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La course au PIB

Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Le Produit Intérieur Brut (PIB) mesure la richesse créée par un pays sur une période donnée. Très économique, cet indicateur fait référence dans tous les domaines, mais ses détracteurs sont nombreux. ONG, économistes, organisations internationales proposent d’autres calculs pour intégrer un peu d’humanité dans les chiffres de l’économie.

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La course au PIB

Imaginez un accident de voiture. Les pompiers et le Samu arrivent, les blessés sont transportés à l’hôpital, ils y sont soignés, et une fois sortis, ils doivent se racheter une voiture car la précédente est partie à la casse. Entretemps, pas mal d’essence et de matériel en tout genre ont été utilisés, des gens ont travaillé. Bref, un accident de voiture fait tourner l’économie. Une aubaine pour le PIB, alors que ça n’a rien d’enthousiasmant.


Face à ces aberrations, le PIB est montré du doigt  de toute part, et pourtant, il reste l’indicateur de référence. Pourquoi ? Le PIB mesure ce qui a été produit, ce qui résulte de l’activité de production. En soit, c’est un calcul neutre. Mais le problème réside dans le fait qu’il sert d’indicateur de la richesse d’un pays et qu’il est accepté que de la richesse découle le bonheur.


«L’argent ne fait pas le bonheur ». Il suffit d’écouter les vieux proverbes pour comprendre que les économistes ont sauté une case dans leur raisonnement... Mais ces derniers et, surtout, les politiques n’ont d’yeux que pour le PIB et lui confèrent, à tord, le rôle de baromètre du moral de la nation.


Ce n’est pas du tout son but, mais le mal est fait et il est difficile de changer les mentalités. Pourtant le Programme des Nations Unies pour le Développement travaille avec l’Indice de Développement Humain, qui intègre le PIB et des variables de qualité de vie des individus. Dans le calcul de l’IDH, l’espérance de vie, qui permet d’avoir une idée du niveau globale de la santé des habitants, et le taux d’alphabétisation, qui mesure le niveau d’éducation, contrebalancent les statistiques purement économiques qu’apporte le PIB par habitant, qui sert de référence pour le calcul du niveau de vie.


Grâce à cet autre indicateur, le classement des pays est chamboulé. A PIB élevé ne correspond pas forcément IDH élevé. Ainsi, l’Islande, qui en 2006 caracolait en tête du classement des pays selon l’IDH (lien 3) (avec une IDH à 0,968 sur une échelle de 0 à 1) gagnait 13 places par rapport au classement mondial selon le PIB par habitants de la même année. Mais l’IDH est à son tour critiqué, notamment car il ne prend pas en compte les mesures de court terme, demeure à un niveau d’analyse macroéconomique et les données statistiques sur lesquelles il se base sont très variables selon les pays (le calcul du taux d’alphabétisation notamment). L’IDH et le PIB étaient les seuls indicateurs existant au début des années 1990 pour évoquer statistiquement la richesse et le développement d’un pays. Depuis, de nombreux indicateurs ont vu le jour, qui ne cherchent tant pas à remplacer le PIB qu’à l’affiner. Mais on peut faire dire ce que l’on veut à des statistiques selon la manière dont on les utilise. Portés par les courants de l’économie humaine, chacun d’entre eux met en exergue un point de vue (pauvreté, environnement, etc.) et ses partisans voudraient le voir devenir la nouvelle référence (le PIB n’est utilisé que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale). Encore un domaine où la guerre des chiffres fait rage.


Tout cela n’est guère encourageant… A quand une généralisation du BIB, l’indicateur de référence au Bhoûtan ? BIB, trois lettres pour Bonheur Intérieur Brut...

Claire Sejournet

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