Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #24 août-septembre 2019
>> Pour retrouver la liste des points de vente, c'est ici
Parisienne de naissance et fière de l’être, Muriel Ighmouracène a eu mille vies : infirmière puéricultrice, community manager, actrice, entrepreneure, directrice de crèche... Devenue mère en 2010, elle fonde durant sa grossesse mouvementée le blog maispourquoijedeviensmerebordel.fr ainsi que le compte Instagram @MereBordel. Portée par l’urgence de se créer une nouvelle vie ailleurs, elle quitte Paris en 2018.
Ton déclic pour quitter Paris c’était….
Je ne crois pas avoir eu un seul déclic, mais plutôt une succession de petits : mon envie de ne plus rentrer après chacune de mes escapades hors de la capitale, ma capacité à m’imaginer vivre ailleurs, mon coup de cœur pour Bordeaux, mon ras-le-bol grandissant du harcèlement de rue, des murs en papier de mon appart et de ma voisine du dessus noctambule. Et puis en 2017 j’ai subi la mort brutale de ma mère et la liquidation judiciaire du lieu que j’avais crée, CoworkCrèche : deux des choses les plus importantes qui me rattachaient à Paris se sont soudain évaporées, et mes tripes m’ont crié de partir pour survivre.
6 mois après, j’étais en route, enfant et chats sous le bras. Avec le recul, j’ai le sentiment d’avoir choisi entre une mort à petit feu et une renaissance éblouissante, et je ne suis définitivement pas mécontente de mon choix !
Ce qui est vrai pour Paris est aussi vrai pour...
Peut-être Londres ou New York, qui ont en commun une grande densité d’habitants, un rythme effréné et des loyers exorbitants. Mais pas Berlin ni Bruxelles qui restent des capitales aérées avec beaucoup d’espaces verts, ni Lisbonne ou Madrid dont les prix sont toujours abordables.
Et puis surtout, aucune n’est peuplée d’autant de Français au kilomètre carré : nous sommes un peuple délicieux, passionnant et métissé, mais aussi souvent râleur, pas forcément d’un optimisme débridé et un poil impétueux. Ces caractéristiques associées à l’intensité de la vie parisienne, donnent un cocktail assez détonant et un quotidien loin d’être de tout repos.
Si Paris te manquait tu reviendrais pour...
Je souris. Voilà une vraie question piège, pile quand je viens d’y passer 3 jours délicieux !
D’abord je crois que rien n’est définitif, éternel, à commencer par notre propre existence, et qu’il ne faut jamais dire jamais. Je parle dans le livre de l’importance d’écouter nos désirs à cet instant T, pas ceux d’il y a 5 ou 10 ans, ni ceux qu’on imagine qu’on aura demain. J’espère que j’aurai toute ma vie la force et les moyens d’écouter cette petite voix intérieure qui m’a si bien guidée jusqu’ici, et de faire le chemin inverse si un jour c’est ce qu’elle me murmure.
Muriel Ighmouracène est l'auteure du livre J'arrête de vivre à Paris ! paru aux éditions Eyrolles.