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Stéphane Allix, aux frontières de l'Inexploré

stephane allix
Stéphane Allix, fondateur de l'INREES et du magazine Inexploré
Anne Ghesquière
Anne Ghesquière
Mis à jour le 25 février 2021
Reporter de guerre depuis l'âge de 19 ans, plongé dans la géopolitique internationale, entre guerre et terrorisme, Stéphane Allix, fondateur de l'INREES, changera radicalement de vie à la suite d'un drame personnel. Rencontre du troisième type.

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A la fin des années 1980, Stéphane Allix réalise un rêve et devient, à 19 ans, reporter de guerre en Afghanistan. Il enquête sans relâche jusqu’à ce qu’un drame personnel l’amène à changer radicalement de vie. C’est désormais dans le domaine des expériences extraordinaires qu’il exerce son métier de journaliste. Fondateur de l’INREES et du magazine Inexploré, il a écrit de nombreux livres et travaille pour M6.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé à l’inexploré et aux frontières du réel ?

En 2001, alors que je suis avec mes deux frères en Afghanistan dans le cadre d’une mission pour la Société des explorateurs français, mon frère Thomas meurt dans un accident. C’était le 12 avril. Six mois plus tard, jour pour jour, ce sont les attentats du 11 septembre. Après 15 ans passés en Afghanistan, j’étais soudain rattrapé par deux cataclysmes, un personnel et un planétaire. Tout s’est télescopé et j’ai eu besoin de changer radicalement de vie.

La rencontre avec le monde de l’inexploré s’est faite presque par accident, grâce à ma rencontre avec un garçon de 14 ans, le Karmapa. Alors que je ne portais qu’un intérêt anecdotique à des sujets inexpliqués, j’ai soudain mis le doigt dans quelque chose qui est devenu entièrement ma vie aujourd’hui : la connaissance de toutes les gammes d’expériences extraordinaires qui se produisent quotidiennement, parfois même chez nos proches.

Comment s’est structuré votre nouvel environnement ?

J’ai très vite été en contact avec une importante communauté scientifique, notamment des médecins et des chercheurs, qui s’intéressent à ces questions. La société actuelle y répond de façon arbitraire en déclarant que ça n’existe pas. Mais quand on se plonge dedans, on ne peut pas s’arrêter à cette réponse. En tant que journaliste, j’ai pensé que j’avais peut-être les outils et le temps pour travailler sur ce sujet, le débroussailler et séparer le bon grain de l’ivraie.

Mois après mois, j’ai acquis une certaine connaissance des travaux réalisés sur les sujets extraordinaires à travers le monde. En 2007, j’ai senti le besoin de ne plus travailler seul mais de fédérer les énergies que je voyais vivre autour de moi de façon dispersée. J’ai créé l’INREES, qui réunit chercheurs et médecins, notamment des psychiatres et des psychologues qui constatent au quotidien dans leur cabinet la réalité de ces expériences qui ne sont pas des psychopathologies. Il est temps que notre société porte un regard différent sur ce qui sort de l’ordinaire.

Quelle est la place de la rationalité lorsque l’on travaille sur ces questions ?

De part mon expérience de reporter de guerre, j’ai une approche très rationnelle de la réalité. Lorsque vous enquêtez sur le trafic de drogue ou le terrorisme, le terrain permet de la décortiquer. Mais il y autre chose. Quand on est journaliste et que l’on commence à entendre parler de chercheurs du monde entier qui s’intéressent à la conscience, aux expériences de mort imminente (EMI), au rapport entre cerveau et conscience, on ne peut pas s’arrêter là. La curiosité était telle qu’il me fallait enquêter.

La société occidentale a basé son rapport à la réalité sur des bases très scientifiques depuis trois ou quatre siècles. Or la rationalité et l’approche scientifique permettent aujourd’hui de remettre en cause beaucoup de nos convictions. Lorsque je parle à des gens, je dois argumenter en valorisant les études et les recherches réalisées sur telle ou telle question. Par exemple, la télépathie est une réalité, de nombreuses études le démontrent et elles sont bien plus sérieuses que certains tests de mise en circulation des médicaments.

Le public est-il prêt à entendre les résultats des travaux scientifiques existant sur ces sujets ?

