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Chiche, j'arrête d'être parfaite !

Rencontre avec Cindy Ghys, auteur de "J'arrête d'être parfaite"
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Les lectures de Claire
Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Bien sûr, vous n'êtes pas perfectionniste. Mais vous aimez bien que les choses soient bien faites, comme vous aimez, au carré... en fait, si vous êtes un peu perfectionniste. Et si il était temps de lâcher prise ?

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Le perfectionnisme est-il un trait de caractère ou un comportement acquis par l'éducation ?
J’ai remarqué qu’il y a des enfants qui aiment particulièrement trier, ranger ou que les choses soient ordonnées. Par exemple l’une de mes filles range ses chaussons en les mettant toujours côte à côte le long du mur. Honnêtement je ne lui ai jamais appris à faire ça. Je suis plutôt du genre à ne jamais savoir où j’ai laissé traîner mes chaussons et c’est une chance si je retrouve la paire au même endroit. Cela vient d’elle, de sa personnalité. Le perfectionnisme par contre c’est un conditionnement, une sorte d’injonction dans certaines familles où le “sois parfait”, “soit comme il faut”, est très présent. Parfois le message passe même sans être exprimé de générations en générations. Typiquement on retrouve ça dans les familles qui ont une vision très manichéenne, de “ça c’est bien”, “ça c’est mal”, “ça ça s’fait”, “ça ça s’fait pas”. Egalement dans l'éducation traditionnelle où il y a un rapport de force qui est instauré entre le parent et l’enfant avec une notion de chef : “tu fais ce que je te dis, quand je te le dis et comme je te le dis”, en gros “sois parfait” !

La perfection est un Graal qui est presque inatteignable par définition. Pourquoi en fait-on malgré tout un objectif ?
Presque ? C’est inatteignable ! Quand on recherche la perfection, on est comme l’âne monté par Louis de Funès dans le film La folie des Grandeurs : malheureusement, on avance vers une carotte qu’on ne se mettra jamais sous la dent ! Je pense qu’on fait malgré tout de la perfection un objectif, car on a l’irrésistible envie de se prendre pour Dieu. Depuis la nuit des temps on nous parle de la première femme, Eve, qui croque un fruit parce qu’elle ne se sent pas assez et qu’elle croit que c’est une opportunité pour elle d’être plus intelligente. Je pense que c’est en nous parce que nous sommes des êtres libres de choisir entre prendre le contrôle ou laisser le contrôle à plus grand et plus large que soi-même.

Où est la frontière entre "vouloir faire bien les choses" et "être perfectionniste" ?
La frontière ou disons le point de bascule se situe quand on réalise qu’on se sent toujours coupable de “peut mieux faire” et qu’on perd son temps, son énergie et parfois même ses relations pour des détails. J’ai eu une cliente qui me disait “je ne suis pas perfectionniste c’est juste que j’aime que les choses soient bien faites”. Et en parallèle elle me racontait qu’elle se disputait avec son chéri parce qu’il rangeait (d’après elle) n’importe comment les assiettes dans le lave vaisselle et qu’elle devait repasser sans cesse derrière lui. Elle repassait aussi après lui quand elle jugeait que le linge n’était pas bien étendu. En réalité elle avait du mal à l’admettre mais elle était constamment dans le jugement que ça pourrait être mieux, et surtout dans l’illusion que sa manière est forcément meilleure. Quand on est perfectionniste on a un petit juge à l’intérieur qui tyrannise tout le monde, à commencer par soi-même…

En quoi le perfectionnisme nous empêche-t-il de profiter du moment présent ?
Quand on est perfectionniste on a tendance à se raconter des histoires, des scénarios hollywoodiens où l’on se compare, où l’on est embarqué dans une spirale du drame et forcément à ce jeu là on perd à tous les coups ! Par exemple, tu imagines que si tel gars t’a fait ce regard pendant que tu étais en train de manger ton burger, c’est sans doute parce qu’il te trouve grosse et qu’il se dit que t’aurais mieux fait de prendre une salade. Si Margaux de la compta ne t’a pas dit “bonjour” c’est forcément qu’elle ne peut pas te voir en peinture. Ou encore si tu es en retard ou que tu t’es trompée de sortie d’autoroute, tu imagines que tu vas forcément passer une journée pourrie. Tu imagines qu’une dispute avec ton chéri va forcément finir en séparation, et lorsque vous allez au resto pour vous réconcilier tu as autant de sueurs froides pour choisir ton plat que ta voisine en aurait pour choisir un appartement ! En vérité on peut penser que le perfectionnisme est un moteur mais c’est un tueur de motivation et d’instant présent, qui nous prive du plaisir de vivre tout simplement.

Quel est le lien entre perfectionnisme et zone de confort ?
Quand on est perfectionniste, on est dirigé par la peur. Peur de ne pas être assez, peur de ne pas être à la hauteur, peur de décevoir, peur de se tromper, peur de ne pas mériter d’amour. Alors on préfère rester dans une vie confortable, qui ne challenge pas trop et ne prend pas le risque d’un imprévu, d’une imperfection ou d’un échec cuisant. On a toujours une bonne excuse, un “oui mais c’est pas le moment”, “oui mais c’est compliqué”, “oui mais c’est pas parfait !”. Quand on décide de sortir de sa zone de confort, de tenter une petite chose qui change, on passe du pouvoir de la peur à la puissance de la grâce. On utilise son audace pour oser et se donner des nouvelles chances si ça rate. On quitte sa zone de confort pour rentrer dans sa zone de génie, cette partie de nous plus grande, plus large, plus profonde, plus folle et plus surnaturelle. On s’offre une vie où tout ne sera pas parfait, mais à l’image d’une boule à neige c’est parfois quand notre quotidien est retourné sans dessus-dessous qu’il s’apprête à révéler ses paillettes...

Quel peut être le déclic pour avoir enfin envie de lâcher prise ?
Ce qui peut être un déclic c’est de se poser la question : “si rien ne change et que je continue comme ça, est-ce qu’à la fin de ma vie je vais regretter ?”. Quand on est perfectionniste, on a tendance à procrastiner, à avoir du mal à passer à l’action. On hésite à envoyer ce mail, à aborder cette personne, à lancer son entreprise, à tenter sa chance, à aller à cette soirée, mais si on préfère garder tout sous contrôle, ne pas prendre le risque de l’imperfection, y’a-t-il une chance pour qu’on le regrette ? Il y a un titre dans l’album La Vraie Vie de Big Flo et Oli coécrit avec Stromae qui s’appelle “Dommage”. Le texte nous parle de ces personnes qui n’ont pas osé et qui finalement finissent avec des regrets. Cette chanson peut-être un déclic aussi. Ma conclusion c’est que les femmes qui veulent être parfaites et ne pas déranger ne changent pas le monde. Ce sont celles qui osent qui font une différence !

Pour aller plus loin :
J'arrête d'être parfaite
Cindy Ghys
Editions Eyrolles

 

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