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Une énorme campagne pour réhabiliter l’huile de palme  durable ?

Huile de palme durable
La campagne "Huile de palme durable" lancée par l'Alliance Française pour une huile de palme durable
Stéfane Guilbaud
Stéfane Guilbaud
Mis à jour le 25 février 2021
Rétablir la vérité sur l'huile de palme durable, parler du fruit du palmier et des qualités "étonnantes" pour expliquer pourquoi cette huile et ses dérivés est utilisée en masse dans "les produits que vous aimez". C'est l'objet de la campagne "Huile de palme durable". Notre expert Stéfane Guilbaud a décrypté le site internet lancé pour l'occasion.

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Une énorme campagne pour réhabiliter l’huile de palme durable ? 

Mais à quel titre ? Qui souffre le plus : la forêt, les producteurs, les consommateurs ou les acteurs industriels ? Les questions-réponses trouvées sur le site huiledepalmedurable.org pourront-elles nous éclairer sur le sujet ?

Décryptage…

En découvrant ce site, on se rend vite compte qu’une telle action de communication fait office d’arbre qui cache la palmeraie. Quelle industrie est-elle à ce point menacée par des consommateurs récalcitrants pour devoir réaliser une campagne sur un tel sujet ? (Cela me rappelle la dernière campagne pour acheter son pain). Nous ne parlons pas ici de ne plus manger un fruit particulier ou un légume, mais bien une huile, produite à des milliers de kilomètres et transformée par l’industrie pour l’intégrer dans ces propres aliments. Nous ne maitrisons pas son utilisation, c’est l’industrie qui l’impose à travers l'offre en rayon. Je ne comprends donc pas l’initiative d’une telle démarche, à part peut-être celle de consommer industriel ?

D’autre part, dans les mentions légales du site, nous ne trouvons aucune trace du financement de ce site. Le directeur de publication de ce site se nomme "Huile de Palme". Cela fait-il sérieux tout cela ?

Le site nous propose des questions/réponses. 

L’huile de palme est-elle utilisée pour son avantage économique ?

Quelle que soit la réponse, cette phrase me rappelle la logique des communications de crise. En marketing, on a pour habitude de mettre en avant la question qui gêne le plus, afin de répondre rapidement avec les arguments de nos choix. Technique, que j’utilisais moi-même, pour défendre un secteur, un service, un produit avant même qu’il ne soit démonté ! Curieusement placée en première place, cette question semble primordiale.

La production de l’huile de palme peut-elle être durable ?

L’idée du RSPO (Round table of sustainable palm oil – Table ronde pour une exploitation durable de l’huile de palme) est de justement produire de l’huile de palme durable. WWF (World Wide Fundation) ayant participé à cette démarche, explique que les terres nécessaires pour la nature et l’homme ne doivent pas être converties en plantations. De plus, dans une plantation certifiée RSPO, les pollutions et les déchets doivent être réduits et les feux évités. Mais à juste titre, WWF rappelle aussi que le consommateur doit favoriser en priorité une alimentation moins transformée, de saison, locale et durable, voire biologique.

Durable est une chose, mais surproduire, même en durable, va entraîner des soucis. On a trop fait croire, ou pas assez appris, à l’homme que les ressources naturelles ne sont pas durables. Nous prenons à la nature, nous la pillons, quel que soit le mode – lent ou rapide. Donc, si on surproduit, on surconsomme et on surexploite nos ressources.

L’huile de palme est-elle mauvaise pour la santé ?

Le site nous répond : Non, l’huile de palme est un ingrédient d’origine naturelle consommé depuis des milliers d’années.

Mais ce que le site oublie de préciser c’est que les consommateurs d’huile de palme africains, brésiliens ou encore indonésiens, utilisent l’huile « rouge » brute, et vierge de tout traitement de raffinement. Il s’agit d’une huile rouge, à forte odeur, riche en carotène et en vitamine E et utilisée ponctuellement avec un poulet au riz ou autre.

La version industrielle est désodorisée, raffinée, perdant au passage toutes ses principales propriétés. Si on se penche sur le fait que l’utilisation de cette l’huile est millénaire, c’est que l’on s’attache aux traditions, non ? Alors pourquoi les marques se sont-elles, ces dernières années, empressées de modifier leurs listes d’ingrédients des produits de notre enfance : beurre en huile de palme et triglycérides divers, sucre en HFCS 55 – glucose fructose, caramel en E150d… et j’en passe. Nous, consommateurs, aimons les recettes ancestrales qui ont fonctionné par le passé. [lire cet article]. 

Les acides gras de l’huile de palme ne sont pas plus néfastes qu’un autre produit contenant du gras saturé ou hydrogéné. Le problème ne vient pas de là, mais de beaucoup plus loin.

Au début des années 1960-70, nos aliments ne contenaient pas autant de gras trans… tout simplement. Aujourd’hui, comment échapper, au rayon biscuit, aux huiles saturées. Nos enfants ne mangent pas la même chose que leurs parents, quarantenaires, lorsqu’ils avaient le même âge. L’industrie a investi la moindre parcelle, y compris chez nos artisans restaurateurs, boulangers, pâtissiers, chocolatiers… 

Alors, comment échapper aux ingrédients industriels et de surcroit cette huile si bon marché ? L’huile de palme a des effets athérogènes et l’ANSES (Agence Nationale de SÉcurité Sanitaire) ne s’y trompe pas en mentionnant que "les lipides ont des effets bénéfiques sur la santé à condition de diversifier les apports en graisses végétales et animales pour respecter l’équilibre des apports entre les différents acides gras. À l’exception de l’huile de palme (très riche en acide palmitique et présente dans de nombreux produits manufacturés), il est conseillé de consommer et de diversifier les huiles végétales (les huiles de colza et de noix sont les sources principales d’acide alpha linolénique)."

Les Français consomment-ils trop d’huile de palme ?

Aux dires du site qui répond : « … environ 5 g par jour d’huile de palme en moyenne [soit] 6 % de sa consommation totale de lipides. [Côté] nutrition… représente environ 10 % de l’apport quotidien conseillé en acides gras saturés, en France. », nous en consommons peu. Le chiffre semble venir d’une étude réalisée par Findus® ? On peut alors se demander la raison de ce soudain questionnement qui interpelle la marque. S’il s’agit d’une étude réalisée par un organisme indépendant, il serait bon d’en connaître la source ! 

Ce site a le mérite d’exister et de présenter une alternative à la production insouciante, massive et destructrice, et WWF ne s’y est pas trompé en agissant au côté du label RSPO.

Toutefois, le site aurait pu se passer des questions de santé, car il se justifie sur des problèmes qui n’engagent en rien la mission de la RSPO. On peut alors se demander quelle est la réelle mission de ces pages web ?

Des questions sans réponse…

Comment cuisiner sans huile de palme ?

Comment trouver un apprenti pâtissier qui ne soit déjà formé au métier de la viennoiserie à l’huile de palme et non au beurre, quand il sort de l’école ?

Lire aussi :

- Qu'est ce que l'huile de palme durable ?

- Huile de palme, le petit guide vert

- RSPO ou la mauvaise blague du durable http://vivresanshuiledepalme.blogspot.fr/2012/02/rspo-ou-la-mauvaise-blague-du-durable.html

- L'huile de palme, vraiment mauvaise pour la santé ?

Sur FemininBio :

- Des pâtes à tartiner bio sans huile de palme

- Huile de palme et cosmétique bio

- Savez-vous ce qu'huile de palme veut dire ? 

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