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Vie de couple

Charge mentale : témoignage de deux couples qui ont inversé les rôles

Quand se mettre à la place de l'autre nous aide à grandir ensemble
Soroush Karimi / Unsplash
Emilie Cuisinier
Emilie Cuisinier
Mis à jour le 01 décembre 2022

Si les hommes n'ont jamais été aussi investis dans la répartition des tâches ménagères et l'éducation des enfants, les femmes se sentent encore souvent les seules responsables du bon fonctionnement du foyer et du bien-être de toute la famille. Et si on inversait les rôles au sein du couple ? Clémentine et Julie ont testé, elles témoignent.


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Si le concept de charge mentale ménagère date du milieu des années 80 et que le partage des tâches domestiques est de plus en plus équilibré au sein des familles, la plupart des femmes restent à la tête de l'entreprise familiale. Elles se retrouvent, en permanence, parasitées par les innombrables micro-tâches à réaliser et à programmer tout au long de la journée et de l'année, pour leur foyer, leurs enfants, elle-même et parfois leur conjoint. Prendre rendez-vous chez le pédiatre entre deux réunions, prévoir le repas du soir et les activités de la fête d'anniversaire, penser aux affaires de piscine et aux corvées administratives... Naturellement, la femme, mère et compagne, a tendance à (devoir) tout orchestrer à la maison. Et peu de couples parviennent à trouver l'équilibre sans passer par la case friction.

Deux ouvrages sur le sujet* l'affirment : échanger, pendant quelques jours ou quelques mois, nos tâches domestiques serait la manière la plus positive et la plus efficace de ressentir la charge mentale vécue par l’Autre au quotidien. Une expérience tentée par Clémentine, auteure passionée du blog Clémentine La Mandarine, Julie, à qui l'on doit l'inspirant blog Banana Pancakes, et leur compagnon respectif. Elles débriefent pour nous.

Une charge mentale épuisante... mais inexplicable

« Cela faisait quelques temps que je me sentais submergée et épuisée psychologiquement sans pouvoir mettre de mots sur le problème. Et quand je répétais ’’Il y a trop de truc à gérer’’, j’étais ensuite incapable de donner plus de deux ou trois exemples. Mon Amoureux avait du mal à comprendre comment ces deux ou trois petites choses pouvaient m’épuiser comme ça. Nous en avons discuté plusieurs fois, et il a émis l’hypothèse que j’essayais d’en faire trop », introduit Clémentine. Même constat pour Julie, dont le compagnon « était complètement conscient » de cette surcharge mentale mais ne « mesurait pas son impact au quotidien. Elle implique souvent une certaine fatigue qui est parfois difficile à expliquer quand on ne l’expérimente pas. » Les deux couples ont donc décidé de se lancer un défi : « Tenter de montrer les différences dans nos tâches plutôt que de les expliquer », expose la jeune maman.
Chez Clémentine, les tâches avaient jusqu’à lors été consciemment réparties pour éviter à son compagnon de « penser aux choses » puisqu’il s’en sentait « incapable » : à lui donc les tâches répétitives à gérer (vaisselle, ménage quotidien). A elle « la fameuse charge mentale... et d’autres tâches ».

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Apprendre à s'organiser... et à lâcher prise

L’inversion des rôles a duré environ deux mois et demi chez Clémentine. Et a changé la perception de bien des choses : « Nous sommes désormais convaincus que mon Amoureux est capable de gérer cette fameuse charge mentale… » et que c’est « très fatiguant ! (...) Et nous avons la preuve que, chez nous, rien, à part des préjugés et des habitudes, ne présume du fait que je dois avoir toute la charge mentale. » Même constat chez Julie, dont le compagnon s’est rendu compte « qu'il pouvait prendre en charge quelques tâches quotidiennes qu’il redoutait s’il s’organisait un peu. »

