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Alain-Dominique Perrin, un patron du luxe qui se lance dans le camping écolo-bobo

Mis à jour le 25 février 2021
Alain-Dominique Perrin vient de recevoir la très convoitée distinction l’ADAC Award pour récompenser l’originalité et la qualité de son concept de campings qui marie à merveille luxe et respect de la nature.

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Rencontre avec Alain Dominique Perrin, un patron de luxe qui se lance dans le camping écolo pour bob

Alain-Dominique Perrin est un entrepreneur passionné, mécène et touche à tout. Ex-PDG de Cartier, il est aussi propriétaire du Château Lagrézette, un cru d’exception. Il a aussi racheté son école, l’Ecole des Cadres et lancé la première école de marketing de luxe (ISML). Une autre passion : la voile, qu’il tient de son île natale Noirmoutier. Depuis quelques années il s’adonne à une nouvelle passion puisqu’il a lancé un des premiers campings écolo en France. Cette première expérience lui a donné des ailes, 5 autres projets sont déjà en préparation. Rencontre sur place, à Noirmoutier, au Domaine des Moulins, avec un écolo repentit qui vénère la nature et le bois. Propos recueillis par Anne Ghesquière.

Comment un emblématique patron du luxe se retrouve à la tête de plusieurs campings écolos ?
Cela s’est fait par hasard. J’ai une résidence pas très loin du camping qui existe depuis 1968, je le voyais depuis ma maison et il n’était vraiment pas beau ce camping ! Donc, je demandais souvent à ma mère de faire les démarches nécessaires auprès du maire pour arrêter cette invasion de campeurs près de la maison car c’était sauvage et je voyais la dune se dégrader. Tout au long de sa vie ma mère m’a interdit de faire quoi que se soit et de laisser les campeurs en paix. Un jour, je lui ai dit « tu sais en fait peut-être qu’un jour, je le reprendrai ce camping » ; ça la faisait beaucoup rire !

C’était prémonitoire…
Oui, après sa disparition, la concession du camping est arrivée à terme et le maire souhaitait que je présente un projet pour reprendre la suite (les reprises de concession se font par concours). J’ai refusé son offre car ce n’était pas mon métier. Il a beaucoup insisté en m’expliquant que ce camping avait toujours été mal tenu et que j’étais le mieux placé, en étant voisin, pour reprendre cette exploitation. De plus j’étais un des seuls qui se souvienne comment était la dune à l’origine. Finalement, le maire a réussi à me convaincre et j’ai accepté. J’ai présenté un dossier de camping très haut de gamme et écologique et j’ai remporté l’appel d’offres.

Détaillez-nous ce projet de camping écolo qui vient de remporter sa 5ème étoile ?
Mon projet est finalement très simple : refaire la dune en donnant la priorité aux arbres et aux plantes, retirer les mobiles homes car selon moi, c’est le contraire du camping : c’est déplacer des gens de banlieue pour les installer dans une autre banlieue. Nous avons installé des tentes en toiles et en bois sur la majorité du territoire en conservant des emplacements nus pour les campeurs qui viennent avec leurs tentes.

Comment cela s’est-il déroulé ?
C’était il y a 4 ans et, étonnement, ce type de camping n’existait pas. Il y avait, bien sur, des tentes des « lodges » en Afrique ou au Canada, bien connus, mais il n’y avait pas ce principe de camping en France organisé autour d’un thème « toile et bois » qui me paraît assez naturel, très proche de l’origine du camping. D’où notre concept « Original Camping ». 
La première année, on a installé 30 tentes version « tipi indien », c’est d’ailleurs ce qui a lancé le concept et nous a rendu célèbre car les enfants ont adorés ! Dès que l’on parle de tipi à un enfant, il y va ventre à terre ! Et puis ça a tellement marché qu’on a développé le concept. On doit avoir à peu près 130 ou 140 tentes à louer et on va monter à 170. Les prix s’étalent, pour une semaine, de 229 € pour un ecolodge standard jusqu’à 1 400 € pour un double tipi pour 6 à 8 personnes en pleine saison. Voir le détail.


Quel est le profil de ces « campeurs écolo » ?
C’est très intéressant, lorsque nous avons mené  une étude en été il y a un an : 64 % des gens n’avaient jamais campés de leur vie. C’est quand même énorme ! La clientèle, c’est globalement des bobos (comme vous) avec jeunes enfants : journalistes, médecins, notaires, avocats. Ils ont entre 28 et 45 ans.

Quels services offrez-vous ?
On a mis en place une quantité de services que les gens adorent : activités pour les enfants, concours, piscine, restaurants, home cinéma, un vrai espace santé, beauté, bien être, jacuzzi SPA, hammam, esthétique, massage. Il y a quasiment presque tout les soirs un prestidigitateur, des chanteurs, un groupe de rock. Il y a même des filles cette année qui font de la psychologie de groupe.

