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La maltraitance des chevaux abattus pour la viande

Uruguay chevaux l214 condition
En Uruguay, les chevaux sont transportés dans des camions vétustes. ©L214
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L 214 Éthique et Animaux
L 214 Éthique et Animaux
Mis à jour le 25 février 2021
Saviez-vous que la France importe 2,4 fois plus de viande de cheval qu'elle n'en produit ? D'où viennent ces chevaux ? A quoi ressemble leur existence ? Où et comment sont-ils abattus ? Enquête au Canada, aux USA, au Mexique, Argentine et Uruguay, par notre partenaire L.214 Ethique & Animaux.

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La France est l'un des derniers pays d'Europe (avec la Belgique, l'Italie ou la Suisse) où la viande de cheval est présente au rayon boucherie des supermarchés. En moyenne, les Français ont consommé 290g de viande chevaline en 2011, bien que les disparités soient importantes au sein de la population. En 2013, la crise du "Horsegate" a beaucoup fait parler de cette viande sur le déclin... 

Mais les conditions de sa production n'ont quasiment pas été évoquées par les grands médias. Saviez-vous que la France importe 2,4 fois plus de viande de cheval qu'elle n'en produit ? D'où viennent ces chevaux ? A quoi ressemble leur existence ? Où et comment sont-ils abattus ? 

Une coalition internationale d'associations, dont L214 (France), la Tierschutzbund Zürich (Suisse), Animals Angels (USA), Eyes on Animals (Pays-Bas) et GAIA (Belgique) est allée enquêter chez cinq des plus gros acteurs du commerce de la viande chevaline : le Canada, les USA, le Mexique, l'Argentine, l'Uruguay. C'est la plus vaste investigation jamais menée à ce sujet. Et les conclusions sont dramatiques. 

Amérique du Nord : des ventes aux enchères à l'abattoir, le long calvaire 

Au Canada et au Mexique, entre 70 et 80% des chevaux destinés aux abattoirs proviennent des États-Unis. Pour ces chevaux de selle ou de course, pas de retraite. Leur dernière épreuve commence dans les ventes aux enchères des USA, où dans le vacarme et la brutalité, leur existence se négocie parfois pour 5 dollars à peine. Chevaux affaiblis, émaciés, parfois blessés, se mettent en route pour des centres de rassemblement avant d'être rechargés en direction des abattoirs. 

Aux frontières canadienne et mexicaine, les bétaillères sont mises sous scellés, privant les chauffeurs de toute possibilité d'aider les chevaux à se relever lorsque l'un d'eux chute à l'intérieur. Les camions ne seront rouverts qu'à l'abattoir. Nos enquêteurs ont suivi, en janvier 2014, un transport de chevaux de la Pennsylvanie jusqu'à l'abattoir québécois des "viandes Richelieu". Les chevaux y ont passé plus de 23h, sans eau ni nourriture. Une précédente enquête de la Coalition canadienne de défense des chevaux a montré que dans deux abattoirs canadiens, les chevaux ne sont pas "étourdis" au matador, comme les bovins. Ils sont abattus au tir au fusil, trop souvent de façon approximative et inopérante sur ces chevaux nerveux et paniqués. 

Argentine, Uruguay : misère dans la pampa 

Ils ont tiré toute leur vie des charrettes dans les villes ou aux champs, ont servi pour les courses ou les compétitions de polo. Les chevaux d'Argentine ou de l'Uruguay ne finiront pas dans les assiettes des consommateurs locaux -l'hippophagie y étant une pratique tabou – mais mourront dans les abattoirs, sur commande des consommateurs français, belges, russes ou japonais. Les lois argentines n'offrent quasiment aucune protection aux chevaux, et les vols de chevaux sont devenus monnaie courante. 

L'Uruguay ne dispose même pas de réglementation en vigueur pour la protection des animaux. Comme en Amérique du Nord, les chevaux sont transportés dans des camions vétustes ou loin de répondre aux normes existantes dans l'Union européenne. Les chutes d'animaux peuvent être fatales. Souvent, des chiens sont utilisés pour rassembler les chevaux qui paniquent en tentant d'échapper aux morsures. Dans les enclos des abattoirs, pas d'abri, des sols glissants, des terres boueuses. 

A l'abattoir Lamar, pas de soins vétérinaires, pas d'abattage d'urgence pour les chevaux sévèrement blessés ou agonisants. Parfois, des juments gestantes. 

Traçabilité proche de zéro – risques pour la santé humaine 

N'étant pas élevés pour la viande, de nombreux chevaux reçoivent au cours de leur vie des traitements pouvant présenter un risque pour la santé humaine. Exemple : la phenylbutazone, un anti-inflammatoire couramment administré aux chevaux, mais interdit aux animaux entrant dans la chaîne de consommation : cette substance est associée, chez l'humain, à des troubles sanguins potentiellement fatals. Aucun de ces pays exportateurs de viande chevaline n'est en mesure de garantir l'absence d'une telle substance chez les animaux abattus. 

La réglementation européenne, stricte sur le papier, se contente dans les faits d'une déclaration sur l'honneur signée par les derniers propriétaires des chevaux et qui ne concerne que les 6 derniers mois de leur vie. Une traçabilité de façade, plusieurs fois discréditée par la découverte de viande testée positive. 

Nos supermarchés coupables

Nous avons enquêté dans les rayons des supermarchés français. La plupart d'entre eux commercialisent de la viande de chevaux provenant de l'un de ces pays du continent américain. Carrefour ? S'approvisionne au Mexique, Canada, Uruguay. Cora, Casino, Henri Boucher ? En Argentine. Les magasins U ? En Uruguay. Leclerc ? En Argentine et au Mexique. Intermarché ? Aux USA et Canada. Auchan ? En Argentine et Uruguay. 

L214 demande à chacune de ces enseignes de cesser la vente de viande chevaline en provenance des pays concernés. 

Bientôt 100.000 signatures. Signez la pétition ! 

En appui à notre campagne, nous avons lancé une pétition adressée aux supermarchés, qui reçut un soutien fulgurant. La pétition approche des 100.000 signatures en 10 jours à peine ! Pour atteindre ce seuil symbolique, nous vous encourageons vivement à la signer et à la partager avec vos amis. Nos voix peuvent faire la différence !

L'exploitation des chevaux en question 

Au-delà de la maltraitance des chevaux sur le chemin de leur mise à mort, cette enquête pose la question profonde de l'utilisation des équidés dans les activités commerciales ou de loisir. La maltraitance commence-t-elle le jour de leur envoi à l'abattoir, ou n'est-elle que la suite "logique" de l'exploitation lucrative des chevaux dans les centres hippiques ou les activités marchandes ? 

Cette enquête est aussi un appel à repenser notre rapport aux chevaux, et plus généralement à tous les animaux privés de leur liberté. Dans plusieurs villes d'Amérique du Sud, les citoyens se mobilisent pour remplacer les chevaux de trait circulant dans les rues, souvent surchargés de marchandises ou de détritus

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