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Agriculture

Quelle est la différence entre une semence bio et une semence industrielle?

Philippe Desbrosses, le "pape du bio"
Patrick Bard
coca bio Produits toxiques : comment les remplacer ?
Marion Mancho
Marion Mancho
Mis à jour le 25 février 2021
Si toutes les semences servent a priori pour reproduire une plante ou une fleur, elles sont loin d'être toutes naturelles. Le « pape du bio », Philippe Desbrosses, œuvre depuis 40 ans pour éradiquer les semences génétiquement modifiées et ramener la biodiversité dans nos champs. Rencontre.

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Fondateur de la Ferme de Sainte-Marthe et expert en semences bio depuis plus de 25 ans, Philippe Desbrosses revient pour nous sur la problématique liée aux monopoles détenus par les géants de l'agrochimie sur les semences. 

Quelle est la différence entre semences biologiques et semences certifiées ? 
Les semences dites biologiques sont des semences obtenues par les méthodes homologuées de l'Agriculture Biologique. Elles peuvent être ou non certifiées. C'est juste le choix de se soumettre à une procédure administrative (cf lexique) qui explique la différence de qualification.

La vraie question c'est: quelle est la différence entre une semence obtenue par reproduction naturelle, donc biologique, et une semence obtenue par hybridation artificielle, généralement brevetée, connue sous le nom de F1 (first generation) de l'industrie semencière ? La première suit les lois de la nature en vigueur depuis des millénaires, la seconde subit une dépression consanguine par des sélections et manipulation qui la rende homozygote (donc clone stérile) qui permet à l'obtenteur de la privatiser, puisqu'elle n'est pas reproductible. Il faut que l'agriculteur rachète chaque année ses semences à l'obtenteur qui détient la semence de base. L'agriculteur ne peut plus ressemer les fruits de sa récolte.

Quels sont les outils mis à disposition des agriculteurs pour semer « responsable » ?
Il n'y a pas d'outils pour semer "responsable " C'est un choix généralement encadré, (ou plutôt entravé) par la réglementation en cours, laquelle privilégie avant tout les intérêts du système d'obtention en pénalisant ou en interdisant les semences traditionnelles non inscrites au catalogue officiel (cf lexique).

Après le rachat de Monsanto par Bayer, les gens commencent à voir le danger des semences OGM. Pensez-vous que la commercialisation de ces semences deviennent plus compliqué ?
Je crois au contraire que la puissance de ces nouveaux cartels va faire pression encore davantage sur les pouvoirs publics et les filières, et imposer encore plus fortement son système de production industrielle privatisé.

Si on arrêtait tout de suite d'utiliser des semences traitées chimiquement, serait-ce possible de retrouver des sols sains ? Si oui, quand ?
Le fait d'arrêter les semences traitées chimiquement n'est pas suffisant pour retrouver la qualité des sols. Il faut arrêter toutes les pratiques toxiques sur la chaîne de production. Par exemple les engrais chimiques, les monocultures, les désherbages chimiques, les labours profonds, les hormones raccourcisseurs de paille, etc.… Si tous ces changements sont apportés alors, il faudrait entre 2 et 5 ans de délai, selon les cas, après la reconversion en Agriculture Biologique, pour retrouver des sols sains et fertiles.

En parlant de labour, une étude de l'université de l'Illinois estime que pour une biodiversité viable il faut arrêter le labour. Qu'en pensez-vous ?
C'est intéressant mais insuffisant au regard de la complexité des productions, des méthodes et des terroirs.

Votre exploitation de la ferme Sainte Marthe, en Sologne, est connue comme un conservatoire des graines anciennes. Quel est son intérêt ?
L'intérêt de notre existence et celle des Centres de production-conservation comme le nôtre, est de montrer que contrairement à ce qu'affirment les promoteurs des semences industrielles, les semences obtenues par filiation naturelle, et reproduction traditionnelle, comme  le font les paysans depuis des millénaires, sont les voies les plus efficaces, les plus écologiques et les plus durables pour la reproduction des végétaux. En outre, ils permettent de préserver la biodiversité qui a été amputée, en un siècle de 75 % des variétés comestibles, aujourd'hui disparues.

Comment à notre échelle pouvons-nous lutter contre les semences OGM ?
Par éducation et information sur la réalité des impostures entretenues par l'industrie des semences et notamment par les producteurs d'OGM et surtout par civisme des citoyens pour ne plus acheter et consommer des produits néfastes à l'environnement, néfastes à la santé, néfastes à l'économie domestique et à l'intérêt général.

Pour aller plus loin : Agriculture et santé: savez-vous vraiment ce qu'il y a dans votre assiette?

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