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Reconversion

Cécile Roger : du marketing à l'art thérapie

Cécile Roger a changé de vie pour devenir Art Thérapeute
Changer de vie !
Audrey Etner
Audrey Etner
Mis à jour le 25 février 2021
Cécile Roger revient pour FemininBio sur sa reconversion professionnelle, fruit d'une transition de dix ans qui l'a menée de l'industrie pharmaceutique à l'art-thérapie, notamment auprès des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.

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Très tôt dans ma vie, j’ai appris à trouver la position qui allait m’épargner. M’épargner des complications, des remarques, des coups, au prix quelquefois de silence et de discrétion. Alors, j’ai suivi ce chemin et de ce fait répondu à la demande implicite de mes parents : réussir à l’école et choisir un métier sérieux.

Bonnes notes à l’école, suffisamment mais pas trop, suffisamment pour aller, avec quelques rebondissements, jusqu’au doctorat de pharmacie, avec en prime un DESS en gestion marketing.

L'insatisfaction au fond de moi

Mon entrée fut facile dans le monde de l’industrie pharmaceutique. J’ai enchaîné stage, premier poste en tant que chef de produit, puis premier succès marketing, premiers voyages dans des hôtels de luxe… Bref, un métier reconnu, une émulation intellectuelle qui m’allait bien, avec la possibilité d’exprimer ma créativité.

Oui mais voilà, ça n’allait pas si bien que cela au fond de moi. Je ne trouvais pas d’apaisement intérieur malgré ce début de parcours professionnel prometteur. J’ai donc décidé de m’occuper de moi en débutant un travail thérapeutique. J’avais 26 ans.

Renaître en modelant l'argile

La thérapie par l'artEt puis j’ai rencontré la terre, l’argile, le plaisir intense de plonger ses mains dans la matière, de modeler, de transformer, de s’oublier et de renaître avec les formes qui apparaissent par le simple travail du corps…

Ç'a été une révélation ! Moi qui croyais que l’artistique et le manuel étaient réservés à mes sœurs, moi la scientifique ! À partir de ce moment-là, bien avant ma reconversion effective, ma vie a changé. Je me suis transformée avec la matière et la thérapeute qui m’accompagnait sur ce chemin.

J’ai accepté de développer mes capacités créatrices et artistiques. J’ai laissé émerger la possibilité d’une réorientation professionnelle du côté de l’art et de la thérapie. Cela a pris du temps : 10 ans.

La révélation à la naissance du 1er fils

Jusqu’au moment où il y a eu rupture : une inadéquation totale entre mes valeurs - l’humain, l’écoute, la recherche de sens… - et certaines valeurs de l’entreprise et du marketing - vendre afin d’augmenter les dividendes des actionnaires, augmentation de la consommation médicamenteuse…

Il ne m'était plus possible de continuer à travailler pour l’industrie pharmaceutique, de continuer à concevoir des communications à destination des médecins pour mettre en avant les "plus" produits de tel ou tel médicament.

Cette rupture, c’est mon fils aîné qui m’en a fait prendre conscience. Dès que j’ai eu cette petite âme dans mes bras, c’est comme si tout pouvait se mettre en place. Ç'a été difficile, même si cela paraissait être une évidence : difficile de quitter une représentation sociale, un gros salaire, un confort de vie, quitter tout cela pour on ne sait quoi, parce qu’au début ce ne sont que des rêves de reconversion, une évasion, un fantasme.

Tout recommencer à 43 ans

Et puis est venu le temps de la formation : trois ans et demi d’études ! J’ai adoré dès le premier jour, même si je me disais que je ne savais pas ce que j’allais en faire. J’ai travaillé, appris de nouvelles choses, créé avec mes mains, ma sensibilité, ma créativité… J’ai aussi, la vie est ainsi, porté, nourri, bercé dans le même temps mes 2 nouveaux garçons.

J’ai eu mon diplôme, et là, j’ai vécu un grand moment de bonheur et ensuite de solitude : moi, à 43 ans, recommencer à zéro, sans expérience, sans réseau, très peu payée, avec un métier non reconnu officiellement où c’est moi qui vais porter mon activité... Il était hors de question de travailler à mi-temps payée au SMIC dans une institution de soin, c'était trop difficile après 12 ans d’études.

Je suis passée par de la désillusion, du vide, du découragement, de la colère contre moi d’avoir quitté mon ancien schéma, pour arriver 6 mois après l’obtention de mon diplôme à une petite victoire : mon premier contrat dans une maison de retraite pour animer un atelier d’art-thérapie auprès de personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer.

Je me sens à ma place

Aujourd’hui, j'interviens dans 5 maisons de retraite, j’ai fondé à Sèvres un atelier d’expression plastique et d’art-thérapie où je reçois en session individuelle des personnes de tout âge. Je ne vis pas encore bien de cette nouvelle activité mais chaque jour je mesure la chance que j’ai d’être libre.

Art-thérapeute, c’est un métier de l’ordre de l’intime, délicat, subtil, où il se passe des choses incroyables. C’est un métier qui me nourrit et où je me sens à ma place.

Je donne à l’être humain, la relation et la matière une place centrale. C’est ce qui me semble être le plus important dans ce monde : tendre à unifier l’être et l’esprit, redonner de la densité à la vie, échanger au travers de la matière et du corps les maux qui ne se disent pas.

> L'Art et la Matière, le site de Cécile Roger : www.lartetlamatiere.org

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