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Comment manger du poisson non pollué sans risque pour la santé et la planète ? Réponses avec Food4Good

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Thomas Canetti, de Food4Good, mouille la chemise pour vous trouver le meilleur poisson éco-responsable // Bitstrip
Claire Seznec
Claire Seznec
Mis à jour le 25 février 2021
Manger du poisson pour les oméga 3 ou l'éviter à cause de la surpêche et de sa chair bourrée de produits toxiques ? Thomas Canetti a fondé la 1ère marque française éco-certifiée Bio et MSC Pêche durable Food4Good, pour "faire sa part" et sauvegarder la biodiversité. Il met à mal les idées reçues et répond à nos questions.

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Thomas Canetti, fondateur de Food4GoodLa polémique entourant le poisson que nous mangeons n’en finit plus de s’étoffer. Notre consommation non responsable, la pollution et les toxiques créés par notre mode de vie se retrouve immanquablement dans les eaux de notre planète. De fait, la chair du poisson se retrouve bourrée de pesticides, de mercure... Sans compter les antibiotiques et farines animales venant des élevages intensifs de poisson. Les poissons d’eau douce sont aussi à éviter. 

A l'origine très bon pour notre santé grâce aux vitamines et oméga 3 qu'ils contiennent, le poisson est devenu dangereux voire inapte à la consommation. Doit-on alors arrêter d'en consommer ? Ou consommer différemment ? Moins souvent, plus responsable ?

Autre problème de cette industrie : la surpêche, récemment illustrée par le chalutage profond. Même si 47% des poissons que nous mangeons proviennent d’élevage, les ressources s’épuisent rapidement. La liste des poissons en voie de disparition n’a de cesse de s’allonger. De nouvelles espèces de poissons sont en danger, mais également la flore océanique. 

Thomas Canetti, président fondateur de Food4Good, nous aide à nous y retrouver en mer inconnue. 

Food4Good, c'est quoi ?

Food4Good est la première marque française de produits de la mer 100% éco-certifiée BIO ou MSC Pêche durable. J’ai pensé à Food4Good pour la première fois en 2008 parce que de plus en plus d’amis ou de proches me demandaient quel poisson ils pouvaient choisir. Tous avaient entendus les problèmes sur le thon rouge et d’autres espèces, et avaient envie de faire attention à ce qu’ils achetaient.

Mais ils n’arrivaient pas à trouver une réponse claire chez le poissonnier ou en magasin. Mon objectif était donc de développer une offre simple qui garantissait de pouvoir "continuer à manger du bon poisson sans abîmer la planète". 

J’ai développé le projet en 2010. Aujourd’hui, Food4Good propose 4 espèces certifiées MSC et 5 espèces BIO, exclusivement dans le réseau spécialisé Bio en France et en Belgique. Plus de 300 magasins proposent nos produits.

Pourquoi vous être personnellement engagé dans cette aventure ?

Depuis tout petit, je suis amoureux de la nature. J’ai eu la chance de pouvoir voyager : observer les orang-outangs à Borneo, les albatros du Galapagos ou encore nager avec les baleines à bosse. Je crois que la richesse inouïe de la nature doit nous inciter à faire preuve de beaucoup d’humilité et à œuvrer à la préservation de cette biodiversité.

Par ailleurs j’aime déguster de bonnes choses, et j’avais aussi envie de faire (re)découvrir les saveurs du bon poisson. C’est dans cet esprit que j’ai créé Food4Good. J’ai constaté que les consommateurs ont pris conscience de l’urgence de la protection des ressources marines. Face à ce problème, l’offre est encore très complexe. Certaines ONG ont lancé des campagnes, des guides informatifs des espèces consommables mais les informations ne sont pas claires. Food4Good a été créé afin d’offrir une gamme complète, simple et claire de poissons que l’on peut consommer en gardant la conscience tranquille.

Quels sont les constats alarmants qui concernent le poisson aujourd'hui ?

