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Secrets de beauté de Cléopâtre

Sylvie Hampikian nous livre une série historique de portraits de reines de beauté. Le premier nous emmène en croisière sur le Nil, avec Cléopâtre, souveraine emblématique de la civilisation égyptienne.

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Parmi les "dames du temps jadis" les plus célèbres pour leurs attraits, pourquoi seules certaines ont marqué l’histoire des soins de beauté ? Pour quelle raison parle-t-on des bains de Diane de Poitiers et non de ceux de Gabrielle d’Estrées, de la toilette de Marie-Antoinette et non de celle de Marie Wolinska, des secrets de Lola Montès et non de ceux de Liane de Pougy ? Tout simplement pour une différence de taille : les écrits à leurs propos. A l’image de la chanteuse Marie Laforêt* en 2001, nombre de beautés illustres ont en effet publié ou suscité la publication de leurs secrets... qui n'en sont plus puisqu’ils sont parvenus jusqu'à nous.

Embarquons ensemble pour un tour d’horizon de ces "ouvrages de dames" qui ont jalonné l’histoire des soins de beauté.

Et c’est bien sûr à la reine d’entre toutes, Cléopâtre (alias Cléopâtre VII, reine d’Egypte), que revient l’honneur d’inaugurer cette croisière de charme.

Peu de certitudes et beaucoup de légendes

Que savons-nous réellement de la beauté de Cléopâtre ? Pas grand-chose en fait. Car l’empereur Auguste, qui succéda à ses deux amants (Jules César, puis Marc Antoine), fit détruire la plupart des écrits, images et statues lui étant consacrés. Pour des raisons politiques, les premiers historiens romains firent d’elle un portrait physique évasif, mais plutôt flatteur, la décrivant comme une séductrice. Mais ils présentèrent ses charmes comme vénéneux, allant jusqu'à la qualifier de "reine putain". Femme fatale avant l’heure, amoureuse puis héroïne tragique, Cléopâtre ne pouvait ensuite que séduire les artistes romantiques du XIXe siècle, puis les cinéastes du XXe. Jusqu'à être sublimée sous les traits d’Elizabeth Taylor en 1963.
Ainsi, aux quelques éléments historiques dont on dispose sont venus s’ajouter légendes et fantasmes d’artistes, pour faire de Cléopâtre une véritable icône de beauté.

Le nez de Cléopâtre, s’il avait été moins long…

Le fameux nez de Cléopâtre, nul avant Blaise Pascal n’y avait jamais fait allusion. Or, une analyse de la célèbre pensée y faisant référence montre que le choix du nez de la reine comme objet de séduction envers les chefs d’état romains, était d’avantage teinté de dérision, voire de mépris, que d’admiration de la part du philosophe. Mais Goscinny et Uderzo sont passés par là et le nez de la Cléopâtre d’Astérix est devenu un appendice… culte !

Le célèbre manuscrit "Kosmèticon de Kléopatra"

Dès le Moyen-âge, on trouve dans les recueils de médecine de nombreux remèdes destinés aux femmes dont les recettes sont associées à Cléopâtre. On ne connaît pas l’origine exacte de cette dotation, mais on en a une idée... Il s’agit très probablement d’un manuscrit grec appelé le "Kosmètikon de Kléopatra" contenant des recettes de soins pour la peau et les cheveux. Des fragments de ce manuscrit, connus depuis le premier siècle de notre ère, sont passés entre les mains des plus célèbres savants grecs, lesquels s’en sont inspirés dans leurs écrits : Galien (IIe siècle ap. J.C.), Aetios d’Amida (VIe), Paul d’Egine (VIIe). C’est Aetios d’Amida qui fut le premier à faire explicitement le lien entre l’ouvrage et Cléopâtre VII d'Égypte, qui selon lui l’aurait rédigé ou dicté en personne.
L’auteur du Kosmètikon fut-il vraiment notre fameuse Cléopâtre VII ou une autre femme portant le même prénom ? Un papyrus grec d'Égypte décrypté en 2007, mais authentifié comme datant des premiers siècles de notre ère (P. Oxy. 71.4809) confirme l’intuition d’Aetios. Selon la traduction de ce texte antique, le Kosmètikon "n’est pas de la reine elle-même, mais de quelqu’un qui a répertorié les recettes dont elle se servait pour ses soins". Sur cette base, et d’après les travaux récents des historiens, l’existence d’un lien direct entre Cléopâtre et le Kosmètikon semble désormais prouvée.

