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Commerce équitable

Le commerce équitable devient "Made in France"

Des légumes issus du commerce équitable Made in France pour valoriser nos producteurs locaux !
Pixabay
Camille Lechable
Camille Lechable
Mis à jour le 25 février 2021
Le 8 décembre se tenaient les premières Assises nationales du commerce équitable "Made in France". La déléguée générale de la Plate-Forme du Commerce équitable (PFCE), Julie Stoll, nous éclaire sur cette nouvelle forme de commerce.

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"Le commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l'objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial" définit la Plate-Forme du Commerce équitable. Ainsi, il participe au développement durable et garantit des droits aux producteurs et aux travailleurs. A l'origine, le commerce équitable a été mis en place pour les pays du Sud. Désormais, ce partenariat s'installe en France. La déléguée générale de la Plate-Forme, Julie Stoll, répond à nos questions à la suite des premières Assises nationales du commerce équitable "Made in France" qui ont eu lieu le 8 décembre.

Qu’est-ce que le commerce équitable nord-nord ?
C’est comme le commerce équitable traditionnel sauf qu’il s’applique à des producteurs français. On l’appelle plutôt commerce équitable « made in France »  car sinon les gens pensent que c’est entre Lille et Bourgoin !

Quels sont ses principes fondamentaux ?
Le principe fondamental du commerce équitable est de payer au prix juste pour permettre aux producteurs de vivre correctement de leur travail. D’autres critères sont également très importants : la transparence, la traçabilité, la sensibilisation des consommateurs à la consommation responsable mais aussi des questions plus économiques, car c’est avant tout cette relation qui qualifie le commerce équitable.

Elle garantit le prix mais aussi l’engagement sur la durée : on ne change pas de partenaire commercial comme de chemise ! On s’inscrit dans un projet de développement territorial sur du long terme, pour au moins 3 ans.

Le 8 décembre se tenaient les premières Assises nationales du commerce équitable. Quelles avancées marque un tel événement ?
Le commerce équitable nord-nord est un concept nouveau. Avant, on n’avait pas le droit d’utiliser le terme « commerce équitable » pour des produits français, le terme désignait forcément des produits qui venaient du sud, des pays en développement. Avec la loi de 2014, on est maintenant autorisés à le faire.

Il aura donc fallu deux ans pour que la démarche se mette en route et que l’on organise ces Assises. Elles ont d’ailleurs été un grand succès : plus de 200 professionnels (producteurs, entreprises, distributeurs) sont venus ce qui montre qu’il y a un mouvement très fort par rapport au commerce équitable Nord-Nord qui se met en route.

Les gens ont pu se rencontrer et même si c’est un mouvement naissant, il y a déjà plus de 1000 produits qui existent en France, plus de 4500 producteurs impliqués dans la démarche et une petite centaine d’entreprises.

D’où est venue la démarche ?
Tout est parti d’entreprises déjà impliquées dans le commerce équitable traditionnel, qui étaient interpellées en permanence par les consommateurs, les députés, les producteurs qui trouvaient leur démarche superbe et qui se demandaient « pourquoi vous ne faites pas ça chez nous ? ».

C’est comme ça que le commerce équitable made in France a débuté, avec des entreprises ultra engagées qui ont décidé d’appliquer les principes du commerce équitable traditionnel aux producteurs français. Biocoop sont les premiers, ils font aujourd’hui 25% de leur chiffre d’affaire en commerce équitable, dont la moitié de Made in France.

Comment le commerce équitable made in France peut-il être une solution face aux multiples crises agricoles, notamment celles du lait ?
L’objectif de ce commerce est de soutenir des producteurs français, qui subissent aujourd’hui des prix extrêmement bas, une volatilité des cours qui fait qu’ils ne peuvent pas vivre correctement de leur travail et d’avoir des prix qui soient rémunérateurs sur la durée et qui favorisent aussi l’adoption de bonnes pratiques agricoles, notamment l’agriculture biologique.

En quoi le commerce équitable rejoint-il l’agriculture biologique ?
Le commerce équitable doit s’assurer que les méthodes de production préservent l’environnement d’où un mariage entre commerce équitable et agriculture biologique qui est un beau mariage d’amour ! Ils se renforcent véritablement l’un l’autre. D’ailleurs, plus de 90% des produits de commerce équitable made in France sont bio. Le commerce équitable est aussi une aide économique pour aider les producteurs dans leur transition vers le bio.

Quels sont les autres avantages pour les producteurs ?
La loi française définit le commerce équitable de la même manière dans le nord-nord que dans le nord-sud. Il y a effectivement en plus du prix payé, un montant d’argent qui doit être versé par l’entreprise pour financer des projets collectifs afin de dynamiser les territoires locaux.

Un groupement de production de fruits bio dans le sud ouest a pu, grâce à la prime de développement de commerce équitable, racheter une usine d’embouteillage  afin de valoriser les fruits en écart de triage en jus de fruits. Le commerce équitable participe donc au développement économique, crée des emplois et permet de maintenir les paysans sur leur ferme.

Les consommateurs sont–ils suffisamment avertis ?
Ils ne sont pas suffisamment au courant c’est pourquoi on a organisé ces Assises, afin de rencontrer des médias et de le faire savoir. C’est très important car le développement du commerce équitable sur le territoire français ne peut marcher que si les consommateurs font la démarche d’acheter ces produits.

Il y a cependant une vraie appétence sociétale pour la justice économique et les produits du commerce équitable « made in France » trouvent leur marché. Ils montrent quasiment 20% de croissance cette année. Personne n’a envie d’acheter des chocolats pour ses enfants en sachant que c’est des enfants qui le produisent… D’où l’importance de la transparence et de la traçabilité, d’afficher ses réalisations et ses engagements, et de mettre en place des signes de repères visibles, c’est comme ça que l’on peut convaincre les gens.

Quels sont vos objectifs pour 2017 ?
Dans les grands chantiers à venir, il va falloir développer un label visible pour aider les consommateurs à repérer les produits. Pour l’instant, il y a déjà des démarches très fortes d’entreprises comme Biocoop qui respectent les lois du commerce équitable sauf que leur appellation « Ensemble Solidarité des producteurs » ne contient pas les termes « commerce équitable made in France ». C’est pareil pour la démarche de « Paysans d’ici » ou des baguettes « Agri-éthique », qui respectent également tous les engagements de la loi mais ne s’appellent pas commerce équitable. Tous ces mouvements ont envie de porter le commerce équitable : il s’agit désormais de leur trouver une bannière commune.

Le commerce équitable touche aussi la cosmétique : la société Arcadie qui produit des huiles essentielles, des herbes médicinales et des tisanes, a pu cesser d’importer ses matières premières. Elle a ainsi réussi à redynamiser une production locale. Le commerce équitable est un vrai outil de relocalisation de l’emploi sur le territoire français.

Un dernier mot pour convaincre nos lectrices de consommer de manière équitable et made in France ?
Cela fait 10 ans que je travaille dans le commerce équitable et mes objectifs sont de trouver des solutions nouvelles et innovantes pour essayer de faire coïncider à la fois les questions d’éthique, d’environnement et des démarches économiques qui peuvent toucher tout le monde à travers la population. C’est une véritable démarche citoyenne où chacun peut faire partie de la solution.

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