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Etre et devenir, 2 ans après : rencontre avec Clara Bellar

Clara Bellar, réalisatrice du documentaire "Etre et devenir"
DR
mains enfant couleur peinture Éduquer autrement
Stéphanie Boudaille-Lorin
Stéphanie Boudaille-Lorin
Mis à jour le 25 février 2021
Être et devenir, le premier film réalisé par Clara Bellar, est sorti au cinéma en mai 2014. Plus de deux ans après, il est toujours joué au cinéma Saint-André des Arts, à Paris, et s'exporte partout en France et à l'étranger. Nous avons rencontré Clara Bellar pour faire un point après ce deuxième anniversaire de la sortie nationale du film.

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Le documentaire Être et devenir filme la quête de la réalisatrice dont le fils va être en âge d'être scolarisé : elle part alors à la rencontre de familles qui laissent leurs enfants guider leurs apprentissages, en dehors de l'école et des contraintes imposées par un programme ou un emploi du temps. Les parents pourront y trouver le petit coup de pouce dont ils avaient besoin pour vivre une relation plus confiante et détendue avec leur enfant, qu'il soit ou non scolarisé.

Il y a un peu plus de 2 ans, à la veille de la sortie du film, quels étaient tes objectifs ou tes espoirs ?
Clara Bellar : Que le film et les témoignages qu’il contient pourraient aider, une personne à la fois, à davantage faire confiance aux enfants, qu’ils soient scolarisés ou non. A les laisser apprendre, et évoluer, à leur rythme. A comprendre comment fonctionne l‘apprentissage naturel et auto-motivé, comment fonctionne l’apprentissage tout court, puisque comme je l’ai réalisé par la suite, on ne peut réellement apprendre qu’en étant auto-motivé.
C’est intéressant de se rendre compte que, si les neurosciences viennent confirmer les intuitions de certains, en rassurer d’autres sur leurs choix, il existe depuis des siècles des écrits qui vont dans ce sens. Par exemple : « L’homme libre ne doit rien apprendre en esclave. Les leçons qu’on fait entrer de force dans l’âme n’y demeurent point. […] N’use pas de violence dans l’éducation des enfants, mais fais en sorte qu’ils s’instruisent en jouant. » Aussi actuel que cela puisse paraître, c’est de Platon (dans La République).
De la même manière, le docteur Catherine Gueguen nous disait qu'autant au 20ème siècle, c'était une intuition pour elle de déconseiller certaines pratiques parentales à ses patients, autant au 21ème siècle, on en connaît les conséquences et elles sont irréfutables. Je la cite : « On freine le développement du cerveau, on crée de l'anxiété, de la dépression, de l’addiction. Maintenant les études sont faites et c'est ça qui est extraordinaire. Intuitivement, je le pensais au 20e siècle, mais je n'étais jamais sûre ; je disais aux parents : "Moi, je pense ça". Maintenant au 21e siècle - parce que c'est une vraie révolution du 21e siècle - on sait. »

NB : Un extrait de l'intervention de la pédiatre Catherine Gueguen est en accès libre sur la page « vidéos » du site etreetdevenir.com, comme de nombreux autres extraits de ciné-rencontres filmés.

As-tu atteint ces objectifs aujourd'hui ? Quel bilan fais-tu deux ans plus tard ?
C. B. : Oui, les retours que nous recevons (cf. témoignages) sont très forts et nous montrent à quel point c’était important pour certains spectateurs de pouvoir se donner la permission, suite au visionnement d’un film ou à des lectures, de lâcher prise et de faire confiance à leurs enfants, d’accepter de les laisser être eux-mêmes et vivre leur vie. Un papa d’un petit garçon de 4 ans me disait aujourd’hui, au Saint-André des Arts à Paris : « Avant le film, on était deux, et on élevait notre fils. Depuis qu’on a vu le DVD, on est trois. »
Beaucoup de jeunes et de moins jeunes qui ne sont pas parents viennent voir le film pour eux-mêmes, et témoignent sur le fait qu’ils s’étaient perdus en passant des années à faire ce qu’on leur disait de faire, que c’est très dur aujourd'hui pour eux de se retrouver, et que le film est une pièce du puzzle, que ce soit pour réapprendre à se faire confiance, pour cesser d’accepter de faire un travail qui ne leur convient pas, ou pour dire enfin non au harcèlement au travail.
Autant la sortie en salles, qui continue, demande beaucoup de temps de travail à l’équipe, qui travaille de façon collaborative en participation, autant nous voyons bien que les ciné-rencontres sont souvent précieux et ne peuvent être remplacés par un DVD chez soi. Ce matin encore, un couple qui avait vu le DVD suite à des mois de souffrance scolaire pour leur enfant, est venu spécialement de Rouen pour rencontrer les intervenants et pouvoir échanger, poser des questions, témoigner.

Et maintenant, qu'envisages-tu ? Quels sont tes projets ?
C. B. : Je ne peux fonctionner sainement que dans l’instant présent. Au jour d’aujourd’hui, j’accompagne encore le film, en France et ailleurs. Cela semble important de le faire au vu des différentes lois et des amendements (je pense aux récentes évolutions en France) qui rendent ou non ce choix possible et légal dans tel ou tel pays. L’équipe et moi partons au Québec pour une sortie nationale le 23 septembre et une tournée à partir du 12 et les projections commencent aux États-Unis. J’ai un, voir deux projets de livres autour du film. Et puis je tourne actuellement à Paris, avec ma casquette d’actrice, le film Les Enfants Lachance de Coline Pagoda, avec des enfants "nonsco" devant et derrière la camera, suite à la rencontre de la réalisatrice à une projection d'Être et devenir). Et, oui, il y aura d’autres films autour des enfants et de la bienveillance : de la fiction, vraisemblablement.

Note : la ministre de l’Éducation nationale souhaite aujourd'hui changer la législation afin de durcir les contrôles autour de l'instruction en famille et des écoles alternatives.

Être et devenir en quelques chiffres :

  • Le film a été programmé dans 30 pays, de l'Autriche à l'Uruguay, en passant par les États-Unis, l'Inde ou la Nouvelle Zélande.
  • En France, cela représente 250 salles de cinéma et 50 autres lieux.
  • Presque chaque séance a été suivie d'un temps d'échange, souvent en présence de Clara Bellar. A Paris, il n'est pas rare que les discussions se poursuivent sur le trottoir devant le cinéma, pendant des heures !
  • Le Saint-André des Arts a projeté le film quotidiennement pendant plusieurs mois avant de passer à une programmation hebdomadaire.

Où voir le film ?
Être et devenir est joué chaque dimanche, à 11h30, au cinéma Saint-André des Arts, dans le 6ème arrondissement de Paris. Les séances sont suivies d'un débat entre les invités et le public. Programme ici.
Dans votre cinéma, si le film est l'affiche (programme ici) ou si vous en faites la demande. Vous trouverez toutes les informations utiles pour demander une programmation sur le site.
En DVD, aux éditions de l'Instant Présent

Retrouvez Stéphanie Boudaille-Lorin sur ses blogs S'amuser ensemble et Passeportpourlaventure.fr

 

Actu 2016 :

- La Journée pour la Liberté d'Instruction ou JIPLI, est célébrée le 15 septembre. Retrouveez le programme pour la France en ligne.

- en septembre 2016, le Sénat va se prononcer sur l'article 14 bis de la loi Egalité et citoyenneté qui limite fortement la liberté pédagogique. Le Collectif pour l'Instruction en famille se mobilise, plus d'informations et actions possibles sur leur site.

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