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Comment trouver sa place dans une famille recomposée en tant que belle mère ?

Bethany Beck / unsplash
Louise Guyonnet
Par Louise Guyonnet
Mis à jour le 03 octobre 2022

Dans la culture populaire comme dans l’imaginaire collectif, la belle-mère est rarement mise en valeur. Récemment, elle revient à la mode, revisitée et requestionnée dans le film Les enfants des autres, par Rebecca Zlotowski. Rachel (Virginie Efira) tombe amoureuse d'Ali (Roschdy Zem) et s'attache à son enfant, Leïla. Le film porte un regard neuf sur cette place discréditée dans la société, et interroge sur la manière dont une femme peut trouver sa place au sein d’une harmonie familiale préétablie. Naïri Boudet, thérapeute spécialisée en sexologie et thérapie de couple, nous éclaire sur le sujet.


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Tout juste en train de sortir d'un modèle archaïque préétabli par la société, la figure de la mauvaise belle-mère est remis en question aujourd'hui selon Naïri Boudet.

Le sujet de la belle-mère réintroduit par les discours féministes

Pour la thérapeute, ce requestionnement est en continuité avec les nouveaux discours féministes, introduits notamment par le mouvement MeToo. Ceux-ci contribuent à dédiaboliser des postulats considérés comme tabou il y a peu, comme le fait de ne pas vouloir ou de ne pas pouvoir enfanter. “De plus en plus de femmes prennent la parole pour exprimer leur non désir d’enfant, ou le fait qu’elles n’arrivent pas à en concevoir," remarque Naïri Boudet. Ces discours réfutent également l'idée qu'une femme ne puisse trouver son épanouissement que dans la maternité. Une modernisation générale de l'idée de la femme, de la mère et par extension, de la belle-mère. Cela contribue à déconstruire l'image de la marâtre malveillante, car les codes familiaux sont repensés.

Pour Fiona Schmidt, autrice de l'ouvrage Comment ne pas devenir une marâtre – Guide féministe de la famille recomposée (publié en 2021, aux éditions Hachette pratique), cette mauvaise réputation des belles-mères viendrait de l'idée d'une rivalité entre femmes. Cela renvoie également la femme à ses propres échecs aux yeux de la société: ne pas avoir enfanté et mettre à mal le modèle de couple classique et de la famille nucléaire.

"La belle-mère doit montrer qu'elle est là, qu'elle a raison d'être là"

La première préoccupation d’une femme qui s’immisce au sein d’une famille nucléaire est, selon Naïri Boudet, celle de la légitimité, de sa reconnaissance auprès des autres membres de la famille. “Dans mon cabinet, je remarque qu’elles veulent être annoncées, présentées comme compagne officielle vis-à-vis des enfants." Jalouse dans Cendrillon, maléfique dans Blanche-neige et Raiponce... Dès le plus jeune âge, les enfants se construisent un regard négatif d'une femme malveillante à l'égard des enfants du conjoint. Une situation complexe, que la belle-mère peut contrer avec bienveillance et écoute. “Ce qu’elle peut faire c’est montrer qu’elle respecte la situation... tout en s'affirmant et en montrant qu'elle est là, qu'elle a raison d'être là.

Naïri Boudet revient sur un cas en particulier d’une femme qui propose à ses belles-filles de faire du vide dressing, pour ensuite partir en vacances avec les sous amassés. “Je trouve que c’est une belle manière de montrer qu’elle se sent concernée par ce qu’ils vivent et en même temps de montrer sa propre manière de vivre. Elle laisse place au compromis."

Attention, discussion, communication : les secrets d'une insertion en douceur

Même si la situation est complexe et délicate, elle peut souvent s'avérer constructive. Pour cela, la communication reste la clé d'une bonne entente familiale, insiste la spécialiste. “Il faut valoriser le discours de l’enfant, de la femme. Verbaliser ses craintes, ses désirs, le projet familial de chaque membre de la famille." Une première astuce pour faciliter l'insertion de la femme au sein de la synergie familiale. “Il faut également passer du temps ensemble, pour créer une histoire collective. Pas besoin de partir en vacances ; les temps du repas suffisent, si tout le monde se sent concerné” explique Naïri Boudet.

Les enfants doivent aussi, de leur côté, adopter un rôle actif pour que la belle-mère sente que sa présence est désirée. "Il faut encourager les enfants à avoir une vision renouvelée du couple initial, pour que l’acceptation s’opère en douceur." Dans une famille, les attentes sont souvent nombreuses et contradictoires. Il faut réussir à calmer ses doutes, gérer ses frustrations et ne pas se laisser dépasser par une charge mentale de plus en plus lourde. Pour ce faire, la place du conjoint est fondamentale: le père biologique doit veiller à l'équilibre familial, déconstruire les préjugés, rassurer...

Être une belle-mère, c'est donc rentrer dans une configuration familiale qui n'est pas celle immédiatement valorisée et comprise par la société, à savoir des enfants issus d'un couple de parents biologiques. Une situation qui peut mener, pour diverses raisons, à des conflits, des malentendus, des incompréhensions... La sexologue reconnaît la complexité de l'insertion d'une équation inconnue, la belle-mère, au sein de la famille nucléaire (parent(s)/ enfants.) "Oui c'est une situation difficile. Les relations que je vois au cabinet sont plutôt conflictuelles. Mais elles peuvent aussi donner naissance à de très jolies choses !"

L'experte

Naïri Boudet est sexothérapeute et thérapeute de couple.
Son site : nbsexotherapie.com

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