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Qu'est-ce que l'inconscient ?

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Saverio Tomasella
Par Saverio Tomasella
Publié le 17 janvier 2023

Concept phare en psychologie et psychanalyse, l'inconscient serait une force présente en chacun de nous, qui renvoie à ce qui échappe à notre conscience, mais qui se manifeste néanmoins sous diverses formes. Comment nous influence-t-il ? Peut-on y avoir accès ? Les réponses du psychanalyste Saverio Tomasella.


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Qu’est-ce que l’inconscient ?

Si nous sommes attentifs, nous constatons que nous ne passons pas une seule journée sans être surpris par un souvenir, une pensée, une émotion, une intuition, une impression, qui arrivent à l’improviste et possèdent la force étrange de nous décontenancer, de nous inciter à nous interroger.

De même, le plus souvent, le sens profond de nos véritables motivations nous est inconnu. Cela nous amène à reconnaître l’existence d’un « non-conscient », qui nous influence à notre insu et nous détermine malgré nous.

Le mot inconscient désigne ce qui n’est pas conscient, ce qui échappe à la conscience. D’une certaine façon, il peut être défini comme l’ensemble des surprises, des étonnements et des perturbations de l’activité consciente, tous ces petits événements qui échappent à la prévision, au contrôle et à la volonté.

D’une part, l’inconscient est étroitement lié à notre mémoire profonde, qui recèle des souvenirs oubliés, restant disponibles au fond de nous. D’autre part, l’inconscient est le produit de ce qui a été rejeté de la conscience, à la suite d’un conflit intérieur entre nos aspirations et certaines idées morales qui s’y opposent, ou encore parce que l’expérience était trop désagréable ou douloureuse.

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Par opposition, comment définir le conscient ?

Par opposition, le conscient est, selon, Sigmund Freud, « ce dont il est possible de se rendre compte clairement[1] ». Il est directement lié à notre attention : plus je suis attentif, plus je suis conscient. Notre conscience se développe avec notre capacité de discernement, c’est-à-dire notre lucidité et notre clairvoyance. Pour autant, d’après de nombreux chercheurs, ce dont nous sommes conscients ne représenterait qu’environ 5 % de notre vie psychique ! Les 95 % restants concerneraient l’immense continent inconnu de notre inconscient…

Comment avoir accès à l’inconscient ?

L’accès à ce continent s’effectue par des biais très divers, par exemple, grâce aux activités artistiques qui font la part belle à l’improvisation : théâtre, musique, danse, dessin, peinture, sculpture, modelage, etc. La personne qui improvise se laisse inspirer par ce qui survient en elle au moment même où elle crée, acceptant ce « non-encore-connu » qui émerge d’elle. D’autres pratiques sont également favorables aux émergences de fragments d’inconscient : la sophrologie, l’hypnose, la visualisation, le rêve éveillé, la méditation, la transe chamanique, le voyage au tambour, etc. autant que la marche dans la nature ou le jardinage.

L’inconscient est-il notre ami ou notre ennemi ?

« Je est un autre » affirmait justement Arthur Rimbaud. Au départ, nous pouvons considérer notre inconscient non comme un adversaire, mais comme un inconnu ou un étrange compagnon de route. La découverte d’un inconscient provoque une rupture dans le regard que nous portons sur nous : nous devenons étrangers à nous-mêmes. Notre intelligence, notre conscience et notre volonté ne nous garantissent pas le contrôle de notre vie intérieure. Bousculé dans nos certitudes, chacun de nous découvre qu’« il n’est pas maître dans sa propre maison[2] », comme l’écrivit Freud en 1917, qui a fait de l’inconscient le concept central de la psychanalyse.

Chemin faisant, nous découvrons que notre inconscient est véritablement un ami, car il est un formidable réservoir d’inspiration pour l’invention sous toutes ses formes, notamment pour la création artistique.

Aussi l’inconscient n’est-il pas à « interpréter », mais seulement à découvrir et à explorer. Il est comme une partition encore inconnue qu’un musicien déchiffre, lit et joue de façon personnelle.

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Inconscient : détecter ses messages

L’inconscient n’est pas qu’un lieu mystérieux et lointain. Il est aussi, et surtout, une force psychique active : il est dynamique. Inaccessible par la volonté et la raison, l’inconscient ne peut s’exprimer directement. Il emprunte donc des voies – des voix – détournées pour se manifester, provoquant en nous un sentiment d’étrangeté…

L’inconscient se manifeste de façon indirecte, par les rêves, le langage, les actions curieusement mises en échec, les maladresses, les oublis, les erreurs, les plaisanteries, les désirs etc. Bien que ces phénomènes semblent incohérents et n’aient apparemment aucune signification, ils sont déterminés par une logique sous-jacente et porteurs d’un sens caché…

S. Freud pose un principe très simple qu’il appelle « règle fondamentale » : le patient est invité à dire tout ce qui le traverse (sensations, émotions, images, idées, souvenirs, etc.), tout ce qu’il ressent et pense, sans se censurer[3]. Le principe est de dire tout, même le plus gênant, le plus incongru ou le plus surprenant. Il s’agit de la libre association ou association libre.

Les phénomènes agissant lors des rêves sont également présents dans la vie éveillée, car l’inconscient se manifeste de façon inopinée par des lapsus, des étourderies et autres actes manqués.

Freud appelle « acte manqué » une action surprenante en décalage avec la décision consciente qui semblait la justifier au premier abord. Cet acte vient révéler une intention inconsciente : apparemment « raté », il est en fait « réussi » pour l’inconscient[4].

Enfin, le langage, l’humour est un moyen détourné pour exprimer des idées refoulées. Le mot d’esprit a une portée d’autant plus forte qu’il expose des significations inconscientes tout en faisant mine de les masquer[5]

Saverio Tomasella, est psychanalyste, auteur de L’inconscient. Qui suis-je sur l’autre scène ? aux éditions Eyrolles.

SOURCES

[1]Selon le dictionnaire Petit Robert.

[2] Freud S., « Une difficulté de la psychanalyse », L’inquiétante étrangeté et autres essais, Gallimard, 1985.

[3] « Sans rien choisir et sans rien omettre de ce qui lui vient à l’esprit, même si cela lui paraît désagréable à Communiquer, ridicule, dénué d’intérêt ou hors de propos », précisent J. Laplanche et J.-B. Pontalis dans leur Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 1998.

[4] Freud S., Psychopathologie de la vie quotidienne (1901), Payot, 1967.

[5] Freud S., Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient (1905), Gallimard, 1988.

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