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Cancer

Revivre après le cancer du sein

Je ne veux plus oublier, même si ce que j’ai vécu a parfois ressemblé à un cauchemar
Sonia Bellouti
Sonia Bellouti
Mis à jour le 25 février 2021
Dans cette dernière chronique, Sonia évoque l'épreuve de son long combat contre le cancer du sein et la vie, imperturbable, qui reprend son cours après le drame.

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Décembre, les fêtes appro - chent. Je suis dans le train et je regarde défiler les paysages au petit matin dans ma bulle de douceurs musicales, un de mes "top ten" des petits plaisirs qui me font du bien. J’ai listé tout ce qui fait le sel de ma vie. Une liste de ce qui m’apporte de la joie et du bonheur au quotidien. Ce sont souvent des petits rien, accessibles, qui n’attendent ni demain ni de meilleurs jours pour me faire sentir entière, alignée, simplement heureuse. 

Devoir de mémoire

Ce jour-là, il y avait un tel contraste entre la beauté du monde, la délicatesse du moment et les souvenirs pénibles des mois passés. C’est à la fois si présent et si éloigné, je m’oblige presque à replonger dans les souvenirs, comme par devoir de mémoire, pour ne pas oublier la tourmente que j’ai traversée. Non que je sois maso, tu te doutes bien que ce n’est pas mon genre, mais la vie te rattrape si vite, le quotidien énergivore et chronophage, toutes ces choses sans importance mais qui t’éloignent de ce que tu es, de l’essentiel. 

Je ne veux plus oublier, même si ce que j’ai vécu a parfois ressemblé à un cauchemar, de ceux où tu espères te réveiller au plus vite, et que j'ai eu l'impression d’être dans un film et me disant  "Je n’arrive pas à croire que c’est à moi que cela arrive". Le cancer, ça n’arrive qu’aux autres. Tu en entends parler tous les jours, ceux qui luttent, ceux qui meurent, des anonymes et des personnalités… la fameuse "longue maladie".

La bataille contre la maladie

Je me revois, la boule à zéro, pas de cils ni sourcils. Je me revois, le matin, me maquiller, m’habiller, me "recoiffer", me regarder dans la glace et oublier mon ablation ou plutôt faire avec… Soyons des "seins volts", n’ayons l’air de rien.

Je n’ai rien voulu céder au crabe, ni ma vie de femme, ni ma vie de mère et encore moins mon job. Un jour, alors que j’avais commencé mes chimio, je suis tombée sur cette phrase que l’on attribue à Bob Marley : "Tu ne sais jamais à quel point tu es fort, jusqu'au jour où être fort reste ta seule option". Pour être tout à fait honnête avec toi, cette phrase m’a chamboulée, par ce qu’avant le diagnostic de mon cancer du sein, je me croyais faible, je n’ai jamais pensé être capable de cet incroyable instinct de vie, de cette force autant physique que mentale.

Les "tétons flingueurs", un cadeau du ciel, une bénédiction... Ca peut te paraitre indécent, mais je te jure que dans les pires moments, c’est ce sentiment de gratitude qui m’a sauvé. Mon cancer, c’est aussi 5 interventions dont l’ablation du sein gauche, 11 chimio, 24 séances de radiothérapie, 2 bilans post-traitement encourageants, un risque de récidive qui baisse chaque année… Les médecins adorent les statistiques et moi je ne suis pas qu’un simple numéro.

La renaissance

"Il faut porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse" disait Friedrich Nietzche. 

Aujourd’hui je suis née une nouvelle fois. Je sors à peine de ma dernière intervention chirurgicale, la deuxième reconstruction mammaire  en moins d’an an. Après le détricotage, le rétablissement, tant sur le plan physique qu’émotionnel.

Il y a quelques mois, j’avais écrit cela : "Je me suis réveillée avec le sentiment étrange que la vie et moi étions sur deux chemin parallèles, que je pouvais lui tenir la main, la regarder marcher à côté de moi mais que nous restions sur deux rails qui ne se toucheraient jamais, deux destins qui ne se croiseraient jamais. Ce sont ce genre de sentiments qui me hantent régulièrement depuis que je suis en rémission". 

Faire confiance à la vie qui s'éveille

Désormais, je renoue avec elle, je lui fais confiance plus que jamais. J’apprends à ne plus être pressée et à savourer ce qu’il y a. Des projets, j’en ai moins, mais plus grands et je crois en leur réalisation. Tout doucement, sans hâte, je me concentre sur le principal ; je prends soin des minutes et les heures prennent soin d’elles-mêmes.

Me réapproprier mon corps 

Sur le plan physique, mon corps est le témoin de tous ces changements. Mon corps raconte une histoire, il a été mutilé, malmené, mais aussi embelli car plus vivant. Aujourd’hui, il est le centre de beaucoup d’attentions et de soins. Je me rends plus présente à lui, aux sensations et ses messages. J’ai pris la résolution d’être plus tendre, moins exigeante et de lui accorder une bienveillante douceur et même une certaine mollesse. 

J’avais déjà illustré par le passé deux épisodes importants de ma vie par deux tatouages espacés de dix ans. Pour rendre plus joli ce dernier chapitre, j’ai pris la décision d’en réaliser un troisième ; un dessin, un mantra pour à la fois clôturer et toujours me souvenir… d’où je (re)viens.

"C'est facile d'oublier la reconnaissance après avoir reçu la bénédiction" - Patrick Isaac

 

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