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Interview

Emmanuelle Pometan : de la ville à la campagne, un parcours logique

Emmanuelle Pometan a quitté la ville pour la campagne tout en conservant son emploi
Changer de vie !
Audrey Etner
Audrey Etner
Mis à jour le 25 février 2021
À la faveur d'une nouvelle organisation de son agence, Emmanuelle Pometan a pu conserver son poste et quitter Paris pour planter ses racines dans la Drôme avec sa famille.

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Je travaille en agence de communication. J'ai été salariée et employeur et je n'ai aimé aucune de ces deux postures. Pour un travail créatif, je trouve qu'elles engendrent un lien de subordination vicieux. Le salarié a l'impression de donner sa vie à un patron et le patron a l'impression de pouvoir tout exiger du salarié. Finalement, personne ne prend réellement ses responsabilités.

Changement d'organisation

En 2012, l'agence a changé de structure et nous sommes devenus un collectif d'indépendants avec une gouvernance d'entreprise holacratique. D'un côté, le cadre est très strict, de l'autre, nous ne sommes plus du tout obligés de nous trouver dans le même bureau, ni tous les jours sur place.

Aujourd'hui, nous sommes quatre seniors et nous nous réunissons régulièrement dans notre espace de travail partagé. Chacun a sa notoriété, exerce son travail en pleine conscience et en lien avec les uns et les autres.

Cela nous laisse une grande liberté des horaires, du cadre, et chacun gère sa vie personnelle et professionnelle. C'est cet aménagement au travail qui m'a permis de changer de vie.

Une nouvelle vie dans la Drôme

J'habitais à Paris avec mon conjoint et mon fils. En CE1, ce dernier a commencé à décrocher à l'école. Le speed parisien et la tension entre les élèves ont rendu l'année très difficile. J'ai ressenti chez lui une certaine lenteur qui n'était pas respectée. L'inscrire dans une école privée et alternative aurait été très onéreux.

Il y a un peu plus d'un an, alors que mon fils allait passer en classe supérieure, nous avons emménagé dans la Drôme. Nous habitons le Diois, un lieu assez hors du commun découvert grâce à notre passion de la randonnée. Nous y avons trouvé beaucoup d'ex-citadins comme nous, à la recherche d'un mode de vie moderne.

On se nomme volontiers les "extra-ruraux" plutôt que les néo-ruraux. Les villages ne comptent pas plus de 600 habitants et pourtant toutes les classes sont pleines, signe que la population est plutôt jeune. C'est un lieu qui permet de sortir du tourbillon urbain sans "retourner à la bougie".

Un état d'esprit moderne

L'état d'esprit y est moderne et nous nous sommes très bien intégrés socialement. Les enfants bougent tout le temps de maison en maison, on ne sait jamais combien nous serons à dîner ! Nous cultivons le troc : de compétences, de fruits et légumes, etc.

Pourtant la période de transition a été mouvementée. Pendant trois semaines, je me suis réveillée avec des angoisses. J'avais peur de ne plus exister socialement.

En réalité, mes liens amicaux se sont réellement développés et, au niveau réseau, il se crée un lien juste. Le fait de ne pas être tout le temps disponible permet de se consacrer à l'essentiel. À partir de ce moment-là, j'ai beaucoup mieux travaillé et mieux géré mon temps ainsi que mes rendez-vous.

La ville m'a préparée à la campagne

Avec le recul, je trouve que la ville permet à chacun de développer sa sphère individuelle et la campagne de recréer un lien collectif. J'ai donc eu besoin de cette première partie de vie en ville pour apprécier mon cadre de vie actuel. Je suis hyper-urbaine, j'ai vécu 18 ans à Paris, j'ai aimé la ville, fait la fête, rencontré beaucoup de monde. Puis j'ai senti un vrai tourbillon qui décentrait de l'essentiel, un temps très rapide, une consommation exacerbée, inondée de pub. Je ne me sens pas très forte face à cette agression. J'ai besoin de la beauté de la nature, du calme, de la lenteur.

Le plus beau cadeau que j'aie eu l'an dernier a été de voir pour la première fois les quatre saisons défiler ! C'est magique. Aujourd'hui, je suis extrêmement choquée par la laideur et la saleté de la ville quand j'y reviens, même si elle présente d'autres avantages.

Je me déplace régulièrement, 2 à 3 jours par semaine, 3 semaines sur 4. Pour moi, c'est encore trop et j'apprécie les longues périodes où je reste chez moi. Mes passages à Paris et ma vie dans la Drôme sont maintenant comme deux mondes parallèles. Lorsque je dois prendre mon train pour Paris, je m'arrache de ma vie à la campagne. Pourtant, à l'arrivée, je suis toujours contente de retrouver la ville.

Mon planning depuis le grand changement ? Je passe encore des journées "bêtement" scotchée à mon ordinateur. D'autres jours, je ne fais rien, je vis plus au rythme de la nature, des balades... Quant à mon conjoint, professeur de yoga, il est remonté seulement deux fois sur Paris depuis notre déménagement. Nous avons le projet d'acheter une maison l'an prochain.

Emmanuelle a fondé le "Bureau de presse et nouvelle culture" Emmapom. Avec ses partenaires, elle travaille pour et avec Pierre RabhiPur Projet, les Colibris, les AmaninsWECFEcocert etc.

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