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Alerte ! Les menus de nos enfants sont très toxiques

Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Attention, poison ! Une enquête publiée le 1er décembre révèle que notre alimentation est truffée de substances chimiques. Impliquées dans l’augmentation des nombres de cancers, chez l’homme, la femme et même l’enfant, elles sont présentes dans tous les aliments, y compris ceux que l’on pensait anodins. Les résultats de cette enquête sont alarmants, il est grand temps d’agir !

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Alerte ! Les menus de nos enfants sont très toxiques

Même sans être tous convertis au bio, une grande partie des Français (80%) s’inquiète de la présence de pesticides dans les fruits, légumes et céréales que nous mangeons. Mais quelle est la réalité de nos contacts avec ces substances ? C’est parce que la question trottait depuis longtemps dans la tête des responsables de Générations Futures et HEAL (Health & Environment Alliance) qu’une grande enquête a été menée sur la question. En partenariat avec le Réseau Environnement Santé et le WWF-France, les deux associations ont construit le menu type d’un enfant de 10 ans sur une journée, et ont fait analyser tous les aliments des quatre repas (incluant le goûter) et la collation matinale.


Des résultats effrayants

Les résultats, présentés mercredi 1er décembre, se lisent comme une liste interminable de produits dont on aimerait mieux ne même pas connaître le nom. Boscalide, dimethomorphe, dithiocarbamates pipéronyl butoxyde, pirimiphos méthyle, difenoconazole, carbendazim, flufenoxuron, PCB aux nombreuses déclinaisons numériques, etc., la liste est longue et affligeante.


Bien que suivant les recommandations du Ministère de la Santé, à commencer par les 5 fruits et légumes et les 3 produits laitiers par jour, un enfant de 10 ans peut intégrer plus de 128 résidus chimiques, provenant de 81 substances différentes. Sur ces 81 substances, 42 sont classées cancérogènes possibles ou probables, 5 cancérigènes certaines et 37 sont susceptibles d'agir comme perturbateurs endocriniens. Cette avalanche de chiffres est extrêmement préoccupante.


Car si Générations Futures et HEAL ont mené l’enquête, c’est qu’elles ont déjà démontré que le nombre de cancer chez l’adulte et chez l’enfant est en constante progression depuis les années 1980, et que cette augmentation est largement due à notre environnement. Porte-parole de Générations Futures, François Veillerette rappelle ainsi qu'un million de personnes sont prises en charge chaque année à l'hôpital pour soigner leur cancer.


« Malheureusement les résultats de nos analyses vont bien au-delà de ce que nous craignions », déclare l’association, qui précise que son enquête ne visait pas à l’exhaustivité mais à mettre en lumière un phénomène sournois. « Dans la quasi-totalité des cas, les limites légales pour chaque substance chimique prise individuellement ne sont pas dépassées » souligne Générations Futures. Le problème vient du fait que l’on mange plusieurs fois par jour. Un seul repas ne dépasse pas les seuils autorisés, mais l’accumulation des quatre repas quotidiens dynamite les recommandations du Ministère.



Aucun aliment épargné

Dès le petit-déjeuner, notre alimentation nous empoisonne : beurre et thé au lait contiennent à eux seuls plus d'une dizaine de résidus cancérigènes possibles et trois avérés comme des cancérigènes certains ainsi que près d'une vingtaine de résidus susceptibles de perturber le système hormonal. Et le festin ne fait que commencer : viande, poisson, légumes, féculents, tout a été passé au crible, et tout a été pointé du doigt.


Plus inquiétant encore, à l’heure de la mondialisation, la pomme prévue comme encas et importée du Brésil, présente des traces de six substances chimiques, dont un fongicide pourtant interdit en France. Dans les haricots verts du Kenya, au menu du déjeuner, les analyses ont fait ressortir des traces d'un insecticide puissant également interdit dans l'Union européenne.


Le contenu de l’assiette n’est pas le seul pointé du doigt. L’assiette en plastique utilisée pour les repas contenait également des résidus chimiques, et l’eau du robinet analysée contenait des nitrates et du chloroforme.
 

Alors que faire ?

L’enquête visait à « faire prendre conscience aux citoyens et aux responsables publics de la part importante que représentent les facteurs de risque environnementaux parmi les causes de cancers et ainsi de les inciter à agir et prendre les mesures qui s'imposent » précisent Générations Futures et HEAL.

Des études ont montré que laver les fruits et légumes, et même les éplucher, ne suffit pas, voire est inutile. Le groupement d'associations milite donc pour « l'application du principe de précaution dans l'objectif de diminuer au maximum l'exposition environnementale, et notamment alimentaire, de la population à des substances soupçonnées d'être cancérigènes ou perturbateurs endocriniens » en interdisant notamment « l'usage de pesticides au champ » et l'utilisation de certains additifs.


Car cette enquête devrait, pour bien faire, être suivie d’autres enquêtes : « l'impact de ces résidus dans les aliments conjugué aux autres substances chimiques auxquelles nous sommes exposés tous les jours, par l'air, les cosmétiques, les biocides, n'est pas évalué non plus » souligne Générations Futures. Les experts tirent donc la sonnette d’alarme.

Pour une "démocratie sanitaire"

François Veillerette, porte parole de Générations Futures, rappelle qu'1 million de personnes se rendent chaque année à l'hôpital pour soigner leur cancer. Il est plus que temps d'agir pour lutter contre cette épidémie car c'est bien de cela qu'il s'agit.

Le docteur Laurent Chevallier, nutritionniste et membre du Réseau Environnement Santé, tire également la sonnette d'alarme : aujourd'hui ce sont 700 000 agriculteurs (ou travaillant dans l'agriculture, femmes des exploitants,...) qui sont exposés aux pesticides, la contamination de nos assiettes ne touchent pas seulement ceux qui mangent mais aussi ceux qui produisent avec des produits polluants et pour l'environnement et pour le corps. Le nutritionniste ajoute que le problème de ces polluants, c'est leur interaction les uns avec les autres, il en appelle aux pouvoirs publics pour que plus d'études scientifiques soient menées à ce sujet. Il demande également qu'une attention toute particulière soit faite aux femmes enceintes : le principe de précaution doit absolument s'appliquer, il en va de la santé du bébé. Les sages-femmes ont un rôle important à jouer dans l'information sur l'alimentation et l'environnement de la femme enceinte. Laurent Chevallier regrette encore le manque de formation de ces professionnels de la maternité.

Enfin, Serge Orru, Directeur général du WWF-France, souhaite qu'une "démocratie sanitaire" voit le jour et demande un débat non seulement avec le Ministère de l'Ecologie mais également avec les Ministères de la Santé et de l'Agriculture. Il rappelle également l'engagement du WWF-France dans l'introduction du bio dans les cantines au travers sa campagne "oui au bio dans ma cantine" (à l'issue du Grenelle de l'environnement, il a été décidé de passer à 20 % de bio dans les cantines scolaires à horizon 2020). Le bio peut être une des solutions de poids dans la lutte contre les polluants comme les pesticides.

Le Directeur du WWF-France interpelle en citant le Professeur David Servan-Schreiber "comment peut-on aller bien sur une planète malade ?" Et si chacun se posait la question pour de vrai ?

Pour en savoir plus :

- Lire le détail de l'étude sur le site www.menustoxiques.fr. L'étude est également disponible en PDF

- Le site de Générations futures (ex-Mouvement pour le droit et le respect des générations futures) : www.mdrgf.org

- Le site de la campagne cancer et environnement : www.environnement-et-cancer.com

Claire Sejournet

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