Quelle est votre plus grande satisfaction ?
D’avoir  enlevé tout ce qui était "plastique moche", d’avoir planté 4 000 arbres avec l’ONF et reconstitué la dune. J’ai viré tous les mobil-homes car je trouve cela horrible, ils sont posés sur du béton qui abiment les sols. Mes tentes sont surélevées sur des piliers en bois, on a fait un gros travail avec l’ONF. Là le sol respire, tout va bien. Il faut savoir qu’une tente, d’un confort comparable au mobil-home est quand même beaucoup plus élégant, plus joli, plus douillet et ça coûte le même prix ! Donc ce n’est pas vrai que c’est un truc de luxe, plus cher et pour les gens plus riches. C’est le concept qui est différent.

Le bois des tipis et cabanes est-il issu de forêts gérées durablement ?
Oui. Moi j’ai délégué ce problème là, il y a une société dans la région très connue qui s’appelle Samibois, qui est Vendéenne et c’est elle qui a géré tout ce qui est bois, chalets, terrasses et autres. C’est en pin. Mais moi je me méfie de ces choses là, je suis très méfiant sur le bio et les labels. J’ai eu aussi au d’énormes problèmes avec mes panneaux solaires, la filière manque encore cruellement de structure…

Quels sont vos autres projets de camping sous cette bannière « Original Camping » ?
Original camping c’est la marque. J’ai un deuxième camping dans le même genre à 3km d’ici qui s’appelle le Camping du Midi  sur la commune de Barbâtre, un autre camping ouvrira à Leucate en mai 2012, là où sont les championnats du monde char à voile et de Kite surf. Je suis en train de préparer deux autres concepts  du côté de Cahors. Chaque lieu est décliné autour d’un thème :  le bien être, la voile, la glisse, le cheval, la randonnée…

Quelle est votre vision du bio ?
Je consomme bio souvent mais je suis quand même très méfiant. Je suis aussi viticulteur, j’ai un vignoble, et j’ai étudié le bio de très prêt et j’ai finalement refusé de le faire. Car j’ai constaté que dans le vin biologique c’est juste de la grosse arnaque. Donc c’est beaucoup de blabla pour pas grand-chose. Il y a des gens qui ne respectent rien, c’est mal contrôlé. On s’arrange comme on peut quand on peut. Car quand une année est mauvaise, on met un peu de vin de l’année d’avant ou du vin acheté chez le voisin. Donc ce n’est pas très bio… Le bio, bio, bio, je vous le dit je vous le répète je ne suis pas un obsédé du truc. Ce que je veux c'est être dans le propre, dans le naturel.

Vous pensez que c’est la même chose dans le vin que dans l’agriculture bio en général ?
Je le pense sincèrement. On est dans des domaines ou la nature reste le maitre et là où la nature reste le maître, vous ne contrôlez pas tout. Par exemple, vous avez des bonnes et des mauvaises saisons, quand sur une agriculture bio il y a une pluie ravageuse qui descend et qui trimbale une quantité de cochonneries d’un champ pas bio, je suis désolé mais expliquez-moi comment vous faites ? Donc je suis pour le bio car c’est un développement sain et c’est du bon sens, je ne vais pas lutter contre ça. Je dis simplement, qu’il ne faut pas charrier non plus.
 
Quel écolo êtes-vous au quotidien ?
Je suis écolo depuis très longtemps, j’ai toujours été "très arbre, bois, nature". Et c’est par goût, pas par conviction. J’aime le bois, j’aime le contact et la vision du bois, j’ai horreur de la vision et du contact du plastique sauf à la rigueur dans les meubles des années 50 où il y a un vrai design mais je ne suis pas un ayatollah du green et je ne le serai jamais. Je viens de restaurer une maison dans le midi, tout est solaire par exemple, donc j'ai le réflexe de le faire à chaque fois que je peux mais je ne vais pas dans l'extrême. Je mange bio quand je peux, sinon ce n’est pas grave, ce qui m'arrive plus souvent qu'on ne le croit. Je ne suis pas un écolo militant, absolument pas. En fait je me sens écolo depuis que je suis né, j'ai 68 ans, j'ai toujours été très branché dans le respect de la nature, j'ai un geste qui n'est pas de ma génération par exemple, je ne jette jamais rien, jamais, jamais.. ma génération qui fait du bateau, jetait tout par dessus bord, c'était effrayant, j'ai commencé très tôt à arrêter de jeter à la mer…

Dernier point, vous qui êtes hédoniste quelle est votre vision sur l'alliance du luxe et du DD…
Il n’y a pas de contradiction. Le Développement Durable, il faut quand même le dire (et vous le dites pas assez les enfants !), c'est cher ! Le DD ce sont des choix qui sont souvent entre 10 et 30 % plus cher que le conventionnel. Prenez le solaire, par exemple, ou les éoliennes. Dans ces secteurs, c’est une grosse arnaque car comme c'est l'avenir, c'est beaucoup plus cher et cela engraisse une quantité d'industriel dans des proportions anormales. Et là je sais que quoi je parle. Je viens quand même d'une industrie qui a toujours sur-margée, mais dans le luxe la sur-marge est naturelle puisque c'est votre choix, vous payez la marque. Dans l'éolienne et dans le solaire, ce n’est pas le même boulot.
D'ailleurs, je pense que nous allons aller vers une règlementation Européenne de contrôle des prix dans tout ce qui est Développement Durable car la chaine n’est pas encore structurée. 

Plus de campings green en France

Anne Ghesquière

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