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Psychologie

Et si on arrêtait de procrastiner ?

Diane Ballonad Rolland est l'auteur de "J'arrête de procrastiner !"
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homéopathie Stress : solutions naturelles anti-stress
Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Du latin procrastinio (pro qui signifie « en avant » et crastinus, qui signifie « de demain », dérivé de cras pour « demain »), la procrastination, c'est l'art de remettre au lendemain. Rencontre avec Diane Ballonad Rolland pour faire le point sur cette tendance que nous connaissons tous...

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Procrastiner, ça veut dire quoi ?
La procrastination est un terme plutôt barbare qui désigne une tendance à différer, à remettre au lendemain, à reporter, parfois aux calendes grecques, les obligations que nous pourrions accomplir maintenant. 

C'est un phénomène complexe, multiforme et mutifactoriel : le mécanisme est conscient (quand nous procrastinons, nous savons que nous procrastinons, d’où un fort sentiment de culpabilité) mais qui s’appuie sur des ressorts inconscients.

On entend de plus en plus parler de procrastination, serions-nous devenus tous feignants ?
Une récente enquête menée par Piers Steel, professeur en sciences humaines et auteur du livre L’équation de la procrastination, révèle que 95 % de la population mondiale est tombée au moins une fois dans sa vie dans les travers de la procrastination et qu’1 personne sur 4 souffrirait de procrastination chronique.

Le constat va plus loin : en l’espace de 40 ans, elle aurait augmenté de 300 % à 400 %, du fait de nombreuses gratifications instantanées et distractions accessibles aujourd’hui à tout moment et en tous lieux, grâce aux nouvelles technologies notamment. En réalité, le phénomène est davantage lié à notre capacité de maîtrise de soi qu’à une éventuelle fainéantise. C’est d’ailleurs l’une des idées reçues les plus tenaces sur le sujet !

Lorsque l’on pense procrastination, on imagine facilement une personne avachie sur son canapé qui préfère « passer du bon temps » et paresser plutôt que de se mettre à l’ouvrage. Or, contrairement à ce que nous pourrions (un peu trop) facilement penser, la procrastination n’a rien à voir avec la paresse ! Les personnes qui procrastinent seraient même plutôt actives et bien organisées… avec ce qu’elles aiment faire, ce qu’elles maîtrisent et ce qui a du sens pour elles. Elles font simplement le choix (conscient ou inconscient) d’une action au détriment d’une autre, qu’elles préfèrent reporter à un moment ultérieur. Il n’est pas rare d’ailleurs qu’elles soient si occupées qu’elles finissent par être débordées !

On est tous plus ou moins sujet à la procrastination. A quel moment devient-elle un handicap ?
La procrastination est une tendance très courante, plus cognitive que pathologique, qui peut toucher chacun d’entre nous : nous sommes humains et que nous ne fonctionnons pas comme des machines qu’il suffirait de programmer pour que nos tâches soient exécutées… 

Mais attention, car derrière un phénomène à la mode très prisé par les médias et parfois abordé de manière superficielle (« Il suffit de », « Avec un peu de volonté », …), se cache dans certains cas une réelle souffrance qu’il convient de prendre au sérieux. La procrastination peut en effet devenir un véritable handicap et générer de profondes souffrances, avec des conséquences parfois dramatiques : conséquences financières (pénalités, agios…), isolement social, dépréciation de soi, dépression, perte d'emploi, problèmes d’hygiène et de santé, etc. Autant de conséquences qui doivent alerter ! Nous pouvons commencer à nous inquiéter quand précisément, les conséquences de notre procrastination deviennent pénalisantes, pour soi (cela peut finir par nous coûter cher) ou pour les autres (le salarié qui procrastine peut pénaliser son équipe, et tous ceux qui dépendent en partie de son travail). 

La procrastination est-elle le symptôme d’un manque d’organisation ou d’une peur de ne pas être parfait ?
Ca peut être l’un ou l’autre, et dans certains cas l’un et l’autre ! Les causes de la procrastination sont multiples : le manque de clarté associé au manque de sens, le manque d’intérêt, le rejet des contraintes, les peurs qui paralysent, mais aussi en effet un excès de perfectionnisme, contrairement à ce que l’on pourrait croire, des objectifs trop… ou pas assez ambitieux, des objectifs flous, mal définis, le découragement devant l’ampleur de la tâche, le manque d’énergie, la fatigue, la difficulté de concentration et d’attention, une addiction à l’adrénaline et aux sensations fortes (« Je carbure à l’urgence ! »), etc. 

La liste est longue, d’où l’intérêt de diagnostiquer en amont son « profil » de procrastinateur : certains le sont occasionnellement, d'autres l'assument, peut-être un peu trop. 