Des recettes d'antan pour les cheveux et le peau

Il faut hélas renoncer à l’espoir de découvrir dans les fragments du recueil parvenus jusqu'à nous l’ensemble des secrets de beauté de Cléopâtre : la plupart sont probablement perdus à tout jamais.

Nous devrons nous contenter des vingt-quatre recettes conservées, dont dix-neuf relèvent des soins capillaires (pour lutter contre la chute des cheveux, favoriser leur repousse, les fortifier, les noircir) et cinq des soins dermatologiques (contre diverses affections et imperfections cutanées).

Les formules mettent en œuvre de nombreuses plantes et actifs naturels, dont certains sont désormais inusités, mais dont beaucoup font encore partie de l’arsenal des soins de beauté : myrrhe, poudre d’iris, safran, ciste ladanifère, nard, oliban, miel, baies rouges, lait, miel, vinaigre, argile, huile de laurier, huile d’olive… Les minéraux sont également très employés et parmi eux des sels toxiques (de plomb ou d’arsenic). Quant aux produits animaux, de la graisse d’ours aux souris calcinées, la plupart sont à oublier !

On cherchera en vain dans le Kosmètikon le fameux bain au lait d’ânesse de Cléopâtre. Il semble que celui-ci soit arrivé jusqu’à nous colporté par la tradition orale. L’origine de cette légende provient sans doute d’une analogie avec les pratiques de beauté des romaines contemporaines de Cléopâtre (laquelle aurait vécu pendant 2 ans à Rome). En effet, le bain au lait d’ânesse est attesté pour Poppée, épouse de Néron, qui vécut environ un siècle après Cléopâtre. Elle les prenait, selon Pline l’Ancien, pour garder une peau fraiche et lumineuse. Cette pratique perdurera bien après la chute de l’empire Romain, puisqu’elle fut utilisée de manière certaine au XVe siècle par la favorite de Louis VII, Agnès Sorel. Mais histoire et légende se sont entremêlées dans le lait du bain, et celui-ci reste définitivement associé à Cléopâtre. C’est ainsi : on ne prête qu’aux riches !

La recette infernale (contre la chute des cheveux)

Après avoir broyé du réalgar (sulfure d’arsenic), confectionnez le remède avec du gui de chêne, le plus possible, et, après avoir nettoyé la région au nitre (salpêtre ou nitrate de potassium), enduisez un linge et appliquez.
Variante : après avoir fait saigner la région, enduisez-la d’excréments de souris broyés finement avec un linge... Charmant !

La recette "à la manière" de Cléopâtre : lotion fortifiante du cuir chevelu (tous types de cheveux, manquant de tonus)

Aucune des recettes du Kosmétikon n’est transposable intégralement, mais celle-ci s’inspire des méthodes de soins et des ingrédients de plusieurs recettes réalisables sur la base des connaissances actuelles.

-15 ml d’huile de lin
-15 ml d’huile de sésame
- 6 gouttes d’huile essentielle de ciste ladanifère
- 6 gouttes d’huile essentielle de myrrhe
- 6 gouttes d’huile essentielle de nard jatamansi.

Mélangez simplement les ingrédients et agitez bien jusqu'à ce que l’huile essentielle (résine) de myrrhe soit bien diluée car elle est épaisse. Versez dans un petit flacon et conservez à l’abri de l’air, de la lumière et de la chaleur. Agitez avant l’emploi.

Appliquez quelques gouttes de cette lotion avant le shampooing sur les racines, si possible raie par raie à l’aide d’un embout type compte-goutte. Frictionnez bien, laissez poser 10-15 minutes, idéalement sous une serviette chaude, puis procédez au shampooing. Appliquez en cure d’environ 3-4 semaines, 1 à 2 fois par semaine.
 

* Mes petite magies. Michel Lafon, 2001.

Passionnée par les plantes médicinales et les cosmétiques naturelles, Sylvie Hampikian est docteur vétérinaire et expert pharmaco-toxicologue.
 

Sylvie Hampikian

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