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Portrait de Jérôme Henry, ce passioné d'économie humaine

Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Il est fâché, Jérôme Henry, lorsqu’on l’interroge sur la situation actuelle : « Aujourd'hui, c’est comme s’il y avait beaucoup de monde dans le wagon-restaurant et personne pour conduire le train ».

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Car ce créateur de produits d’épargne solidaire au Crédit Coopératif aime les métaphores, et il en a plus d’une dans sa poche. Un passage par la fac de médecine lui a laissé quelques images et mots du jargon, tandis que la mer lui offre un répertoire infini pour illustrer ses propos.

Ainsi, « l’économie aujourd'hui, c’est comme un voilier qui filait sur la mer et dont la voile se met tout d’un coup à faseiller. On ne sait pas d’où vient le vent et donc comment va repartir le bateau. Soit l’esprit qui a dominé l’économie jusqu’à aujourd'hui reprend le dessus et la voile se regonfle dans le même sens, soit un changement se produit et l’on vire de bord ». Ce changement, c’est l’économie humaine. « Je l’appelle économie humaine par opposition à l’économie actuelle, qui est tellement inhumaine ».

Quelle est la place de l’homme, comment vit-on, à quoi ça sert de travailler, le Code du Travail ne doit-il être qu’une course effrénée vers la retraite ? Sur toutes ces questions et bien d’autres encore, Jérôme Henry apporte son point de vue, fruit de 22 ans de carrière, d’autant d’années riches de rencontres diverses et d’analyses sur le vif. Ainsi, même la ballade du dimanche pour aller acheter le pain est l’occasion de réfléchir : « depuis la crise, je n’ai jamais vu autant de bicyclettes devant la boulangerie ». Comme quoi, les gens sont prêts pour le changement.

« Il faut laisser faire naturellement les capacités de mutation ». Rien qu’en dix de carrière dans le domaine de l’épargne solidaire, Jérôme Henry a constaté une évolution profonde des comportements des clients du Crédit Coopératif. D’une épargne masculine tournée vers les ONG internationales, on est passé à une épargne beaucoup plus féminine et tournée vers le locale, peut-on résumer. « D’une société patriarcale, nous sommes passés à une société matriarcale. » Et c’est tant mieux, car « la femme est moins tournée vers l’avoir et plus vers l’être ».

On arrive ainsi naturellement à parler de l’économie humaine, plus préoccupée par l’état de la société et de l’environnement que par la recherche absolue du profit. Pour Jérôme Henry, l’économie humaine est une économie basée sur trois piliers : c’est une économie qui se tourne dynamiquement vers le local, s’organisant sur le bon sens, en donnant priorité à l’Homme et la nature et se doutant des outils pour mieux comprendre et connaître. Si elle est aujourd'hui considérée comme « une économie de réparation de l’économie actuelle », elle a vocation à la remplacer.

Car s’il est conscient des problèmes actuels, « on va passer par des années difficiles », souligne-t-il, Jérôme Henry n’en reste pas moins terriblement optimiste. Ce qui compte, c’est le local, où « il faut laisser vivre l’ensemble des possibilités, même si elles n’ont pas toujours d’écho. L’économie humaine n’est pas une économie de la frime, c’est une économie cellulaire et morale », c'est-à-dire qui existe grâce aux relations directes entre les gens et à la confiance mutuelle qu’ils s’accordent. « L’économie humaine peut être l’économie sociale moderne ».

Claire Sejournet

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