Non, tout le monde n’est pas prêt à entendre. Toute remise en question place l’être humain dans une situation où il n’est pas à l’aise. Nous passons notre vie à éviter de nous remettre en question car ce serait se créer des ennuis. Du coup, penser que les extraterrestres sont peut-être là, que notre "moi" ne dépend pas seulement de notre corps physique, qu’il y a peut-être une vie après la mort… C’est vertigineux !

Nous vivons une période intéressante. Avec la crise actuelle, les choses vont changer. Un certain nombre de gens vivent dans une anesthésie quotidienne, d’autres ont une certaine curiosité mais vont l’habiller de philosophie pour se protéger en restant dans l’abstraction. Et puis il y a ceux, et surtout celles car les femmes sont souvent en avance, qui sont prêts à regarder en face ces questions et à y chercher des réponses, parce qu’ils sentent qu’il y a quelque chose.

Comment s’ouvre-t-on aux expériences extraordinaires ?

Je ne veux pas généraliser. Dans mon cas, tout est parti de la mort de mon frère. Lorsqu’il y a eu l’accident, j’ai pris Thomas dans mes bras, il était mort, j’étais en état de choc, et pourtant, j’ai senti quelque chose. C’était comme si j’étais affecté par son trouble, comme s’il était là lui aussi et troublé par son état. Le point de départ de mon questionnement a été "Est-ce que je délire ou est-il vraiment quelque part ?". Ce n’est pas dans le religieux que j’ai trouvé un début de réponse, mais au cours de mes rencontres avec des médecins qui m’ont parlé de la décorporation et des EMI.

Le point de bascule, c’est lorsque l’on arrive à envisager l’idée de son départ et que l’on est capable de se demander ce qui continuera après notre mort. On rentre alors dans un chemin intérieur. Personnellement, mes rencontres avec des chamanes d’Amérique du Sud m’ont aidé à découvrir mon intériorité et ma capacité à appréhender la réalité, à écouter et à parler avec mon frère. Là, on sort de la science pour retrouver le ressenti.

Est-il temps de réunir spiritualité, science et rationalisme ?

On a tout devant nous et tout en main pour réussir ou aller à notre perte. J’aime l’idée de responsabilité : le monde sera ce que l’on en fera. Un jour, alors que ma mère m’avait annoncé que mon grand-père était très mal, je suis rentré dans une église, mais ça aurait pu être n’importe quel lieu de ferveur humaine. Grâce à la ferveur de tous ceux qui étaient là, j’ai pu entrer en contact avec mon grand-père, un contact physique, c’était très fort. En sortant de l’église, je me suis dit que si les hommes étaient capables de ça, ils étaient capables du meilleur.

Vous avez vécu des expériences fortes, quelles perceptions de connexion avez-vous ?

Franchement, je suis encore ceinture blanche ! On est tous capables de percevoir, mais l’on est plus ou moins doué, c’est-à-dire capable d’identifier la source de l’information, d’entamer un dialogue avec elle tout en ayant une distance. Pour l’instant, ce que je ressens est noyé dans mon mental. J’arrive à le saisir, à voir s’il s’agit d’une bonne chose pour moi ou d’une mauvaise. Mais j’ai encore beaucoup à faire !

Quel rapport faites-vous entre l’expérience et la connaissance ?

La connaissance peut nous laisser très démunis, l’expérience non. Elle fait avancer. Mon père, professeur d’hypokhâgne et peintre, est toujours resté dans la connaissance. Mais aujourd’hui, il est démuni car 50% de ses lectures lui ont transmis qu’il n’y avait rien après la mort, les autres 50% qu’il pouvait y aller sans crainte. Il ne sait pas quoi penser.

Quel travail personnel faites-vous ?

J’essaie de m’observer, de me remettre en question. Je devrais faire plus dans mon travail personnel, par exemple, je n’arrive pas à méditer. Cependant, de façon générale, plus j’avance, moins j’ai de certitudes et moins elles ont d’importance. Ma chance, c’est ma femme : nous pouvons discuter de façon très constructive, nos échanges sont riches. Je pense aussi que le cheminement spirituel s’engage aussi dans le travail thérapeutique : le mental se déconnecte pour laisser le corps retrouver son équilibre. Sur les conseils de David Servan-Schreiber, j’ai fait quelques séances d’EMDR avec lui. Ça a été très fort et m’a libéré d’un poids que je ne soupçonnais pas.

