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Devenir père : entre révélation et construction auprès des enfants

père enfant fille
Devenir père, chacun à sa façon, chacun à son rythme
© Caleb Jones / Unsplash
Emilie Cuisinier
Emilie Cuisinier
Mis à jour le 25 février 2021
Alors que les femmes vivent 9 mois de sensations physiques et psychiques pour se préparer à devenir mères, la plupart des hommes ont le sentiment d’être projetés dans le monde de la paternité le jour de la naissance de leur premier enfant… voire bien plus tard. Témoignages.

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Cet article a été publié dans le magazine Fémininbio #17 Juin-Juillet 2018

"Je suis devenu père trois semaines avant la naissance de ma fille, à un feu rouge… Je sortais d’une boutique de puériculture où j’avais acheté le siège-auto de notre futur bébé. J’ai jeté un coup d’œil dans le rétroviseur et je l’ai vu, sur la banquette arrière… Ma gorge s’est nouée, les larmes me sont montées aux yeux et un sentiment de panique mêlé d’un bonheur immense m’a envahi… À cet instant précis je crois, mon corps et mon âme ont pris conscience que j’allais devenir le père, le protecteur d’un être humain. Si le feu n’était pas passé au vert, je pense que je me serais effondré en larmes. Je n’oublierai jamais ce moment." Bertrand, 38 ans est désormais papa de trois jeunes enfants et note que l’apprentissage de la paternité en elle-même s’est ensuite fait "au jour le jour".

À chacun son rythme

Un sentiment partagé par Simon, devenu la veille de son quarantième anniversaire papa de Jean, qui a aujourd’hui 1 an : "J’ai la sensation de devenir un peu plus papa chaque jour… Bien sûr, pendant la grossesse, j’ai noté les changements physiques (et de comportement aussi) de ma compagne. Je sentais bien qu’il se tramait quelque chose de grand qui allait bouleverser notre vie, mais sans en appréhender l’ampleur. Le jour de la naissance fut une énorme claque. Notre bébé était là, c’était parti pour les couches-culottes."

Mais c’est donc plus tard que "l’ex-célibataire endurci" est devenu "père de famille assumé et accompli" : "Après la prise de conscience est arrivée la prise de rôle en tant que père. D’abord parce qu’il faut prendre des décisions importantes presque chaque jour. Et surtout parce qu’il faut trouver le ton et l’attitude à adopter face à tel ou tel comportement. J’ai vraiment le sentiment que cette construction est quotidienne… et qu’elle va se poursuivre encore quelques temps", partage en souriant le jeune quadra. S’il est épanoui aujourd’hui dans "ce job à temps plein", il avoue que l’équilibre n’a pas toujours été simple à trouver et qu’il a fallu "apprendre à garder du temps pour lui et pour son couple".

Chacun cherche sa place

"Revoir ses priorités tout en conservant du temps pour soi et pour sa partenaire" a aussi été l’un des enjeux majeurs des premiers mois de paternité d’Alexandre, heureux papa moderne de deux fillettes. "C’est un challenge au début car on peut se sentir coupable de ‘délaisser’ son bébé pendant quelques heures. Mais c’est à mon sens l’une des conditions sine qua non pour que les nuits sans sommeil ne soient pas vécues comme une souffrance, comme une astreinte contraignante."

Si pour ce travailleur indépendant qui s’occupe beaucoup de ses filles et "de la vie du foyer" devenir père et (re)trouver sa place aux côtés d’une compagne devenue maman a été simple et fluide, cette osmose n’a rien d’automatique.
Et le bouleversement peut même se révéler désarmant lorsque l’on a l’impression de se retrouver hors-jeu ou en décalage : "Notre premier enfant, Maëlys, a été une vraie surprise. Nous avions 22 ans, étions étudiants et n’avions pas vraiment prévu de devenir parents si jeunes, nous confie Hugo, 27 ans. Si pour ma compagne garder cet enfant a été une évidence, j’étais bien plus réticent. Bien sûr, j’ai aimé ma fille dans l’instant qui a suivi sa naissance. Mais je n’ai vraiment eu le sentiment de devenir père que lorsqu’elle a eu 1 an environ. Lorsque nous avons vraiment commencé à communiquer, à échanger, à jouer… Avant cela, je pense m’être mis en retrait, me confortant dans l’idée que mon enfant avait avant tout besoin de sa mère."
Une posture pourtant ressentie comme subie par ce jeune homme qui se désigne volontiers comme un papa "plus cool que poule" : "Je me sentais un peu inutile et cette période a été assez angoissante. La lecture m’a beaucoup aidé, notamment Devenir Père[1] que j’aurais sans doute dû lire pendant la grossesse de ma compagne pour gagner du temps."

A-t-il le sentiment d’être passé à côté de moments précieux ?
"Sans aucun doute ! Mais je me suis rattrapé depuis la naissance de notre fils l’année dernière. J’ai beaucoup veillé sur lui dès ses premières heures. Je suis la preuve vivante que si l’on ne naît pas père, on peut le devenir pleinement et s’épanouir dans ce rôle totalement fou !"

Et en le devenant, on doit parfois trouver une nouvelle place face au reste du monde et face à ses proches : "Au lycée, mes copains m’ont toujours dit que je serai le premier à devenir papa. Ma relation avec mon propre père a toujours été compliquée… Je pensais que devenir père moi-même nous permettrait d’adoucir nos rapports. Il ne me verrait plus comme son fils mais comme le père de son petit-fils", nous confie Guilhem, 42 ans.
Aujourd’hui, seule certitude pour ce jeune papa hyper investi : l’arrivée de son fils a tout changé. "Je ne sais pas si je suis devenu quelqu’un d’autre, quelqu’un de mieux, mais une chose est sûre : mon fils est ma priorité absolue. J’ai toujours été très sûr de moi, imbu de moi-même. Aujourd’hui, je me moque totalement de l’image que je renvoie."

Et les beaux-pères ?

Si la paternité se vit le plus souvent dans les tripes, elle peut aussi s’imposer de fait… et sans passer par la case "grossesse et salle d’accouchement".

C’est le cas de nombreux célibataires qui, à la faveur d’une belle rencontre, deviennent les beaux-pères d’enfants parfois très jeunes, souvent plus grands. Il faut alors "apprendre vite, très vite", s’amuse Henri, 44 ans, "beau-père de deux très beaux enfants" depuis trois ans. "Même si l’on partage leur quotidien et que nous avons donc un rôle d’éducateur, on n’est pas là pour prendre la place du père. Il faut savoir faire preuve de tact, de discernement… et d’abnégation."
Conditionnés, depuis notre plus jeune âge à devenir des parents biologiques, "nous sommes au début comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Un intrus qui doit définir sa place, se repositionner au besoin. Et s’armer de patience pour apprendre son rôle, au jour le jour. Mais je ne pense pas qu’être un père biologique s’apprenne en un claquement de doigt non plus… À mon sens, devenir père, c’est apprendre à explorer ses ressources et ses aspirations pour les transmettre à un être en construction. Ce que nous sommes toujours nous-mêmes d’ailleurs…"

[1] René Frydman et Christine Schilte, éditions Hachette Pratique, 2013.

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