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La vérité sur les nanoparticules

Mis à jour le 25 février 2021
Les nanoparticlues sèment le trouble en cosmétique conventionnelle, on les retrouve dans les solaires, mais pas seulement, on détecte leur présence dans le maquillage et également dans les soins capillaires. Décryptage avec Valérie Marcadet, Directrice de la Recherche et Développement cosmétique pour le Groupe Léa Nature, qui vient de développer pour So' BiO étic, une gamme de maquillage bio sans nanoparticules.

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La vérité sur les nanoparticules

On parle souvent des nanoparticules dans les solaires conventionnels, mais rarement dans le maquillage
Le Règlement « Cosmétiques », voté le 24 mars 2009 au Parlement européen, introduit une définition du nanomatériau : un matériau non soluble ou bio-persistant, fabriqué intentionnellement et se caractérisant par une ou plusieurs dimensions externes ou par une structure interne, sur une échelle de 1 à 100 nm.

Pourquoi ? Où les trouve-t-on ?
Même s'il y a eu un engouement sur les applications potentielles des nanotechnologies, une grande partie des applications commercialisées se limite à l’utilisation d’une « première génération » de nanomatériaux passifs. Cela inclut les nanoparticules de dioxyde de titane (20 ans) et d’oxyde de zinc dans les crèmes solaires et les cosmétiques.
Au début, les cosmétiques avaient uniquement recours aux nanomatériaux sous la forme de nanoparticules de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc, trouvant leur principale utilisation dans les produits solaires c’est une des raisons pour laquelle on  parle plus souvent des nanoparticules dans ces produits car ils ont ouverts la voie à d’autres utilisations connues dans les cosmétiques d’aujourd’hui. On les retrouve dans les fonds de teint, les rouges à lèvres, les fards à paupières…

Quel est leur rôle ?
Les produits de maquillage aux effets "nacrés" ou "lumière" reposent sur les propriétés optiques des nanoparticules. Des fonds de teint "spécial lissant" contiennent des combinaisons de nanoparticules de dioxyde de silicium et de dioxyde de zinc, qui retiennent les enzymes à l’origine de la sécheresse et de la rugosité de la peau. Même les pâtes dentifrices contiennent des nanoparticules de fluorure de calcium! On retrouve aussi des  nano oxyde de fer dans les rouges à lèvres ce qui permet d'augmenter leur tenue.

Le noircissement réversible des pigments utilisés dans les fonds de teint, selon la longueur d’onde et / ou l’intensité de l’illuminant, est une propriété intéressante. En effet, grâce à l’utilisation de telles particules, que le fond de teint soit exposé à une lumière naturelle ou à une lumière artificielle, le résultat maquillage reste identique. Certaines nanoparticules possèdent cette propriété.

Le carbon black ou noir de carbone utilisé comme pigment se retrouve par exemple dans le mascara double extension d'une célèbre marque de cosmétiques conventionnels, intégrant des pigments nouvelle génération, deux fois plus intenses que des pigments noirs classiques.

En quoi sont-elles nocives pour la santé ? Quels sont les risques ?
Pour des tailles de l'ordre du nanomètre, les caractéristiques électriques, mécaniques ou optiques des matériaux changent. Certaines études toxicologiques indiquent que les nanomatériaux peuvent pénétrer les barrières biologiques naturelles (alvéolo-capillaire, hémato-encéphalique, hémato-placentaire, membrane cellulaire, membrane nucléaire...) leur diamètre leur permettant de franchir la barrière de l’épiderme, on peut alors retrouver des traces de ces nanoparticules dans le sang ou les urines. Dans ce cas, il existe probablement des risques de toxicité vis-à-vis de l’organisme.

