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Halloween

Célébrer les morts et le passage à la saison sombre : découvrez les racines celtes d'Halloween

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"Samain est le temps du surnaturel, du spirituel, de la communion avec les prodiges, le moment où le Cerf sacré sort des Enfers pour sa « Chasse sauvage »"
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Dominique Labarrière
Dominique Labarrière
Mis à jour le 31 octobre 2022

Alors que nous fêtons Halloween, nous avons généralement peu conscience que cette célébration a des origines celtes bien ancrées. Samain, célébration de 7 jours, est fêté en l'honneur du passage du monde de la saison claire à la saison sombre et célèbre les morts, à l'instar de notre Toussaint. Retour sur les origines païennes d'Halloween.


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À la source, nous avons indéniablement la peur primitive et universelle de l’homme à l’entrée de la saison froide et sombre. La peur que le printemps lumineux et fertile ne succède pas à l’hiver obscur et stérile. D’innombrables rites de conjuration de ces peurs ont émergé au sein de toutes les communautés humaines connues, dont, pour la civilisation celte, le Samain, préfiguration vraisemblable et probable de notre réjouissant Halloween.

Vers les nuits sans fin

Samain ouvre le calendrier des manifestations rituelles sur « la roue du temps » dans l’année celtique, celle-ci se divisant en deux grandes périodes, le temps sombre et le temps clair. Samain est célébré chaque année autour de ce qui est pour nous le 1er novembre, le moment où l’on bascule de fait dans la saison sombre. En breton, novembre se dit Miz-Du, littéralement « le mois noir ». Ainsi, on passe de la lumière à l’obscurité, ce que Baudelaire, en héritier inspiré de ces évidences ancestrales, exprimait en deux alexandrins célèbres : « Demain nous entrerons dans les froides ténèbres / Adieu vive clarté de nos étés trop courts. »
La célébration de Samain s’étend sur sept jours, trois jours avant le 1er novembre et trois jours après. C’est l’occasion de banquets, de festivités populaires, mais aussi de rencontres utiles. Tradition au long cours, puisque jusqu’au début du XXème siècle, c’était au 1er novembre, à la Toussaint, que les tâcherons agricoles s’assemblaient à la sortie de l’office religieux pour trouver à se faire employer pour l’année à venir. Autre trace de ce lointain passé : une des étymologies possibles de Samain est « l’été de la fin », c’est-à-dire l’été à ses derniers feux. Comme ceux que nous avons de nos jours avec « l’été de la Saint-Martin », brève embellie elle aussi en novembre.

Du Samain au Sabbat des sorcières 

Il n’est pas exclu que les banquets et les réjouissances du Samain aient été à la source du sabbat des sorcières. Conjurer l’angoisse des mauvais jours qui viennent par la licence, la liberté effrénée, la transgression, est la marque de tous les rituels de lumière et de fertilité, de ténèbres et de stérilité. La nuit de Walpurgis des civilisations septentrionales qui se déroule, elle, à la charnière d’avril et mai, peut apparaître comme la copie conforme de Samain. Pour l’égyptologue et ethnologue britannique Margareth Murray, le sabbat des sorcières n’est autre que la survivance de ce paganisme des temps anciens, refoulé dans l’interdit et la clandestinité à l’avènement du christianisme.

A lire Isabelle Sorente, l'héritage des sorcières

Un temps hors du temps

Etrangement, la semaine de célébration du Samain est hors calendrier. Elle ne s’inscrit ni dans l’année qui s’en va ni dans celle qui vient. Elle est une parenthèse, un temps suspendu, comme si on avait voulu la soustraire à l’ordonnancement ordinaire de l’année et la doter d’une dimension autre, ouverte sur le merveilleux. Or, c’est bien ce qui se passe. Samain est le temps du surnaturel, du spirituel, de la communion avec les prodiges, le moment où le Cerf sacré - dont les bois tombent et repoussent, symboles de la renaissance perpétuelle - sort des Enfers pour sa « Chasse sauvage ». Communion, surtout, avec l’au-delà, le monde des morts. On les célèbre, on les honore de présents, de nourriture, d’où la tradition, entre autres, de la citrouille. Ces rites, ces mythes sont si intensément inscrits dans ce que Jung appelle « l’inconscient archaïque » que ce lien avec la mort à ces dates précises a perduré avec le christianisme - Toussaint, Jour des Morts - et perdure jusqu’en en nos temps de déchristianisation, ou, si on préfère, de déspiritualisation (encore que les frémissements d’un retour se fassent de plus en plus sensibles, ce qui est heureux.) Raison de plus, donc, pour, ces jours-ci et ne serait-ce qu’un instant, s’imprégner de l’esprit intemporel de Samain.

Notre expert

Dominique Labarrière, est ex-professeur de philosophie, journaliste indépendant passionné d’Histoire et de romans historiques et auteur du livre Le bûcher des sorcières paru aux éditions Pygmalion.

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