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Le microcrédit : Muhammad Yunus - un homme, une idée, un pari réussi

Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Il est surnommé le « banquier des pauvres », et c’est à eux qu’il a dédié le Prix Nobel de la Paix qui lui a été décerné en 2006. Si un homme devait incarner seul le microcrédit, c’est bien sûr Muhammad Yunus. Ce professeur d’économie originaire du Bangladesh a révolutionné la finance et l’économie le jour où il a eu l’idée de lancer un programme de prêts à destination des plus pauvres des pauvres de son pays.

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Le microcrédit : Muhammad Yunus - un homme, une idée, un pari réussi

Né en 1940 dans ce qui est encore l’Empire des Indes, Yunus grandit dans la partie de cet immense territoire appelée à devenir le Bangladesh en 1971. Troisième d’une famille de quatorze enfants, il obtient un Master en économie à l’université de Dacca. Après une première expérience en tant que professeur d’économie à l’université de Chittagong et entrepreneur, il part compléter ses études aux Etats-Unis. Il rentre au lendemain de la déclaration d’indépendance du Bangladesh, prêt à aider le jeune Etat à répondre aux défis qui l’attendent.

Mais le poste qu’il décroche au sein de l’administration bengalie ne correspond absolument pas à son envie d’agir concrètement. Il retourne alors enseigner au département d’économie de l’Université de Chittagong, donc il prend la direction. C’est là qu’il développera le concept qui le rendra célèbre à travers le monde entier : le microcrédit.

Confronté à la pauvreté des paysans du village limitrophe du campus universitaire, Yunus s’interroge sur les moyens d’aider les paysans pauvres à sortir de la spirale infernale de la dépendance économique. Il découvre alors que l’adage selon lequel « on ne prête qu’aux riches » n’est pas qu’un adage, mais également la raison fondamentale qui empêche ces personnes de développer une activité qui les rendrait autonomes et leur permettrait de s’offrir un avenir meilleur, le Professeur décide de passer à l’action. C’est ainsi que ce met en place les premières expériences de microcrédit.

Le principe est simple : pour monter son activité propre, et devenir ainsi indépendant financièrement, les pauvres ont besoin d’un capital de départ qu’ils ne sont pas en mesure de réunir. Comme ils n’ont pas de moyens, les banques traditionnelles refusent de leur accorder des prêts car elles n’ont pas les garanties qui conviennent (garanties financières notamment). En accordant des prêts sans nécessité de garantie, basés sur la volonté du demandeur, la viabilité de son projet et la confiance, le microcrédit permet aux plus pauvres de lancer leur activité. Le développement de celle-ci permet de rembourser le prêt contracté et les intérêts, et par la suite de se constituer une petite épargne pour améliorer ses conditions de vie et investir dans l’activité.

Tout ne s’est pas fait en un jour. Il a d’abord fallu convaincre les femmes, dont Yunus est persuadé qu’elles sont l’avenir, qu’elles peuvent oser entreprendre, puis leur expliquer comment le système fonctionne. Le but n’est pas de forcer les gens à emprunter, mais de leur expliquer qu’il existe une possibilité pour les aider à sortir de la misère. C’est ainsi qu’à force de patience et de pédagogie, l’équipe a aidé et aide encore plus de 8 millions d’emprunteurs, dont 97% sont des femmes.

Les efforts de l’équipe du Professeur Yunus sont couronnés une première fois en 1983 lorsque la Grameen Bank se voit accorder le statut officiel de banque par les autorités bengalies. Très vite, la notoriété de la banque dépasse les frontières du Bangladesh. Des initiatives se développent dans d’autres pays du Sud, mais également au Nord. De son côté, Yunus et son équipe continuent de développer la Grameen Bank et diversifient leurs activités, toujours dans l’esprit d’aider les pauvres à entrer dans le monde. C’est ainsi qu’est développée par exemple une filiale télécom de la Grameen Bank, visant à permettre aux paysans d’utiliser le téléphone dans les campagnes.

Les banques traditionnelles refusaient de prêter aux pauvres sous prétexte qu’elles n’avaient aucune garantie que le prêt leur serait remboursé. Il apparaît en réalité que les pauvres mettent un point d’honneur à rembourser en temps et en heure l’intégralité de leur crédit. Pour eux, c’est véritablement leur honneur qui est en jeu : les prêts sont faits à un groupe, et il faut, aux yeux des autres membres du groupe, montrer que l’on n’est pas celui ou celle qui fera capoter le projet. De plus, les pauvres savent que cette opportunité est la dernière qui leur est offerte, et ils feront tout pour qu’elle fructifie. C’est ainsi que le taux de recouvrement du crédit à la Grameen Bank est de 97,32%, sans contrainte ni garantie, uniquement grâce à la confiance réciproque.


A lire absolument
Vers un monde sans pauvreté, Muhammad Yunus (avec Alan Jolis). Une autobiographie qui retrace l’aventure de la Grameen Bank et du microcrédit vue par leur fondateur.

Pour aller plus loin
Vers un nouveau capitalisme, Muhammad Yunus. Un prolongement de la réflexion entamée dans son autobiographie : le social-business montre la voie d’un autre modèle économique.


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Claire Sejournet

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