Comme le rappelle le groupe ETC (groupe d’étude canadien sur les technologies) dans son dernier rapport sur les nanotechnologies  : « de manière générale, plus les matériaux sont petits, plus ils réagissent vite et violemment. Par exemple, le carbone, sous forme de mine de crayon est tendre et malléable, alors que sous forme de nanotubes, il devient beaucoup plus résistant que l’acier. »  (janvier 2003, l'organisation écologiste canadienne Action Group on Erosion, Technology and Concentration (ETC) a publié un rapport intitulé "The Big Down" sur les nanotechnologies et leurs impact potentiel sur la société).
 Le CIRC (Centre international de Recherche sur le Cancer, organe de l’évaluation de l’OMS) a émis l’hypothèse que le dioxyde de titane pourrait être cancérigène s’il entre en contact avec les cellules pulmonaires et l’a classé, en 2006, en 2B, carcinogène possible chez l’homme, par inhalation (Aitken, R.J. et Al.  A Review of completed and near completed environment, health and safety research on nanomaterials and nanotechnology.2009, IOM, p.198).
D’un point de vue scientifique, les nanomatériaux sont questionnés sur deux types de risque : une réactivité cellulaire et tissulaire particulière en rapport avec leur très petite taille (pour la même quantité de matière, la surface de contact est plus grande), et un risque de passage de barrières physiologiques, comme la peau ou la barrière pulmonaire.

Par ailleurs, la même interrogation se pose s’agissant de la dissémination de ces particules dans les écosystèmes, leur histoire naturelle étant encore mal connue.
En ce qui concerne les nanomatériaux solides en général, le même avis du Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs reprend les interrogations soulevées plus haut sur l’éventualité d’une plus grande réactivité moléculaire, sur le passage à travers des barrières naturelles et sur l’empreinte environnementale. (Avis du SCCP/114/07 du 18 décembre 2007).
Dans le cadre des questions actuellement posées sur la sécurité des nanomatériaux utilisés en cosmétique, l’industrie cosmétique poursuit ses travaux : des études scientifiques sont en cours afin de préciser les propriétés des nanomatériaux solides et d’en confirmer l’innocuité, notamment dans le cadre de REACH et des programmes mondiaux sur l’évaluation des nanotechnologies.

Actuellement, aucune méthode d’identification officielle pour les  nanoparticules n’a été mise en place, permettant ainsi à certaines entreprises ou fabricants  de détourner le règlement cosmétique à leur avantage en déterminant le diamètre des particules à leur gré de façon à gagner quelques nanomètres supplémentaires. Ainsi ces derniers ne sont pas dans l’obligation de déclarer ces substances comme le stipule le nouveau règlement cosmétique.
Ecocert a d’ailleurs décidé d’appliquer le principe de précaution depuis le 01/01/2008 en n’acceptant plus aucunes nanoparticules (100nm) et  « demande aux opérateurs de substituer avant le 31/12/2010, toutes les formules contenant des ingrédients minéraux pour lesquels la taille des particules n’est pas renseignées ».

Quelles sont les alternatives en cosmétiques certifiées ?
Aujourd’hui, en cosmétique certifiée les nanotechnologies sont interdites et  il n’existe pas d’alternative connue pouvant rivaliser avec ces dernières. L’accent est mis sur la découverte de nouvelle matière première et de nouvelles techniques de formulations.
Le règlement cosmétique impose un nouveau système d’encadrement des nanomatériaux. Il impose à toute entreprise souhaitant commercialiser des nanomatériaux d’en informer, 6 mois avant leurs mises sur le marché, la commission européenne et d’indiquer la présence de ces derniers dans la liste des ingrédients dès 2013.

Expliquez-nous le lien entre Nanotechnologie et soins conventionnels
On retrouve de nombreux produits de soins qui contiennent des nanoparticules, il s’agit pour la plupart de grandes marques de luxe.
Des actifs sont encapsulés dans ces nanoparticules pour leur donner de nouvelles propriétés. Elles améliorent ainsi le pouvoir couvrant, adhérent et pénétrant des produits cosmétiques. En d’autres termes, elles augmentent l’efficacité des cosmétiques. Par exemple, on utilise sous forme de nanoparticules l’oxyde de titane pour éviter le blanchiment de la peau lorsque vous vous enduisez de crème solaire. On encapsule aussi les vitamines E pour leur permettre de passer la barrière cutanée.
En 2006, l'association écologiste Amis de la Terre a rappelé que certains des plus grands noms des cosmétiques continuent de vendre des produits contenant des ingrédients nano- technologiques alors qu’il y aurait de plus en plus de preuves que ces matériaux peuvent être toxiques pour les humains.

