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"Je cherche juste à être meilleure et à ce que l’on puisse vivre dans la paix", l'interview green de Lucie Lucas

Lucie Lucas
"Nous nous relions à la nature, notre berceau à tous, avec la conscience que nous ne pouvons nous en déconnecter."
Christophe Lartige
Audrey Etner
Audrey Etner
Mis à jour le 25 février 2021
Entre feux de la rampe et ferme familiale, c’est ainsi que l’héroïne de la série Clem et maman épanouie, Lucie Lucas, parvient à trouver son équilibre. L’an passé elle a choisi en famille de quitter la ville pour une vie au contact de la nature, en terre bretonne. Liens avec le vivant, maternité, engagement, Lucie Lucas se confie avec justesse et humilité sur son parcours et ses choix personnels et professionnels. Rencontre tout en délicatesse. 

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Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #27 février 2020 - mars 2020

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On l’a découverte toute jeune dans la série télévisée Clem dans laquelle elle tient le rôle principal depuis près de dix ans : une lycéenne qui mène études et grossesse de front, que Lucie Lucas incarne avec brio aux côtés de l’actrice espagnole Victoria Abril.

En découvrant son parcours, c’est la célèbre phrase du Cid de Corneille qui vient caractériser l’actrice et manne-quin : “Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années ”. Car c'est à 9 ans que Lucie Lucas commence à s’initier au théâtre, à 13 qu'elle rencontre sur les bancs du collège celui qui deviendra son mari et à 21 qu'elle débute au cinéma dans 15 ans et demi de François Desagnat. Enfin, à tout juste 24 ans, elle connaît pour la première fois les joies de la maternité avec la naissance de sa première fille.

Désormais maman de trois jeunes enfants, Lucie Lucas entre dans une nouvelle étape de sa vie, plus engagée, plus consciente, plus résiliente. C’est ainsi qu’en novembre 2019 elle témoigne pour la première fois des violences et abus sexuels qu’elle a subis dans l’enfance, afin de donner aux autres femmes le courage de ne plus se taire. 

Que vous inspire le renouveau, thème de ce numéro de FemininBio ? 

À 33 ans, un âge qui symbolise la maturité à mes yeux, je me sens réellement basculer dans ma vie de femme, laissant derrière moi la jeune fille que j’étais. Si la maternité et ma carrière sont toujours au cœur de mes préoccupations, mes objectifs ont changé pour passer à un niveau plus global. Je mets tout en œuvre pour permettre à mes enfants de “pousser” le mieux possible, et c’est ainsi que nous avons décidé en famille de nous installer à la campagne afin de devenir autosuffisants en fruits et légumes, et aussi en énergie.

Nous nous relions à la nature, notre berceau à tous, avec la conscience que nous ne pouvons nous en déconnecter. Mais le monde ne s’arrête bien sûr pas à notre porte de jardin et c’est la raison pour laquelle je m’engage de plus en plus publiquement en soutenant des causes qui me tiennent à cœur, surtout sociales. Je tiens à ce que ma notoriété, souvent lourde à porter, soit utile. Le renouveau, c’est le fait de me sentir aujourd’hui assez forte pour y parvenir. 

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Il y a deux ans, vous avez été touchée par le burn-out. Que s’est-il passé ? 

Ce métier nous oblige à être en entretien d’embauche permanent. Au-delà du stress provoqué par le jeu de réseau, on ne choisit pas quand on va travailler. Aussi, lorsque le travail se présente, on ne sait pas le refuser. On accepte deux tournages en même temps, sans compter la promotion, le festival qui s’ensuit pour défendre le film car on s’est investie… C’est une course effrénée au travail. De plus, lorsqu’on endosse un rôle, on joue avec notre âme, pas avec notre matière grise.

Pour incarner un personnage, on va chercher en nous des blessures pour les réouvrir. C’est à la fois magnifique et thérapeutique. Un merveilleux exutoire… épuisant pour le corps. C’est ce mélange de course à l’emploi stratégique et politique et de mise à nue publique de l’âme qui m’a plongé dans les affres du burn-out. Je n’arrivais plus à faire marcher mon cerveau, à apprendre un texte, j’étais perdue. Je me suis retrouvée à ne plus pouvoir bouger pendant des jours. J'en suis sortie en mettant les mains dans la terre, en récupérant l'énergie de la Terre. 

Depuis 2010, vous incarnez à l'écran le personnage de Clem, une adolescente qui devient mère pendant ses années lycée. Quel impact ce rôle a-t-il eu sur votre vie ? 

