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Témoignage: J'ai eu et j'élève un enfant seule

"Je savais que tu aurais un enfant seule"
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Jill Cousin
Jill Cousin
Mis à jour le 25 février 2021
Esther* a 34 ans, elle est consultante en communication et vit à Paris. Maman d’un petit garçon de dix-huit mois, elle a choisi de vivre sa grossesse et d’éduquer son fils seule. Elle nous a confié sa joie d’être mère mais aussi les jugements que porte encore la société sur sa situation.

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Mère d'un garçon de 18 mois, Esther a choisi d'élever son enfant seule, malgré les préjugés, encore nombreux, sur sa situation. 

“Je suis restée sept ans avec mon ex, de 23 à 30 ans. Quand nous avons rompu, je ne savais pas si j’allais retrouver quelqu’un et je me sentais mûre pour avoir un enfant. J’ai songé un temps à la procréation médicalement assistée (PMA). Puis la vie a suivi son cours. 

Après trois ans de célibat, j’ai eu une histoire avec un homme. Il avait 27 ans, moi 32. Rien de sérieux, on ne se projetait pas. Je n’avais pas de moyen de contraception. Un jour, le préservatif a craqué. Je n’ai pas pris la pilule du lendemain. Je pesais 45 kilos, j’avais mes règles tous les six mois. J’étais persuadée à 95% de ne pas pouvoir tomber enceinte. Les 5% restants? Qui vivra, verra. 

Deux semaines après cet incident, j’ai appris que j’étais enceinte. Quatre jours plus tard, je devais partir pour New-York. Avant de sauter dans l’avion, j’ai appelé mon mec. Je n’étais pas folle amoureuse, il était plus jeune que moi… Après le coup de fil, je savais que nous n’aurions pas cet enfant tous les deux. En rentrant en France, j’ai décidé de mener à terme cette grossesse. J’étais prête. J’allais devenir mère, mère célibataire

Ma soeur et mon meilleur ami ont été les premiers au courant. Ils ont très bien accueilli la nouvelle. Il m’a fallu trois mois pour l’annoncer à mes parents. J’avais peur de les décevoir, qu’ils n’assument pas que leur fille soit une maman seule, eux qui ont eu leurs deux enfants ensemble. Je les ai appelés. C’est sorti tout seul. Interloquée, ma mère cherchait ses mots. Derrière, j’ai entendu mon père crier, “c’est génial!”. Ça a détendu ma mère, finalement heureuse de savoir qu’elle allait être de nouveau grand-mère. Plus tard mon père m’a dit, “j’avais une intuition, je ne sais pas pourquoi mais je savais que tu aurais un enfant seule”. 

Tous mes proches ont respecté mon choix. A l’exception peut-être d’une amie qui m’a reproché d’être égoïste. Elle a même cherché à me convaincre d’avorter. C’est à cause de ces personnes perpétuellement dans le jugement que j’ai détesté ma grossesse. Quand vous croisez quelqu’un dans la rue qui vous dit: “Je ne savais pas que tu avais un mec. Il fait quoi dans la vie?” pas facile de lui répondre “mon enfant a un père mais il ne fera pas partie de l’histoire”. J’étais parfaitement en harmonie avec ma décision mais forcément, j’appréhendais un peu.

Un soir de juillet, j’ai ressenti de violentes contractions. J’ai commandé un taxi, appelé mon meilleur pote et j’ai filé à la maternité. Pas question que mes amis ou ma mère assistent à l’accouchement. J’avais envie que ça soit un moment privilégié entre mon enfant et moi. Je n’ai pas à me plaindre, l’accouchement a été rapide. Le lendemain matin, je donnais naissance à mon fils. Je n’avais jamais rien vécu d’aussi fort. 

C’est un bébé d’été, nous sommes vite sortis de notre appartement. Deux semaines après la naissance, nous étions tous les deux dans le Sud de la France. Lui sagement endormi dans sa poussette, moi, des tapas à la bouche. C’est important de ne pas vivre en huis-clos. 

J’adorerais avoir un deuxième enfant

Bien sûr au début, ça a été un petit peu compliqué. Je n’avais personne sur qui me reposer. Je donnais le biberon toutes les deux heures, ça ne laisse pas beaucoup de répit. Encore aujourd’hui quand le dimanche matin, il n’y a plus de lait, il faut habiller mon fils et aller au supermarché tous les deux. Et tous les soirs à 18h, je dois être chez l’assistante maternelle. Ça demande beaucoup d’organisation. 

J’ai mis ma vie de femme entre parenthèses. Nous voyons souvent mes amis mais je ne sors pas beaucoup. C’est encore dur de le laisser à une baby-sitter. Cette vie me convient, je suis épanouie. J’ai une idylle avec un homme. Je ne le présenterai pas à mon fils comme mon compagnon. Je veux qu’il ait une vie structurée et des repères stables. Mais si un jour, j’ai une histoire sérieuse, je lui dirai. 

J’adorerais avoir un deuxième enfant. Donner à mon fils un petit frère ou une petite soeur. Mais je ne me sens pas prête à avoir recours à la PMA. Comment expliquer à ses enfants que l’un est né d’un donneur anonyme et l’autre, d’un homme qui ne se sentait pas prêt à être père? J’aurais trop peur de leur compliquer la vie. Et puis, je crois que cette fois, j’aimerais partager cette joie avec quelqu’un.”

*Le prénom a été changé.
 

En France, on estime à 2,6 millions le nombre de famille monoparentales (source: Insee, 2012), soit 1 foyer sur 10. D'après une enquête réalisée par l'association Uniparent, 80% des familles concernées affirment être fières d'élever seules leurs enfants.

 

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