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Dr Bérengère Arnal et l'ASEF : "Les 7 recommandations contre le cancer du sein sont insuffisantes"

femme arbre penser réfléchir
La femme doit mettre toute son énergie positive à surmonter les épreuves du cancer du sein.
© Fotolia
Audrey Etner
Audrey Etner
Mis à jour le 25 février 2021
Dans une récente étude, des chercheurs américains mettent en cause 17 substances chimiques dans le développement du cancer du sein. Nous avons demandé au Dr Bérengère Arnal, gynécologue obstétricienne spécialisée en phytothérapie, et à Ludivine Ferrer, directrice de l'ASEF de nous donner leur avis sur ces recommandations.

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Le 12 mai 2014 paraissait une étude américaine identifiant 17 polluants du quotidien directement désignés comme facteurs de risque du cancer du sein. Parmi les substances en cause, les dissolvants, textiles anti-tâche, décapants ou encore désinfectants.

Voici les 7 recommandations des chercheurs américains visant à réduire les risques de cancer du sein : 

  • Limiter autant que possible l'exposition aux émanations d'essence ou de gasoil et aux gaz d'échappement des véhicules.
  • Utiliser une hotte de cuisine en cuisinant et réduire la consommation d'aliments carbonisés (barbecue).
  • Ne pas acheter de meubles (sofa, fauteuils...) contenant de la mousse de polyuréthane et s'assurer qu'ils n'aient pas été traités avec des ignifuges.
  • Eviter les tapis et autres tissus d'ameublement résistants aux taches.
  • Trouver un teinturier qui n'utilise pas de perchloroéthylène ou d'autres solvants.
  • Se procurer un bon filtre à charbon pour filtrer l'eau avant de la consommer.
  • Réduire l'exposition aux substances chimiques contenues dans la poussière de l'habitation en retirant ses chaussures à l'entrée de la maison, et en utilisant un aspirateur doté d'un filtre HEPA à particules.

Nous avons demandé l'avis de nos experts. D'un côté, le Dr Bérengère Arnal, gynécologue spécialisée en phytothérapie, auteur de plusieurs ouvrages sur le cancer du sein, et fondatrice de l'association "Au sein des femmes". De l'autre, Ludivine Ferrer, directrice de l'Association Santé Environnement France. Elles nous donnent leur point de vue sur les recommandations des chercheurs américains.

FemininBio : L'étude sur les 17 substances favorisant le cancer du sein identifiées ressemble à un nouveau "kit de survie" contre le cancer du sein… Qu’en pensez-vous ?

Bérengère Arnal : Je la trouve un peu réductrice, elle nous apporte peu d’éléments nouveaux. Des cancérologues français, le Pr Henri Joyeux , le Pr Jean-Philippe Narbonne et le Pr Dominique Belpomme ont depuis fort longtemps (début des années 2000) fait le lien entre cette chimie qui nous entoure et pénètre dans notre corps et le développement des cancers du sein, de la prostate, des testicules, des troubles de la reproduction, de la gestation etc.

Rappelons l’étude de 2004 de WWF qui a identifié et dosé 76 produits chimiques toxiques dans le sang de 39 élus européens : pesticides, retardateurs de flamme bromés, phtalates, composés perfluorés. On a trouvé en moyenne 41 substances chimiques toxiques sur chaque élu, dont 13 systématiquement chez tous, avec en tête le phtalate DHEP, perturbateur endocrinien.

Ne trouvez-vous pas cela culpabilisant pour les femmes atteintes de cancer du sein ?

B.A. : La réaction première face à la découverte du cancer du sein (et de tout cancer) est de chercher le pourquoi (un divorce, un deuil, un harcèlement au travail..). Or, il n’y a pas toujours de pourquoi. Nous savons que les causes sont multifactorielles, de la génétique à l’épigénétique (les facteurs perturbant la génétique), les hormones de synthèse, les perturbateurs endocriniens, certains médicaments pris au long cours etc.

Rien ne sert de se culpabiliser, il n’y a pas de raison à cela. La femme entourée de ses proches et des médecins qui s’occupent d’elle doit mettre toute son énergie positive à surmonter les épreuves qui l’attendent, et qui, pour beaucoup d’entre-elles, seront synonymes de guérison ou tout du moins de rémission. 

