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La vie, la mort : ces deux inséparables

La vie, la mort : ces deux inséparables
"Dans les lois universelles, c’est le cadre qui permet le surgissement du vivant, c’est le fini qui crée l’infini, c’est la frustration qui crée la liberté"
Lina Trochez/Unsplash
Vincent Houba
Vincent Houba
Mis à jour le 25 février 2021
Nous allons tous mourir ! Il nous serait très utile, en ces temps d’incertitude quant à notre avenir et celui de notre humanité, d’entrer peu à peu dans la pleine conscience de cette évidence qui nous tient au corps depuis notre premier souffle : nous n’éviterons pas notre propre mort.

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Depuis notre arrivée sur Terre, toute une société s’acharne à nous détourner le regard de ce crucial paradoxe du Vivant - mort et vie sont les deux faces inséparables d’une même pièce - pour nous forcer à une illusion d’immortalité qui fait les choux gras de nombreux marchands au détriment de notre rayonnement d’être. Mais au-delà de la multitude de produits anti-âge que nous pouvons acheter pour continuer à nous mentir à nous-mêmes (je ne parle pas ici de tout ce que nous pouvons bien sûr faire pour nous maintenir en santé), il y a pour moi un mal plus profond, une pandémie invisible qui éradique peu à peu le sacré, un virus qui se glisse dans la peau de la vie pour passer inaperçu:le refus de la finitude.  Les conséquences sont innombrables autant que terribles.

En refusant ce « cadre » d’un corps physique périssable, en voulant éviter cette frustration suprême des jours comptés, en s’illusionnant de pouvoir échapper à cette chair d’incarnation qui nous fascine tout autant qu’elle nous effraie, voir même finit par nous dégoûter, nous restons tels des enfants refusant de grandir. Nous demeurons dans cette toute-puissance infantile, une baguette magique au bout des doigts, croyant ainsi pouvoir tenir notre fin terrestre à distance, et pour toujours. 

Accepter la mort est salutaire à notre incarnation 

Refusant de nous engager à accepter la mort avec la vie, l’engagement nous pose partout problème. Soit nous nous engageons à l’extrême, soit nous prenons des engagements à la légère et oscillons ainsi ballotés entre hyper responsabilité et irresponsabilité. Comme face à la situation que ce coronavirus nous propose de vivre. Cette peur de la mort qui rôde dans le sillage de ce virus nous invite à une lumineuse plongée intérieure : où en suis-je avec l’intégration de ma mortalité ? 

>> A lire sur FemininBio [De l'ombre à la lumière] Ma vie a pris un autre sens depuis que j'ai frôle la mort et fait une EMI

Ce début de fin d’un monde, que nous vivons à l’échelle planétaire, ricoche sur la fin du monde qui ricoche sur la fin de mon monde qui ricoche sur la fin de ma propre vie. Par conséquent, tant que je n’ai pas intégré cette mortalité physique, je ne suis pas pleinement incarné et je ne peux pas pleinement participer à l’accompagnement de la vie dans ce monde en mutation. C’est un profond chemin vers soi qui s’invite à nous avant de faire quoique ce soit d’adéquat pour le monde.

« Le paradoxe est le nerf du Vivant », disait Christiane Singer. Ce paradoxe entre vie et mort intimement liés n’est paradoxal que pour notre conscience ordinaire sur le plan humain. Conscience qui nous limite à les opposer et les rendre contraires. Or, sur un autre plan de conscience, la vie et la mort sont des alliées pour nous rendre possible l’expérience de l’incarnation. Si vous offrez l’univers comme toile à un peintre son ego sera flatté mais il ne pourra rien faire. Si vous lui offrez une toile de quelques centimètres carrés son ego sera frustré mais il pourra réaliser une œuvre. Il en va de même pour notre vie: sans être limitée par une date de mort physique elle ne sera pas vécue mais diluée à l’infini.

Une expansion de conscience vers notre dualité 

Dans les lois universelles, c’est le cadre qui permet le surgissement du vivant, c’est le fini qui crée l’infini, c’est la frustration qui crée la liberté. Tout ceci est souvent bien difficile à comprendre pour nos esprits à l’étroit dans une conscience ordinaire mais tellement simple à vivre pour notre élan vital quand il peut rayonner à l’infini dans l’étroitesse de notre incarnation. 

Ce refus nous pousse souvent à survivre grâce à des mondes refuges, que ce soient des spiritualités détournées de leur sens premier, pour nous déconnecter du réel qui nous terrifie, ou que ce soit grâce à des projets de sociétés survivalistes basées sur des notions d’ennemi et de rareté de vie, des sociétés où, pour ma part, je n’aurais vraiment pas bon vivre. 

>> A lire sur FemininBio La mort n'est qu'un passage

Tout cela est constitué de la même énergie : la peur

Nous sommes réduits à vivre dans la peur sans même nous en rendre compte au quotidien. Il nous faut des évènements parfois terribles pour en prendre conscience. Notre éducation nous propulse progressivement dans l’obligation de croire le monde extérieur plutôt que faire confiance à la Vie en nous.

La Vie ne nous lâche jamais. C’est nous qui la lâchons. Et elle revient toujours, s’invitant par tous les interstices, toutes les épreuves et les crises pour chercher un vocabulaire à notre portée afin de se faire entendre, pour enfin pouvoir nous aider. Et même dans ces moments, souvent, nous tombons dans la plainte victimaire plutôt que de nous mettre à l’écoute du bruissement de la Vie au cœur du désastre. Derrière toute chose il y a une énergie de vie qui cherche son chemin, telle l’eau du fleuve qui recherche la direction de son lit après le déluge. Rendez-lui son lit et il n’y aura point besoin de déluge. 

"Dis oui à la mort et tu vivras!"

Nous voici appelés à rendre à la vie sa juste place dans notre quotidien. Et pour cela il va nous falloir accepter ce Tout qu’elle est, y compris ce contrat inévitable : dis oui à la mort et tu vivras ou dis non à la mort et tu survivras !

À force de nous protéger à tout prix de la mort, il ne nous reste qu’une vie morte et une mort sans dignité, dans le déni du sacré de la Vie. 

Notre expert

Ingénieur civil architecte en Belgique, psychoanalyste et formateur certifié en CNV, Vincent Houba a fondé le cabinet "Les Architectures Invisibles". 

 

 

 

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