Bouffée d'oxygène et regain d'énergie

Si l’expérience a manifestement été profitable à ces messieurs qui ont eu le sentiment de relever des défis, Clémentine et Julie en ont elles aussi tiré de grands bénéfices : « Au bout d’un mois environ, j’ai vraiment réussi à lâcher prise et ce fut une véritable bouffée d’air ! Je me sentais plus détendue, je dormais mieux, j’avais beaucoup plus d’énergie. C’était assez fou », s’enthousiasme la jeune maman. « Sur le long terme, nous avons mis en place un tableau sur lequel nous notons toutes ces fameuses charges mentales, que nous nous répartissons le dimanche soir. Le fait de noter les choses me les sort de la tête. Prochaine étape : que chaque note autant de choses que l'autre sur le tableau… »

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Être ou ne pas être conditionnée pour penser à tout

Le couple de Julie aussi en a tiré des enseignements : « J’ai appris que je ne pouvais tout faire sans finir complètement épuisée ou sur les nerfs et il a appris qu’il pouvait s’organiser un peu plus sans que ça lui demande un effort surhumain. » L’expérience terminée, la jeune maman a désormais l'impression de « faire la passation » : « Ce n’est pas parfait mais je me rends compte que j’ai appris à lâcher complètement certaines tâches de ma charge mentale et à ne plus m’en soucier. Pour moi le problème n’est pas d’être conditionnée à tout planifier. C’est la peur qu’il y a derrière quand tout ne fonctionne pas comme prévu. Désormais, je me relaxe. Si on n’a rien à manger au frigo, on va commander une pizza. Je ne sais pas si je planifie moins, mais je me soucie moins. »

Une expérience bienveillante et ludique pour rompre avec les habitudes

Bien sûr, on ne casse pas en quelques jours ce fameux schéma mental qui pousse la plupart des femmes à tout penser, tout planifier. « Je crois que c’est tellement ancré que ce sera long et qu’il y aura des rechutes, consent volontiers Clémentine. C’est finalement un travail pour nous deux que de changer tout cela. Lui doit apprendre à gérer une partie de la charge mentale et moi à lui laisser de l’espace en évitant de faire à sa place ou de lui rappeler ce qu’il a à faire. »
Des conseils pour que cette inversion des rôles mènent à un changement profond et durable ? « Le faire avec bienveillance et en s’amusant. Il faut arrêter de se mettre dans la position du donneur d’ordre ou de penser que notre fonctionnement est forcément le meilleur. L’objectif est que la vie quotidienne soit plus harmonieuse et plus douce. Il faut le garder à l’esprit ! Beaucoup de femmes m'ont écrit pour me dire que leur conjoint ne voudrait jamais, justement parce qu'il a conscience de l'inégalité de la charge à la maison. Mais en discutant avec elles, la proposition est toujours faite dans la tension, pour pointer du doigt les défauts de l'autre et lui imposer un autre partage des tâches ! Sincèrement, qui aurait envie de se lancer dans cette expérience quand il sait qu'il sera jugé ? Le meilleur argument c'est d'expliquer qu'une meilleure répartition, notamment de la charge mentale, permet de rendre la vie plus douce à la maison parce qu'on ne supporte plus ce poids toute seule », souffle Julie.

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Lâcher prise et faire confiance

Pour Clémentine, le maître-mot de cette expérience réussie est le lâcher-prise, sans quoi « cette expérience ne mènera à rien ». « Personnellement, je m’étais fixé comme limite de mettre notre fils dans l’embarras, si son père oubliait quelque chose, comme la date où il devait rendre le livre de la bibliothèque de l’école. Je vérifiais donc ces points, mais pour le reste, j’ai laissé faire. Bien entendu, cela sous-entend de laisser son conjoint faire les choses à façon. Exemple : je suis très attachée à limiter nos déchets. Mon Amoureux de son côté refuse de devoir tout cuisiner lui-même en semaine, et s’autorise donc à acheter des aliments emballés. Si je veux qu’il gère, je crois qu’il est important que je le laisse faire à sa manière, et donc que je lâche prise sur certaines choses... »

*Pour en savoir plus sur la gestion de la charge mentale et les solutions pour équilibrer la vie de couple, lisez La Charge mentale des femmes… et celle des hommes, du Dr Aurélie Schneider, aux éditions Larousse et Exit la charge mental, 7 clés pour une vie de couple égalitaire, de Marie-Laure Monneret, aux éditions First. 

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