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Coeur d'athlète : Marie-Amélie Le Fur, championne d'athlétisme handisport

"Dans la vie il n’y a pas de performance individuelle. L’humain est ce qui nous fait réellement avancer."
Nguyen Tuan
Coeur d'athlète : saison 1
Audrey Etner
Audrey Etner
Mis à jour le 25 février 2021
A 31 ans, Marie-Amélie Le Fur est une femme accomplie. Triple médaillée d’or paralympique en athlétisme, toute jeune maman, elle vient de sortir son premier livre “Fais de ta vie un rêve” et vise un quatrième titre à Tokyo en 2020. Dans cet entretien pour notre série “Coeur d’athlète” elle nous parle performances, féminité et importance du collectif, tout en optimisme et résilience.

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Elle nous inspire tant que nous l’avions conviée à délivrer son message positif en 2017 sur la scène de l’Opéra Comique, à l’occasion du Parlement du Féminin ( un événement co-organisé par Entrepreneurs d’avenir et FemininBio). L’histoire de Marie-Amélie Le Fur fait partie de l’extraordinaire ordinaire. Sportive de haut niveau depuis son plus jeune âge, aspirante pompier, elle est victime d’un très grave accident de scooter en 2004 suite auquel elle sera amputée sous le genou gauche. Portée par l’espoir qu’une prothèse puisse lui permettre de continuer sa carrière, elle trouve la force de recourir seulement 4 mois après son accident grâce à une prothèse. Au cours de l’année 2005, elle participe à ses premières compétitions handisport.

Marie-Amélie est aujourd’hui détentrice de huit médailles décrochées aux Jeux Paralympiques et élue Présidente du Comité Paralympique et sportif français depuis 2018. Cet été, elle est devenue maman d'une petite Anna, un accomplissement indispensable sur son chemin de vie. Nous l'avons rencontré autour de la sortie de son autobiographie "Fais de ta vie un rêve", livre dans lequel elle se dévoile en toute sincérité. L'occasion de découvrir ou re-découvrir son parcours et les défis qui l'ont façonnée pour l'amener aujourd'hui à relever un nouveau challenge : conquérir un quatrième titre Paralympiques à Tokyo en septembre 2020.

FemininBio : Pourquoi/comment ce sport s’est invité dans votre vie ?

Marie-Amélie Le Fur : J’ai démarré très jeune, j’avais 6 ans et j’accompagnais ma grande soeur à l’athlétisme. Au bout d’un an, j’ai eu envie d’arrêter mais mes parents m’ont incitée à continuer. Très vite, j’ai pris du plaisir à réussir en compétition… jusqu’à mon accident à l’âge de 15 ans. Je n’avais alors qu’une idée en tête : reprendre le sport, et je savais que recourir avec une prothèse était possible. Depuis, je m’applique à ouvrir le champ des possibles pour les jeunes en situation de handicap.

Votre souvenir le plus intense ?

J’en ai énormément mais je parlerai de celui qui m’a marqué le plus au coeur. C’était le Championnat de France sapeurs pompiers en 2005, la course de la reconstruction. Je suis arrivée deuxième de la course, et j’ai ressenti une chaleur humaine unique. Quelle émotion d’être ainsi encouragée par les gens ! Les pompiers m’ont aidé à me reconstruire, ainsi que ma famille… Tous ensemble nous avons réussi !

Votre souvenir le plus douloureux, et comment vous avez rebondi ?

Le plus difficile même si je l’accepte, fut le concours de saut en longueur lors des Championnats du monde 2011. J’arrive avec le record du monde et je perds mes moyens malgré ma super forme. Mes coachs étaient désemparés. J’étais en train de saborder mes capacités et je me fais sortir avant la finale. Cet échec a guidé mes choix d’accompagnement par la suite, notamment de me faire aider d’un préparateur mental.

Quelle place occupe le féminin dans votre carrière sportive ?

