront tentées de devenir vertueuses et d’entrer dans une démarche Cradle to Cradle. D’autre part, le consommateur joue un rôle clé dans le retour des produits après usage pour que les cycles de matière puissent être fermés et que les ressources puissent être réutilisées/recyclées pour d’autres applications. Les entreprises devront faire preuve d’imagination pour récupérer les matières usagées en établissant, par exemple, des circuits de collecte spécifiques et des contrats de partenariat/fidélité avec leurs clients, mais les consommateurs devront sans doute faire davantage d’effort qu’aujourd’hui pour contribuer à fermer la boucle car tous les maillons de la chaine sont nécessaires et l’avenir de notre monde en dépend.

Claire Sejournet

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