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Non au requin dans mes cosmétiques !

femme cosmétiques
Qu'y a-t-il dans nos cosmétiques ?
Anne-Marie Gabelica
Anne-Marie Gabelica
Mis à jour le 25 février 2021
Anne-Marie décrypte un petit mot que l'on peut trouver sur la liste INCI de produits cosmétiques conventionnels : "squalane". Du requin sur ma peau ? Non merci !

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En cosmétique, il existe beaucoup d'ingrédients d'origine animale encore présents dans les formules. Récemment une étude a mis en avant  le squalène et son dérivé le squalane. A quoi servent ces ingrédients dans nos cosmétiques ? Ils ont tout simplement un rôle hydratant et permettent aux produits d'avoir un touché plus doux.

Qu'est-ce que le squalane ?
Le squalane est obtenu par une transformation chimique (hydrogénation) du squalène, un corps gras contenu dans le foie des animaux marins et plus particulièrement celui du requin. Selon une étude de l'association Bloom (association militant pour la conservation marine), l'industrie cosmétique en est le plus gros utilisateur avec pas moins de 90 % de la production devant celles des compléments alimentaires et pharmaceutiques. 

Cette étude a notamment étayé le fait que le squalane de requin est encore trop présent dans nos cosmétiques conventionnels. En effet, Bloom a recensé qu'en Europe, sur 32 marques testées, 3 contenaient du squalane de requins tandis qu'en Asie, il est présent dans 50 % des formulations ! Ces résultats sont inquiétants et notamment par rapport au devenir de nos ressources marines.

Quel avenir pour nos ressources marines ?
L'un des problèmes que pose la présence de cette substance dans nos cosmétiques est le fait de devoir tuer l'animal afin d'en extraire le squalène. Toujours selon Bloom, environ 3 millions de requins sont tués chaque année pour une production de 1000 à 2000 tonnes de squalane, rien que ça ! S'en suit un phénomène nommé le "livering" qui consiste à prélever le foie de l'animal et d'en rejeter les carcasses à la mer telles qu'elles.

Cette pratique menace grandement les requins, tant et si bien que plusieurs espèces ont été inscrites sur la liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Figurer sur la liste rouge qu'édite cette organisation environnementale indique un fort risque d'extinction et démontre clairement, qu'à cause du squalane des cosmétiques, les requins sont sur le point de disparaître. Pour certaines espèces, jusqu'à 95 % de la population va être décimée afin de contenter ce juteux marché. D'après Claire Nouvian, directrice de Bloom, "en supprimant ces grands prédateurs, c'est toute la chaîne alimentaire marine que l'on déséquilibre".

Quels impacts du squalane sur la santé ?
Au-delà de poser problème pour la conservation des espèces de requins, la présence de squalane a des impacts négatifs sur la santé. En effet, le squalène hépatique contient de forts taux de toxines et de métaux lourds ayant des effets mutagènes proportionnellement à la dose consommée. La première étude a été réalisée en 1959 par Kröning et a montré qu'en badigeonnant régulièrement des souris de squalane de requins, celles-ci étaient par la suite atteintes de leucémie.

De plus, l'hydrogénation du squalène en squalane provoque la synthèse d'acides gras trans qui, rappelons-le, sont impliqués dans la survenue de cancers lorsqu'il sont très présents dans l'alimentation. Par ailleurs, les huiles hydrogénées alimentaires sont également responsables, d'après une étude menée à Harvard, d'inflammation de l'organisme. On voit donc que l'ingestion d'ingrédients hydrogénés est nocive alors, ne serait-il pas prudent de ne pas en appliquer directement sur la peau ?

Le squalane végétal, la solution ?
Depuis 1990, le squalane de requin est remplacé petit à petit par du squalane d'origine végétale présent dans l'olive, la canne à sucre, le son de riz et d'autres fruits et plantes. Cette substance d'origine végétale est exactement la même molécule que le squalane de requin. Le squalène végétal peut-il être une alternative immédiatement disponible ?

Malheureusement ce n'est pas si sûr car son prix est 30 % plus élevé que le squalane de requin. Or les industriels sont peu enclins à rogner sur leurs marges même si celles-ci sont très importantes, d'où la subsistance du squalane d'origine animale dans les cosmétiques actuels.

Par ailleurs, on peut aussi se demander si le squalane végétal est aussi pleinement écologique et éthique ? Pas forcément, si tout le squalane végétal utilisé par l'industrie cosmétique provient d'une seule et unique source, comme le sucre de canne produit en Amazonie, cela pourra être responsable de déforestation importante dans cette zone, tout comme les ingrédients dérivés de l'huile de palme sont responsables d'une déforestation massive en Asie du Sud-Est. Pas simple, donc...

Comment être sûr que nos cosmétiques ne contiennent de squalane ?
Dans le souci de ne pas causer l'extinction des requins, vous pouvez choisir des produits avec le label Cosmébio qui garantit que le squalane de la formule est d'origine végétale. En effet, ce label interdit les ingrédients d'origine animale qui sont "constitutifs" de l'animal c'est-à-dire qui nécessitent la mort de celui-ci pour être extraits. Pour les produits non labellisés, Claire Nouvian a émis l'idée d'indiquer sur la liste des ingrédients si le squalane avait une origine végétale ou animale.

Néanmoins, pour les raisons évoquées plus haut quant aux impacts sur la santé du squalane, je recommande d'éviter d'utiliser des produits contenant du squalane. Vous pouvez en revanche utiliser en toute tranquilité des produits à base de squalène, qui lui est non hydrogéné, à condition qu'il ne soit pas issu de foie de requin, tant en raison des toxines qu'il pourrait contenir que du point de vue éthique.

Les sources de l'article : 
L'enquête de l'association Bloom
L'étude de Sharkcitizen
L'alerte de l'IUCN

 

L'experte : Anne-Marie Gabelica  est ingénieure agronome diplômée en biochimie. Elle a créé oOlution, la 1ère de gamme de soins visage sur-mesure, à base de plus de 65 actifs 100 % bio, certifiée vegan, sans dérivés d'huile de palme et éco-conçue.

>> Pour une lecture optimisée, retrouvez cet article dans votre magazine iPad de mai 2015

 

 

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