Quand on sait que l'on a beaucoup de choses à faire dont certaines très importantes ou urgentes, pourquoi a-t-on tendance à vouloir faire plein de petites actions à des années-lumières de la grande tâche à laquelle il serait pourtant judicieux de se consacrer ?
Tout simplement car ces petites actions nous dédouanent en nous faisant croire que nous sommes occupés et donc pas disponibles pour nous atteler à notre vraie priorité ! Bien que le procrastinateur ait conscience de son attitude, il la cache en se réfugiant derrière des « excuses ». Il est même le champion toute catégorie de l’excuse, un véritable Expert en la matière, tentant aussi bien de convaincre les autres que lui-même de sa bonne volonté ! 

C'est aussi une façon de fuir ce qui a tendance à nous faire peur… Les peurs inconscientes qui sont à l’origine de notre tendance à la procrastination sont légion ! Parmi les plus fréquentes figurent la peur de l’échec, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur du jugement des autres, la peur du changement, mais aussi la peur de la réussite. Ces peurs remplissent essentiellement deux fonctions : protéger l’estime de soi et nous maintenir dans notre zone de confort (et donc de nous protéger d’un risque potentiel). Lorsque l'on fait l'état des lieux de sa tendance à la procrastination, j’invite les lectrices à explorer les bénéfices cachés de leur inaction : quels sont les avantages dont vous bénéficiez aujourd’hui et que vous pouvez risquer de perdre en passant à l’action ?

Quelle est la place de la motivation dans notre capacité à passer à l'action ?
Elle est essentielle, bien sûr. C’est le moteur qui nous fait avancer et la clé qui nous permet de passer à l’action et d’aller au bout de nos projets. Je pose d’ailleurs très souvent la question à mes stagiaires ou à mes coachés : « Jusqu’à quel point en avez-vous vraiment envie ? », et je les invite à sonder la qualité de leur intention, liée de fait à leur degré de motivation, et à troquer si nécessaire leur « intention molle » contre une « intention ferme ». 

Je m'explique : pour nous donner bonne conscience, nous prenons une décision mais nous la prenons sans la moindre conviction. C’est ce que j’appelle une « intention molle ». Notre décision n’est pas ferme, car nous le savons, nous n’avons pas vraiment l’intention de passer à l’action…

La différence entre une intention « molle » et une intention ferme tient dans l’intensité de notre résolution : si vous êtes animée d’une intention ferme, vous êtes vraiment déterminée à accomplir cette tâche.  Vous êtes fermement résolue.

Procrastine-t-on autant au travail et à la maison ?
C’est très variable d’une personne à l’autre et il n’existe pas de chiffres aussi détaillés sur la question. Certains d’entre nous ne procrastinent que dans la sphère personnelle, d’autres uniquement au travail. Je connais dans le cadre de mon activité des personnes particulièrement efficaces au travail qui se trouvent complètement dépassées dans leur vie personnelle ou familiale, et vice-versa. 

Y a-t-il des conseils que vous pourriez délivrer sans attendre à nos lectrices sujettes à la procrastination ?
Il faut tout d'abord se livrer à un état des lieux sans concession pour identifier dans un premier temps tout ce que vous avez tendance à reporter, et ce dans toutes les sphères de leur vie, sans discrimination : vie professionnelle, études, santé, administratif, vie sociale, entretien de la maison, etc. Puis allez regarder d’un peu plus près pourquoi, finalement, vous les reportez. Est-ce lié à votre peur d’échouer, à un manque de clarté dans la façon d’exécuter cette tâche ? Est-ce une partie de cette tâche qui vous rebute en particulier ? Etc. Le but de cet état des lieux est de remonter le plus possible à la source et d’identifier avec une précision chirurgicale tous les freins et blocages qui vous empêchent de vous y mettre. Un état des lieux qui vous permettra, dans un second temps, car les causes d’une tendance à la procrastination peuvent être nombreuses, de cibles les meilleures stratégies pour passer de l’inertie à l’action !

Le deuxième conseil que je donnerais à vos lectrices est de réapprendre à se faire confiance. Car procrastiner souvent n’est pas sans conséquence sur l’estime de soi et la confiance. 

Le programme que je propose dans mon livre (J'arrête de procrastiner - NDLR) est une démarche progressive qui s’appuie avant tout sur la capacité de chacun à progresser pas à pas avec confiance et sérénité et à se réconcilier avec soi-même : être plus indulgente et surtout beaucoup plus bienveillante avec soi-même me semble être un excellent préalable à toute réussite ou changement durable.

Il s’agit surtout de s’autoriser de nouveau à croire que votre objectif, quel qu’il soit, est véritablement à votre portée, à condition que vous respectiez votre rythme, que vous donniez le temps de réussir et que vous soyez guidée par une détermination à la fois ferme et sereine.

Diane Ballonad Rolland est l'auteur de J'arrête de procrastiner ! paru aux éditions Eyrolles. Retrouvez ses chroniques sur FemininBio et sur son blog, Zen-et-organisee.com

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