Comment ressentez-vous l’énergie ?

Les autres sont l’énergie. Je le perçois très fortement lorsque je fais des conférences : 500 personnes réunies, il y a une force que je ressens et qui est immense ! D’ailleurs, après une conférence, je mets plusieurs heures pour me calmer et réussir à m’endormir tant je suis pénétré par l’énergie des autres. On sait que toute activité électrique génère un champ électromagnétique. Normalement, il s’épuise avec la distance. Mais pensez aux guérisseurs : l’effet se maintient, même à distance. Il n’y a pas de transfert d’énergie, uniquement des perceptions extrasensorielles. C’est formidable !

Quelle est la source de cette énergie ?

Je ne sais pas. Plus ça va, et plus je me dis que cette question n’a pas de sens. J’ai l’impression que chercher à lui donner un nom est une façon de la rationaliser et de m’en éloigner. Je veux me rendre disponible pour vivre des expériences, expérimenter cette énergie, ce contact avec plus grand que moi. Les mots enferment, mieux vaut l’action.

Êtes-vous un pionnier, un visionnaire des temps modernes ?

C’est grandiloquent de dire cela ! Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai l’impression, avec l’INREES, d’avoir allumé quelque chose et qu’il faut continuer à le porter. Il ne s’agit pas de moi, je pourrai quitter l’organisation demain, elle continuerait de vivre. Elle est portée par toute une équipe et la grande communauté qui s’est formée autour. Mais il est vrai qu’avoir fondé l’INREES me donne un certain sens de responsabilité. C’est aussi une force car cette aventure collective me fait sentir vivant.

Quelles personnalités vous inspirent ?

Il y a deux personnes qui ont joué un rôle très important dans ma vie. La première, c’est le Karmapa Orgyen Trinley Dorje. J’ai eu la chance de le rencontrer en l’an 2000, il n’avait alors que 14 ans. Et pourtant, il avait une telle énergie intérieure et une telle intensité dans son regard !

Notre rencontre a été des plus étranges, car je venais l’interviewer pour écrire sa biographie. Il répondait totalement à côté de mes questions, au point qu’après qu’il m’ait dit que j’allais écrire sur les autres êtres qui vivent dans l’univers que sur sa personne, je suis parti.

Sur le coup, je n’ai pas compris l’importance de cet échange. Mais lorsque quatre ans après, je me suis plongé dans le sujet des OVNI pour un documentaire, j’ai fait le lien. Je l’ai revu en 2007 et je lui ai parlé du chemin parcouru depuis notre précédente rencontre. Il m’a répondu qu’il ne s’en souvenait pas mais qu’apparemment, ça m’avait réussi. Et c’est vrai ! En 2000, il a posé quelque chose en moi, c’était inattendu et bizarre, mais ça m’a amené à changer.

L’autre personnalité, c’est John Mack, un psychiatre professeur à Harvard et lauréat du Prix Pulitzer. Il a étudié à partir des années 1990 les phénomènes d’enlèvements extraterrestres racontés par des personnes ne présentant pas de pathologie mentale mais étant victime de symptômes de stress post-traumatiques réels. J’ai lu ses travaux et je suis allé à une conférence qu’il donnait dans le Maine.

Nous avons sympathisé et de retour à Boston, il m’a invité au restaurant avec ses amis. Au cours du diner, j’ai réalisé que ma voisine, une fille parfaitement normale, était une "enlevée". Je l’avais vue témoigner dans un documentaire sur le sujet quelques mois auparavant. Ça a été un choc. J’étais entouré de gens brillants et normaux, et pourtant, il était question d’enlèvements extraterrestres.

Toutes mes certitudes ont été ébranlées : par honnêteté intellectuelle, je suis obligé d’accepter cette réalité, je ne peux plus l’exclure. En même temps, je ne sais pas et je ne peux pas trancher. John Mack a été tué dans un accident de voiture, c’était un homme brillant et il m’a permis de comprendre qu’il y a un espace entre blanc et noir. La vérité qu’une personne nous dit est sa vérité, qui sommes-nous pour la remettre en cause ? 

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