L’enjeu le plus important est celui de la surpêche qui décime certaines espèces ou certains stocks de poissons. Cela veut dire qu’on pêche trop et qu’on ne laisse pas assez de poissons pour se reproduire. Exactement comme quand on coupe les arbres d’une forêt plus vite qu’ils ne poussent, à la fin il n’y a plus d’arbres...

Evidemment il ne faut pas pêcher des espèces menacées, comme le thon rouge, mais aussi des "prises accessoires", c’est-à-dire qui se retrouvent accidentellement dans les filets ou pris dans les lignes, comme les requins, les tortues, les dauphins, les albatros etc. Certaines pêcheries ont pu mettre en place assez facilement des mesures très efficaces pour limiter drastiquement ces erreurs. C’est le cas de la pêcherie de merlu en Afrique du Sud qui, dans le cadre de sa certification MSC, a développé des sortes d’épouvantails qui effraient les oiseaux marins et les empêchent de s'approcher des chaluts.

Viennent ensuite des considérations liées à la pollution de la mer, les métaux lourds et autres contaminants. En réalité, les risques sont beaucoup plus limités dans le poisson sauvage que ce que les gens imaginent. Le problème des poissons issus d’élevage intensifs, antibiotiques pesticides etc, tout cela est plus preoccupant.

Cela concerne-t-il tous les poissons / fruits de mer sans distinction ?

Oui, ce sont tous des organismes vivants et à ce titre ils sont tous potentiellement sujets à surpêche. Malgré cela, tous les poissons et fruits de mer ne sont pas en danger. Certains stocks se portent très bien. La difficulté pour chacun d’entre nous est de savoir, pour ce poisson qui est dans mon magasin, chez mon poissonnier, s’il provient de tel ou tel élevage, de telle ou telle pêcherie, durable ou non. Bien souvent le marchand lui-même ne le sait pas. 

Avec les récents coups de projecteur sur les substances toxiques contenues dans la chair des poissons, on comprend le besoin de se tourner vers une pêche responsable. Comment s'y prend Food4Good pour proposer des poissons sains ?

D’abord par une sélection rigoureuse des espèces proposées : certaines ont moins de risques que d’autres d’accumuler ces fameux contaminants dans leurs chairs. Soit parce qu’elles ne sont pas en bout de chaine alimentaire, et donc ne mangent pas de poissons contaminés; soit parce que leur longévité ne leur permet pas d’accumuler suffisamment de ces contaminants; soit parce que ce sont des poissons maigres, quand certaines toxines se fixent prioritairement dans les lipides.

Ensuite, par une sélection des zones de pêche ou d’élevage. Nous savons exactement où sont pêchés nos poissons. Vous pouvez trouver du cabillaud certifié MSC en mer Baltique, mais nous refusons tout produit issu de la Baltique, et notre cabillaud MSC vient donc du Nord de la Norvège.

Enfin, par des campagnes d’analyses par des laboratoires indépendants. Notre dernière campagne montre que nos poissons ne contiennent pas de plomb ni de cadmium (en quantités tellement faibles qu’elles ne sont pas détectables), et en ce qui concerne le mercure, il est quasiment toujours présent dans la chair des poissons, mais chez nous à des niveaux très faibles, c’est-à-dire 20 fois inférieurs aux limites réglementaires.

Food4Good propose 9 espèces de poissons. Pourquoi le choix de ceux-ci en particulier ?

Pour la disponibilité d’un produit de qualité avec un écolabel. Et aussi parce que ce sont les espèces les plus recherchées par les clients français, il était donc important de leur proposer une alternative saine et durable.

Pouvez-vous nous rappeler les bienfaits du poisson sur la santé, lorsque sa chair est saine ?

Les différentes espèces apportent une quantité de vitamines, oligo-élements et minéraux indispensables au bon fonctionnement de notre organisme... et en quantités importantes.

