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Maternité

Les difficultés du post-partum partagé en cercle de femmes : l'expérience salvatrice de Cécile Doherty-Bigara

Mère et bébé
"J’ai peur de ne devenir «que» la mère et quand je prends la parole dans ce cercle, je crains de ne laisser voir que ça de moi"
Kristina Paukshtite
Maternité bienveillante Mère-veille
Cécile Doherty-Bigara
Par Cécile Doherty-Bigara
Mis à jour le 25 février 2021

Elle est auteure, professeure de yoga et méditation, et elle est devenue enceinte puis maman. Dans son ouvrage "Nouvelle mère", Cécile Doherty-Bigara livre un témoignage sincère et bouleversant sur sa difficulté à surmonter le "mythe de la mère épanouie" dans une société aux injonctions culpabilisantes. Extrait.


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Cécile Doherty-Bigara a vécu une grossesse heureuse, et l'atterrissage de l'accouchement et du post-partum n'en fut que plus difficile à surmonter. A travers un livre témoignage, elle prône une autre manière de vivre la maternité, dans laquelle il n'est pas obligatoire d'être forte ni de s'oublier en toutes circonstances. Une belle plume pour des lignes salvatrices empreintes de féminisme et de vulnérabilité. Dans cet extrait choisi par notre rédaction, Cécile évoque son expérience au sein d'un cercle de femmes, dans ses boucles emprisonnantes puis au-delà de la mère.

Le texte qui suit est un extrait de "Nouvelle mère" de Cécile Doherty-Bigara, paru chez Leduc.s en octobre 2020.

Cercle de femmes

Je participe à un cercle de femmes depuis un an.

Ce sont toujours les mêmes femmes qui se réunissent, une fois par mois. On va chez Céline, une amie de mon amie Elsa, qui m’a invitée à rejoindre cette expérience. Christelle dirige le groupe et propose des thématiques de partage. Il y a aussi Béatrice, Marion et Charlotte. On se passe le bâton de parole, on médite, on pose des intentions. Mais surtout on parle.

Voici les quelques règles d’un cercle de parole : je parle toujours en disant «je» et pas «on» ; si le partage de quelqu’un a réveillé quelque chose en moi j’évite de donner des conseils et quand c’est à mon tour de parler je rebondis sur ma propre expérience ; et enfin, on n’interrompt jamais celle qui parle.

Pendant les premiers cercles, j’ai l’impression de vomir toujours la même chose: la maternité, la maternité, la maternité. Dans le cercle, il y une autre mère, Béatrice, qui a une fille un peu plus âgée (elle a cinq ans) et qui est différente de moi. Quand elle parle de sa fille, et à l’inverse de moi ça ne fait pas partie de chacun de ses partages, c’est apaisé. Elle est certes fatiguée, tiraillée de tous les côtés, déconnectée du rythme auquel elle voudrait vraiment faire les choses, mais elle est au-dessus. Une autre étape, on dirait. À moins qu’encore une fois, elle ne fasse partie de ce groupe de femmes qui ont une finesse maternelle que je ne comprends pas et que cette histoire de bébé n’ait jamais été un problème. Ah, mon éternelle crainte !

Puis il y a Elsa, mon amie, qui a eu une fille quelques mois après moi. La maternité ne fait pas non plus partie de chacun de ses partages. Elsa a eu un accouchement difficile et les quelques fois où elle m’en parle en privé, ses yeux deviennent humides et sa voix tremble. Je sens qu’on touche à peine à l’orée du trou béant qu’a laissé cet accouchement en elle. Encore une fois, je la trouve drôlement résiliente. Comme si ce départ compliqué lui avait tout de suite mis en perspective ce qui était important. Comme elle le dit quand on fait le premier tour de parole du cercle, quand on doit rappeler son prénom et dire sa météo intérieure: je suis fatiguée mais ça va. C’est tout Elsa. Elle est fatiguée mais ça va. Elle bosse à plein temps, elle a un enfant en bas âge, mais ça va. Alors que moi j’ai envie de hurler MAIS ÇA NE VA PAS !

Bravant mon propre jugement intérieur, je vomis quand même chaque fois que je récupère le bâton de parole une histoire qui se rapproche de ma maternité.

J’ai peur de ne devenir «que» la mère et quand je prends la parole dans ce cercle, je crains de ne laisser voir que ça de moi, la fille qui a un enfant et qui en parle tout le temps. La mère. Mais c’est le premier démon que je dois exorciser ou l’abcès que je dois fendre d’un coup de rasoir pour laisser s’écouler tout le pus accumulé. Vider ce seau rempli à ras bord d’incompréhension et de fatigue depuis que j’ai mis au monde mon enfant et que rien ne s’est passé comme prévu, comme imaginé, dans ce nouveau monde. Pour ensuite, une fois essuyés mon visage, le pus et les larmes, descendre jusqu’aux autres couches de moi-même. Celles qui me manquent. C’est dans ce sens-là que ça va se passer. Et pas autrement.

Ce sont les plus belles soirées de ma semaine.

Six femmes assises, en cercle, autour d’une grande bougie, et chacune assise devant une petite bougie qui danse fébrilement mais reste debout. Je veux redevenir femme, et c’est dans ce cercle que leur visage illuminé par la lumière dansante me renvoie à tout ce que je suis aussi moi-même.

Nouvelle mère, Cécile Doherty-Bigara
(©Editions Leduc.s)

Cécile Doherty-Bigara est l'auteure de Nouvelle mère, paru aux Editions Leduc.s.

Basée à Toulouse, elle est passionnée par le féminisme et l'écologie, comme mouvements de régénération de notre société actuelle. Ce qui en résulte est une voix unique dans la spiritualité moderne, qui utilise la vulnérabilité comme moyen de transmission et propose une approche de guérison basée sur une profonde tendresse pour notre nature humaine.

Sa communauté la suit sur son compte Instagram @ceciledohertybigara.

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