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Portrait d'Ouganda

"Destination jungle" ougandaise : rencontre avec Costantino Tessarin

Grâce à son agence de voyage, Costantino permet aux locaux de cesser le braconnage.
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Karine Welter
Karine Welter
Mis à jour le 25 février 2021
Rencontre avec un Vénitien installé depuis 2005 en Ouganda. Il y a monté son agence de voyage spécialisée dans l’éco-tourisme "Destination Jungle", et se bat contre vents et marées pour sauver la forêt tropicale de Bugoma et ses chimpanzés.

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"J’ai toujours été fou de nature, raconte Costantino Tessarin. Du plus loin que je me souvienne, je me suis toujours battu pour la défendre". Cette passion remonte peut-être aux années de scoutisme de Costantino, quand il éclusait les marais près de Venise. Elle s’est certainement affutée durant les années militantes du jeune professeur d’histoire, au sein des "Verdi" - le parti écologiste et pacifiste italien.
Quoiqu’il en soit, c’est en Ouganda que Costantino a choisi de poser ses valises en 2005. L’amoureux de la nature était de passage pour une mission de volontariat, il n’en est jamais reparti. Ici il a trouvé les forêts tropicales impénétrables, le Nil et les savanes, les neiges éternelles des Monts de la Lune. Il ne pouvait que rester. "Je suis arrivé dans une période d’euphorie, après des années et des années de guerre civile. Tous les espoirs étaient permis, le pays était à reconstruire… et j’ai eu envie de participer à l’aventure", se souvient Costantino.

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Le tourisme : une arme anti-déforestation

Dès le début, il a une conviction forte : le tourisme est l’avenir de l’Ouganda. C’est un levier de développement irremplaçable. "C’est aussi le moyen le plus sûr de préserver les merveilles naturelles du pays", précise Costantino. En 2008, il créé son agence de voyage spécialisée dans l’éco-tourisme, Destination Jungle. Très vite, il décide de verser une partie des bénéfices aux habitants des villages. En effet, le braconnage et la coupe de bois sont une source de revenus pour les communautés et, pour les inciter à arrêter, il est indispensable qu’ils tirent eux-mêmes bénéfice du tourisme. Autrement dit, Costantino a rapidement compris que le tourisme responsable était le meilleur allié contre le braconnage et la déforestation.

"J’ai senti que ma vie était ici, dans la forêt de Bugoma"

Cela fait 13 ans qu'il vit en Ouganda, et Costantino a gardé le même amour du pays, même s’il a parfois dû déchanter, même si le combat pour préserver la nature s’avère parfois dur, très dur. L’homme est calme, la verve italienne semble presque avoir désertée le personnage. Reste une tranquille volonté, celle de défendre les merveilles ougandaises contre vents et marées. Aujourd’hui, il concentre son combat sur un sujet : la forêt tropicale de Bugoma, une réserve protégée de 400 km2, au sud du lac Albert, à l’ouest du pays. "J’ai découvert la forêt de Bugoma en 2012. La nature était tellement immense, j’ai senti que mon destin était ici", raconte Costantino.

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Cannes à sucre contre chimpanzés

La forêt de Bugoma, qui abrite plus de 500 chimpanzés, a beau être protégée, elle est néanmoins sévèrement menacée par la déforestation illégale. En 2016, un tiers de la forêt a même failli complètement disparaître. Le royaume de Bunyoro, qui occupe le territoire de la forêt, avait alors décidé d’accorder un droit d’exploitation à l’entreprise Hoima Sugar Works. Il s’agissait tout bonnement de remplacer des arbres séculaires par des plantations de cannes à sucre. Adieu chimpanzés, singes mangabeys et arbres de fer géants ! Pour Costantino, c’en est trop. Les bons vieux réflexes activistes des années de militantisme en Italie font surface. Il multiplie les réunions d’informations et les appels à manifester, il mobilise les tour operators en Ouganda, alerte le ministre du Tourisme et les médias…

Les efforts de Costantino ont fini par être récompensés et le projet de plantation de canne à sucre est stoppé. Pour combien de temps ? Nul le sait… mais une chose est certaine, le développement de l’éco-tourisme est sans doute une voie pour sauver la forêt en Ouganda. Et ça donne envie d’aller trainer ses guêtres voyageuses dans le lodge tout récemment ouvert par Costantino. Au cœur de la jungle bien sûr, dans la forêt de Bugoma.

Pour en savoir plus
L’Association pour la sauvegarde de la forêt de Bugoma a été créée en 2014. Elle emploie notamment une patrouille privée qui lutter contre la déforestation et les bucherons illégaux. L’un des policiers, blessé mortellement, est décédé le 7 avril dernier. L’association organise tous les ans une course à pieds à Kampala, la capitale ougandaise, pour lever des fonds.

➢ L’agence de voyage de Costantino Tessarin, Destination Jungle, propose des séjours sur-mesure en Ouganda. Safari gorilles ou chimpanzés, trekking sur les monts Rwenzori (plus de 5 000 mètres d’altitude), safari au bord du Nil : tout est possible. L’agence est aussi propriétaire de trois éco-lodges dans le pays – tous situés en forêt. Ces éco-lodges, partenaires de Slow Food Uganda, proposent des repas 100% bio, avec des produits régionaux. A partir de 140 dollars par nuit et par personne (pension complète).

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