Ces réflexions liant l’environnement au risque de santé sont-elles vraiment nouvelles ? Comment se fait-il qu’une telle étude fasse "du bruit" ?

B.A.: On l’a dit, ces informations ne sont pas nouvelles sauf pour ceux qui n’ont pas voulu entendre ! Cette étude bien médiatisée fait "du bruit" actuellement, mais ce qui importe, c'est de trouver des solutions rapidement.

Enfin je me demande pourquoi l’étude porte précisément sur le cancer du sein et pas d’autres cancers ou maladies chroniques. Il est évident que d’autres pathologies sont aussi concernées.

Une liste de 7 recommandations est publiée pour se préserver du cancer du sein. Ces recommandations ne semblent-elles pas évidentes ?

L'avis de Bérengère Arnal : Ces recommandations sont évidentes et insuffisantes, il en existe d’autres. Je fais référence aux publications notamment du Pr Henri Joyeux et du Pr Dominique Belpomme sur la prévention du cancer du sein et aussi des autres cancers.

Le point de vue de l'ASEF : Oui, les 7 recommandations qui sont données sont un peu trop théoriques pour nous qui sommes une association de médecins de terrain. De notre point de vue, dire aux gens "arrêtez de faire ceci ou cela" sans assortir cette recommandation d’une solution alternative ne sert strictement à rien. Pour que nous décidions de changer une simple petite chose dans notre quotidien, il faut que nous comprenions comment faire. Ces recommandations sont pleines de bonnes intentions, mais malheureusement, nous craignons que personne ne puisse les appliquer.

Finalement, qu’est ce qui est vraiment "nouveau" dans cette étude ?

Dr Bérengère Arnal : Rien de nouveau. Tout a déjà été dit et publié.

Ludivine Ferrer de l'ASEF : A notre connaissance, il n’y a rien de vraiment nouveau si ce n’est la présentation synthétique qui a été choisie.

L’étude se limite au cancer du sein, mais la réflexion est bien sûr plus globale. Comment ne pas tomber dans la peur de l’air que nous respirons ?

Dr Bérengère Arnal : Mais nous devons avoir peur de respirer l’air que nous respirons, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de nos maisons. Et ceci fait partie d’un tout, d’un puzzle dont chaque pièce doit être évaluée : l’air, l’eau que nous buvons et aussi avec laquelle nous nous lavons, l’alimentation, l’équiliibre acido-basique, l’état de notre intestin, notre capacité à gérer les stress, la pratique d’une activité physique régulière (les bienfaits de celle-ci sont établis), les perturbations électro-magnétiques…. Les éléments en cause sont nombreux et doivent être pris en considération. Un processus protecteur et/ou réparateur doit pouvoir être proposé à chacun.

Ludivine Ferrer de l'ASEF : C’est le problème de ces recommandations très larges. Quand on vous dit "Limiter autant que possible l’exposition aux gaz d’échappement des véhicules", que pouvez-vous faire ? Arrêter de respirer ? Partir vivre à la montagne ? A part à vous faire peur, à quoi cela sert-il ? Alors qu’en vous disant d’éviter les promenades au bord du périphérique, surtout avec bébé aux heures de pointe, ou d’éviter de faire votre jogging le long d’un axe fréquenté, on vous propose déjà des pistes d’actions plus réalisables qui vous permettent de redevenir acteur de votre santé.

Ces 7 recommandations vous semblent-elles suffisantes ?

Dr Bérengère Arnal : Les 7 recommandations sont largement insuffisantes. Par exemple on peut s’inquiéter que les experts veuillent rassurer autour de la contraception hormonale orale. Il convient de rappeler que la pilule oestro-progestative et le traitement hormonal de ménopause ont été classés en 2005 par d’autres experts, cancérigènes, avec un niveau de preuves élevé, dans le cadre du Centre International de Recherche sur le Cancer. Cet organisme est placé sous l’autorité de l’OMS.

Ludivine Ferrer de l'ASEF : Il est clair que l’on pourrait continuer la liste à l’infini. Pour savoir comment limiter votre cocktail de polluants quotidien au maximum, nous vous invitons à télécharger tous nos petits guides santé, plein de conseils pratiques et faciles à adopter !

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