Sans oublier bien sûr les fameux omega-3, apportés par les poissons gras comme le saumon (puisque ce sont des acides gras) mais pas par les poissons maigres comme le merlu. Nous indiquons toujours ce que chaque espèce apporte.

Ainsi le saumon sauvage vous apportera omega 3 et vitamine D, le saumon bio contiendra plus de vitamine E, pour le cabillaud ce sera iode, selenium, potassium et phosphore, enfin dans les gambas bio ce sont vitamine E et B12, zinc et cuivre qui seront les plus présents.

Lors de l'émission Envoyé Spécial "Poissons, élevage en eaux troubles", l'auteur de l'enquête donnait 3 conseils pour continuer à manger du poisson : éviter les poissons gras, éviter les trop gros poissons qui accumulent les toxiques, se renseigner sur l'origine des poissons que l'on mange. Êtes-vous d'accord avec ces recommandations ? En avez-vous à ajouter ou à compléter ? 

La seule recommandation avec laquelle je suis d’accord est la deuxième "éviter les trop gros poissons qui accumulent les toxiques" : mais on parle vraiment des très gros poissons comme les gros thons, requins, espadons etc. Ce sont eux qui vivent très longtemps, sont en bout de chaine alimentaire et accumulent le plus de toxines.

Les 2 autres recommandations sont inutiles voire dangereuses. Utopiques car il est presque impossible de "se renseigner sur l'origine des poissons que l'on mange". Pêche ou élevage ne vous apprendra rien pour décider. Dangereuses car c’est dans les poissons gras que se trouvent les omega 3. Donc si vous éviter les poissons gras... bye bye les omega 3. 

Comment être sûr de consommer responsable ?

Pour manger responsable, il faut absolument choisir un écolabel indépendant, qui seul garantit un vrai contrôle des méthodes de pêche ou d’élevage. Quant à manger sainement, rien de tel que la diversité : varier les aliments, les espèces, ce qui est toujours une bonne chose.

Poisson sauvage ou d'élevage, vers quoi est-il préférable de se tourner ?

Depuis environ 15 ans, les pêches mondiales stagnent à 90 millions de tonnes, tandis que la consommation de poisson mondiale augmente. L’aquaculture est une réponse à cette demande : plus de 95% du saumon et de 80% des bars et daurades royales vendues en France proviennent d’élevages. De même que l’agriculture terrestre (fruits, légumes, viandes) peut être intensive ou respectueuse de l’environnement et de la santé (BIO, Demeter, Nature et progrès), il existe d’un côté des élevages intensifs de poissons, et de l’autre des élevages bio. 

Food4Good a donc sélectionné des espèces que l’on trouve majoritairement issues de l’aquaculture (saumon, bar, daurade royale, moules, crevettes) ainsi que les meilleurs élevages, exclusivement labellisés BIO. D’ailleurs les bio’consommateurs sont très partagés sur la question. Environ la moitié préfère le sauvage car "plus naturel", l’autre moitié préfère l’élevage bio car "plus contrôlé".

Votre avis sur le chalutage profond dénoncé par Bloom et récemment mis sous le feu des projecteurs par la BD de Pénélope Bagieu ?

On a tellement pêché qu’on a manqué de poissons près des côtes. Alors il a fallu aller plus loin et puis on a manqué de poisson. On a fait des bateaux encore plus puissants, puis on a encore manqué de poisson. On est allé pêcher plus profond, des espèces qu’on ne connaissait pas, qui mettent 100 ans à se reproduire, et on manque toujours de poisson. Et après quoi ?....

L’homme saura-t-il un jour rester humble devant la nature, la respecter et la préserver ? Saura-t-il en admirer la beauté au lieu de la détruire ? Saura-t-il mettre lui-même des limites à son pouvoir technologique devenu effrayant ? A titre personnel j’en doute mais "je fais ma part", comme dit le colibri, et je refuse le chalutage profond dont nous n’avons besoin ni pour faire vivre les marins ni pour nourrir la planète.

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