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Industrie de l’agro-alimentaire bio : un oxymore ?

Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
L’engouement des Français pour les produits bio ne se dément pas : entre 2007 et 2008, le secteur a connu une hausse de 2% de la consommation selon l’Agence Bio. Mais est-il possible de concilier la satisfaction d’une demande toujours plus importante et le mode de production alternatif que représente l’AB ?  

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Industrie de l’agro-alimentaire bio : un oxymore ?

L’Agence Bio annonce une hausse de 11% des exploitations bio en France entre 2007 et 2008. Il y a donc plus de 13 000 exploitations agricoles qui dédient leur activité au bio, et d’autres sont en reconversion. Derrière ces chiffres cependant, la réalité est moins enthousiasmante : les agriculteurs bio ne sont pas dans l’ensemble des petits exploitants. En France, sur les 29 millions d’hectares de surface agricole utile (c’est-à-dire consacrés à l’agriculture), seuls 583 799 hectares étaient consacrés à l’agriculture bio en 2008, soit un peu plus de 2%... Nos voisins italiens y consacraient en 2007 1,1 millions d’hectares et en 2008, 14,9% des exploitations agricoles autrichiennes sont bio, représentant 15,76% des surfaces agricole utiles de la république alpine. Autrement dit, la France est à la traine !


L’équation entre demande et offre se résout actuellement par l’importation, mais cela n’est pas sans poser quelques questions lorsque l’on sait que dans la logique de l’agriculture bio, il faut privilégier les courtes distances pour réduire la pollution engendrée par le transport.


L’agriculture bio risque d’être victime de son succès. L’autonomie dont jouissent les agriculteurs bio pourrait bientôt ne plus être qu’un lointain souvenir si la filière agro-alimentaire décide de s’empare sérieusement du dossier, hypothèse qui n’est pas totalement improbable vue l’attractivité de l’agriculture bio. Dans ce cas, les logiques de marché risquent de prendre le dessus : le slogan « casser les prix » reviendrait en force, que ce soit pour augmenter les profits de l’industrie agro-alimentaire ou éviter que l’agriculture bio ne devienne un produit de luxe. Or, casser les prix implique la diminution de la main d’œuvre, la baisse des salaires et surtout la disparition des petites structures au profit des grandes pour réduire les coûts. Rien de cela ne va dans la logique de l’agriculture bio.


Pour faire face aux agro-industriels, l’agriculture bio doit inventer des systèmes de distribution alternatifs et rester en dehors d’une logique de concurrence. L’agriculture bio ne peut se tourner vers l’agro-industrie sans perdre son âme. C’est désormais au consommateur d’entrer dans l’arène. Va-t-il accepter que l’on surexploite l’agriculture bio ? Pas sûr, mais là encore, tout reste à faire pour réapprendre à consommer moins et mieux.

Claire Sejournet

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