Le féminin fait partie de moi, dans ma façon de s’habiller notamment, puisque je suis rarement en tenue de sport en dehors de l'entraînement. Dans ma vie professionnelle, il est important pour moi d’exprimer et d’utiliser ma féminité, qu’elle ne soit surtout pas un frein.
Par ailleurs, la maternité, était l’un de mes projets de vie essentiels, j’en avais besoin pour me construire. Je savais que ce n’était pas idéal pour prétendre à une place aux Jeux Olympiques de Tokyo (2020) mais c’était une étape essentielle pour moi. Je n’aurais pas été heureuse sans ce bébé.

Le principal frein à votre pratique en tant que femme ?

J’ai conscience qu’un enfant prend énormément de temps et d’énergie. Pourtant je veux que les femmes croient en leur capacité et ne s’infligent pas de barrières.
Pour autant, il existe dans le sport une grosse contrainte financière à choisir une grossesse. Certains sponsors décident de ne pas reconduire les contrats, et pour ma part, j’ai la chance d’avoir des partenaires “humains” qui continuent de me soutenir.
Je trouve l’accompagnement un peu “léger” autour des sportifs. Nous sommes trop peu conseillés, peu accompagnés. Pourtant la vie des sportifs de haut niveau peut être plus longue, au delà de 30-35 ans. Je recommande de lire à ce sujet la tribune d’Allyson Felix qui dénonce la politique mise en place par Nike autour de la grossesse. Il faut dire que pour ma part, dans le sport paralympique, les valeurs sont heureusement plus basées sur l’humain.

Quel est votre mot-clé, celui qui vous définit en tant que sportive / femme

L’optimisme. Cela ne veut pas dire que j’échappe tout le temps à la tristesse, mais je suis convaincue que ce qui arrive, se produit pour quelque chose et nous servira pour la suite, et sera même une opportunité pour autre chose. J’ai été élevée dans la joie de vivre, avec une famille très présente. L’accident a forgé mon caractère et celui de ma famille.

Quand vous êtes à bout de force, à quelle(s) ressource(s) faites-vous appel ?

@ Nguyen TuanMes proches, ma famille, mon entourage, mon mari, ma soeur. C’est leur présence qui me permet de continuer à y croire et me ressourcer. 

Sport et environnement : qu’aimeriez-vous rendre plus « éthique » dans la pratique de votre discipline ?

J’aimerai rendre les grandes manifestations sportives comme les Jeux Olympiques plus environnementaux avec une meilleure gestion des déchets, notamment au niveau de l’alimentation et du gaspillage. Il serait nécessaire de profiter de ces événements planétaires pour rationaliser et montrer l’exemple.

Le conseil alimentation de championne que vous avez envie de partager avec nos lectrices ?

Je pratique une alimentation plaisir et je conseille vraiment d’écouter son corps. On le perd avec le temps mais j’essaye de lui donner ce qu’il me demande (dans la limite des bonbons et des sucreries). Cela me rend plus sereine, plus légère.

Quel enseignement/leçon de vie tirez-vous de la pratique de votre sport ?

L’importance des autres, le respect de la part de chacun, la discussion, la communication.
Dans la vie il n’y a pas de performance individuelle. L’humain est ce qui nous fait réellement avancer. On pense être soutenu, accompagné aux travers des réseaux sociaux mais il ne faut pas oublier d’avoir de vraies discussions. C’est la raison pour laquelle j’adore aller donner des conférences ou dans les écoles, à la rencontre de l’autre.

Quel conseil donneriez-vous à une femme qui souhaite démarrer votre discipline ?

De ne pas se comparer, car chacun a son niveau. Je suis vraiment admirative des gens qui se dépassent. L’idéal pour commencer la course c’est de le faire à son rythme, avec ses objectifs, son plaisir, étape par étape. Plus globalement je souhaite que les femmes aient confiance en elles, en leurs capacités. C’est dans la différence que la société se construit et il faut croire en soi, même si l’on ne maîtrise pas 100% des compétences requises pour une activité.

Suivez Marie-Amélie Le Fur sur son site internet
Son compte Instagram.
Son premier livre "Fais de ta vie un rêve" est en librairie depuis le 8 octobre 2019. Editions Plume d'éléphant. 

 

 

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