Clem a tellement impacté ma vie ! J’ai même parlé d’enfermement pendant un moment, mais j’ai aussi choisi cela, et je l’accepte aujourd’hui. Je ne suis pas ce personnage, je n’ai pas la même vie, et pourtant Clem a conditionné de nombreux choix de vie.

Je suis tombée enceinte deux semaines après la fin du tournage du premier épisode et j’ai adoré ce rôle tant la maternité me faisait envie depuis toujours. Un an auparavant, j’avais vu Juno (film de 2007 avec Ellen Page, qui incarne une adolescente enceinte, ndlr) et ressenti l’incroyable envie d’incarner ce rôle. 

Vous parliez de votre engagement pour des causes sociales. Est-ce pour cela que vous avez choisi de sortir du silence à propos des violences sexuelles et du harcèlement terrible que vous subissez depuis l’enfance ? 

S’exprimer sur quelque chose de personnel prend énormément de temps. Il faut digérer, encaisser, se réconcilier avec soi-même, tout un processus qui peut parfois durer une vie entière. Parvenir à mettre des mots dessus et le faire publiquement est une autre étape encore. Au moment du mouvement #metoo j’ai ressenti le besoin de m’exprimer mais je n’étais pas prête. Par ailleurs je voyais beaucoup d’hommes angoissés par cette libération de la parole et globalement un manque d’empathie pour les témoignages, tant de la part de femmes que d’hommes. 

Je me suis rendu compte que c’était en parlant de mon expérience que j’arrivais le mieux à toucher les gens, sans tomber dans le pathos, juste en exposant les faits. Aujourd’hui, deux ans après, je me sens plus mûre, Adèle (Haenel, ndlr) a parlé, c’est le moment pour que l’on puisse collectivement prendre le problème à bras le corps. 

Vous avez choisi de parler sans colère, sans faire une “ chasse aux sorciers ” dites-vous. Vous parlez d’une société qui doit se réveiller. Où trouvez-vous votre résilience ? 

Justement en ayant pris le temps de d’accepter mes blessures. Mes cicatrices font partie de moi et je me suis construite avec elles. En acceptant de prendre le temps, je me suis rendu compte que la colère n’est pas constructive, et qu’un message empli de colère n’est pas entendu par la plupart des gens.

Je n’aime pas la guerre tout simplement, je n’ai aucune envie de juger les autres. Je fais ce que je peux, et j’ai sûrement fait du mal aussi. Je cherche juste à être meilleure et à ce que l’on puisse vivre dans la paix.

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Cette année, vous prêtez votre image à la marque de cosmétiques bio du groupe Léa Nature, SO’BiO étic®. Qu’est-ce qui vous guide dans ce partenariat ? 

C’est tellement enrichissant. Je ne pensais pas qu’il existait des entreprises de la taille de Léa Nature qui puissent faire autant d’efforts pour la Terre et l'Humain. Comme j’étais vraiment sceptique, je leur ai demandé de me séduire. Désormais en recherche absolue de cohérence, je n'accepte plus de faire de la pub pour des marques qui détruisent la planète.

J'ai vraiment fouillé dans tous les coins, et j'ai constaté l'ampleur de leur engagement, de leur recherche permanente pour respecter la Terre et réduire leur impact, leurs efforts pour créer des conditions de travail idéales pour leurs salarié.es. Vraiment, ils sont exemplaires et ne s'en vantent pas. Tous les chefs d'entreprise devraient s'inspirer de Léa Nature ! 

Qu’est-ce qui vous inspire et vous donne de l'espoir aujourd’hui ? 

Je m'accroche à ce qu'il y a de beau. La nature m’inspire beaucoup tant chaque système qu'elle déploie est infiniment complexe. Je suis subjuguée par la manière dont la vie trouve toujours son chemin. Je suis également inspirée par les humains qui me surprennent toujours, car ils sont capables du pire mais surtout du meilleur. Greta Thunberg, Pierre Rabhi, Charles Kloboukoff, Cyril Dion, et tellement d'autres encore. J'ai plaisir à les écouter, les lire et je me réjouis qu'ils fassent désormais partie de mon quotidien. 

SON ACTU 

Au-delà du tournage de la saison 10 de la série Clem, Lucie Lucas s'engage pour la planète, par son choix de vie au cœur de la nature et également à travers le collectif " On est prêt ", qu'elle soutient depuis la saison 1, et dont elle a été la porte-parole auprès des médias. Une initiative citoyenne pour se mettre en action, à suivre sur onestpret.com. 

 

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