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Karité raffiné : arnaque commerciale et intérêts des industriels

karité naturel
Un bon beurre de karité frais, naturel et authentique ne doit pas être raffiné / © Karethic
Carole Tawema
Carole Tawema
Mis à jour le 25 février 2021
Entre conditions de travail non éthiques et amandes de mauvaises qualité, le karité raffiné utilisé dans l'industrie cosmétique et agroalimentaire, même bio, est une arnaque commerciale. La spécialiste Carole Tawema, fondatrice de la marque Karethic, nous explique pour quelles raisons.

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Pourquoi le beurre de karité est-il raffiné ?

La raison pour laquelle la plupart des laboratoires recourent au karité raffiné est simple : Le karité raffiné s’obtient selon un processus industriel physique ou chimique, il est donc disponible en quantité plus importante et à moindre coût. Par ailleurs les productrices de karité vivent en majeure partie en zone rurale et ne disposent pas de matériels leur permettant de préparer et stocker leurs amandes dans de bonnes conditions.

La qualité des amandes et du beurre de karité qu’elles produisent n’est donc pas toujours au rendez-vous. Le raffinage présenté par les industriels comme nécessaire pour stabiliser le beurre apparaît souvent comme une solution idéale pour masquer les défauts d’un beurre de karité obtenu à partir d’amandes de mauvaises qualités. Une situation qui bénéficie malheureusement aux négociants qui n’hésitent pas à acheter ces amandes au plus bas prix, profitant du fait qu’a cette période de l’année, les femmes ont cruellement besoin de ressources financières… Nous sommes à la limite de l’esclavage.

Les réalités et conséquences du raffinage industriel du karité

Peu de marques proposant du karité, même certifié bio (la plupart des karités bio étant raffinés) ont conscience ou connaissance de cette réalité et supposent qu’un beurre de karité bio suffit à garantir le fait que celui-ci a été fourni par des productrices africaines et acheté à un prix équitable. Il suffirait pourtant  pour obtenir un bon beurre de karité frais, naturel et authentique, de fournir aux productrices les moyens de de s’équiper et travailler dans des conditions dignes.

Il suffirait d’avoir une démarche responsable vis-à-vis des productrices de karité. Mais puisqu’il n’y a pas de protection du terme "beurre de karité naturel" ou "beurre de karité naturel d’Afrique" et que le consommateur non averti n’y voit que du feu, pourquoi s’embarrasser de questions  éthiques ? Tant qu’il y a aura des femmes pour collecter des amandes et tant qu’elles auront besoin de les vendre pour survivre, pourquoi se tourmenter ? Il faudra pourtant "s’embarrasser de ces question éthiques" car l’exploitation actuelle du karité pour l’industrie du raffinage a des conséquences sociales et écologiques néfastes qui durent depuis des siècles.

Du karité à moindre coût en quantité industrielle pour l’agroalimentaire… et la cosmétique

Le raffinage industriel, différent de la filtration mécanique réalisé par quelques groupements de productrices pour éliminer naturellement les résidus des amandes de karité, au-delà du fait qu’il pollue, nécessite une quantité très importante d’amandes collectées auprès des femmes. Un point positif à priori pour les productrices si ce n’est que la majeure partie des industriels qui doivent supporter des coûts liés au processus de raffinage industriel ne collaborent pas directement avec des productrices mais avec des négociants, ce, pour s’assurer d’acquérir les amandes en quantité importantes au plus bas prix…peu importe la qualité.

Heureusement, conscients des pertes générées par des amandes de mauvaises qualité, certains industriels s’approvisionnent  à un tarif équitable et vont jusqu’à transformer localement les amandes en beurre dans leur propres usines délocalisées en Afrique ou achètent directement le beurre de karité aux productrices. Mais le cahier des charges équitable fixe le prix "juste" des amandes uniquement. Celui du beurre est laissé à la libre appréciation de l’acheteur! Un "détail" qui ne contribue pas au développement de la transformation locale du beurre de karité par les femmes des zones rurales car celles-ci n’y trouvent bien évidemment pas leur compte. La majorité des  amandes et du beurre de karité sont ensuite exportés pour être raffinés industriellement principalement en Europe et en Asie puis introduits dans des produits agroalimentaires et cosmétiques.

Une ressource alimentaire et thérapeutique oubliée

Or le karité est une ressource végétale aux vertus nutritionnelles et thérapeutiques reconnues mais malheureusement oubliée par les africains eux-mêmes au profit d’huiles importées dites plus "raffinées". Résultat de cette situation absurde, le beurre de karité autrefois préféré à l’huile de palme, susceptible donc de garantir la souveraineté alimentaire des pays africains producteurs  est sans doute plus consommé par un parisien qu’un citadin africain. On retrouve le beurre de karité raffiné dans des préparations industrielles comme exhausteur de goût (ex pâte feuilletées, margarines), dans le chocolat bas de gamme, comme substitut du cacao et bien sûr dans la majorité des cosmétiques…même bio. 

Retrouvez plus d'informations sur le site de Karethic.

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