Les soins capillaires seraient aussi concernés par les nanotechnologies ?
On parle peu de l’entrée des nanotechnologies dans le domaine du capillaire. Pourtant elle existe et commence à faire parler d’elle :

  • Une marque de soins capillaires lance un nouveau produit basé sur les nanotechnologies : « essence nanofixante », qui s’inscrit dans la lignée « technique » des noms des produits de la même marque grâce au nanofix, une nanomolécule fixante, invisible et sans résidus. Le lancement de cette gamme est prévue en juillet 2011.
  • L'une des technologies les plus avancées dans le domaine du soin des cheveux est la méthode de nano kératinisation. La nano kératinisation est une découverte technologique des plus avancées qui se sert de kératine nano moléculaire, composée de particules si minuscules qu'il est possible d'en placer des millions dans une tête d'épingle! De minuscules dépôts de vapeurs, ayant une capacité de pénétration exceptionnelle, font entièrement pénétrer la kératine nano moléculaire dans la structure du cheveu abîmé. A l'étape suivante, les nano molécules s'incrustent dans le cheveu grâce à une brume de vapeurs supplémentaire, encourageant la formation de kératine permanente et non soluble, identique à la kératine naturelle !
     

4 questions sur les soins solaires

Il peut y avoir encore des nanoparticules dans les solaires bio jusqu'à fin 2010 ?
Oui c’est possible de retrouver des nanos dans certaines marques certifiées.

Comment font les marques bio pour formuler des solaires et que le résultat ne soit pas blanchâtre sans nano (plus c'est blanc, plus les particules sont grosses et moins il y a de risque). Donc existe-t-il des substituts aux écrans minéraux pour les solaires bio ?
Il n’y a pas de substituts aux écrans mais un "savoir-faire formulation" qui évolue et permet de diminuer l’effet blanc.

Par ailleurs, prenons l'exemple de Bergasol qui formule en bio avec la mention sans nanoparticules. Regardons la formule (qui au test d'application n'est pas très blanchâtre) : elle contient du dioxyde de titane et de l'oxyde de zinc. Si les particules sont de 102 nm, sont-elles considérées comme des "nano" au sens de la législation ? A priori non. Mais à 102 nm passe-t-on quand même la barrière cutanée ? Autrement dit, existe-t-il un moyen de contourner la loi en étant juste au-dessus,  le danger reste le même ? La limite de 100 nm a-t-elle était fixée en fonction de cela ?
Il fallait fixer une limite : 100 nm est acceptable (micron). Nous même allons vérifier que nos produits ne passent pas la barrière cutanée. La difficulté est que comme la mesure n’est pas normée aujourd’hui (3 dimensions non égales), les producteurs de matières premières adoptent la méthode la plus avantageuse. Nous avons vérifié ce point lors de l’homologation de nos écrans minéraux.

Dans vos formulations, si vous utilisez du dioxyde de titane et de l'oxyde de zinc, à quelle taille les réduisez-vous pour éviter tout danger ?
Supérieure à 150 nm, pour être sûre que cela soit sans risque.


Zoom sur Valérie Marcadet


Collectionneuse et passionnée de parfums depuis l’âge de 15 ans, j’ai découvert très tôt le monde de la beauté, ce qui a guidé mes choix de formation puis de carrière.

Diplômée du DESS de l’Isipca, j’acquière mon expérience de formulation cosmétique au sein des Laboratoires Payot pendant 4 ans. Je passe ensuite 2 ans dans une société de formulation à façon, Derma Développement, en tant qu’ingénieur technico-commerciale avant de rejoindre Givenchy (groupe LVMH), où j’occupe différents postes pendant 7 ans (coordination marketing / production, responsable qualité). En 2007, je rejoins le Groupe Lea Nature où je m’occupe de la direction de la R&D cosmétique depuis 2008.

Après 12 ans passés dans la cosmétique conventionnelle, je suis aujourd’hui une bio convertie et bio convaincue.
Sans ambition de convertir chaque personne au bio, je pense aujourd’hui que nous devons appliquer le principe de précaution vis-à-vis des molécules de synthèse comme les nanoparticules et les filtres chimiques.

Nous allons lancer en 2011 une gamme de produits solaires nouvelle génération à l’aide d’écrans minéraux micronisés et non nanonisés sans application blanche.

Nos autres axes de recherche se tournent vers le capillaire (nous venons de déposer 1 brevet sur une formule de shampooing qui sort en septembre 2010) et d’autres produits de maquillage en particulier un fond de teint nouvelle génération pour remplacer les incontournables « Eau sans silicone » du conventionnel.

Nous effectuons également des recherches sur l’efficacité anti-rides à travers de nombreux extraits végétaux.
Valérie Marcadet

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