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Chronique

Sein de corps et d'esprit : Mange, prie, aime... [Chronique 2]

Sonia Bellouti et son mantra tibétain, pendant les traitements ©FredDoBrasil
sonia bellouti Sein de corps et d'esprit
Sonia Bellouti
Sonia Bellouti
Mis à jour le 25 février 2021
Je vous ai déjà raconté comment le cancer du sein est arrivé dans ma vie, comment je l'ai annoncé à mon entourage. Quarante jours avant d'accepter.

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Sans doute les quarante jours les plus denses et les plus intenses de ma vie. Il s’est passé tellement de choses pendant cette période que je ne sais pas par quoi commencer. J’ai fait des rencontres, j’ai été guidée et soutenue, j’ai prié, pesté et pleuré pour finalement accepter ce qui m’arrivait. 

Tu connais la signification du nombre 40 ? Dans plusieurs cultures et rituels, on accorde de l’importance à ce chiffre. Tu sais certainement pourquoi on applique le principe de la quarantaine. Il y a aussi le Carême qui dure 40 jours, la traversée du désert des prophètes … Quels que soient la religion ou le rite, il s’agit souvent de la durée nécessaire au passage d’un état à un autre. C’est quand même étrange qu’il m’ait fallu exactement le même nombre de jours entre mon premier rendez-vous chez le cancérologue et mon lâcher prise, quelques jours à peine avant mon intervention. 

Ces 40 jours ont été un concentré d’expériences autant sur le plan physique, psy que spirituel. Tu penses bien que ça ne s’est pas fait tout seul. En 40 jours il s’en passe des choses, et tu peux imaginer que dans un contexte comme le mien, l’effet en est exponentiel. 

Une mammecto-quoi ?!!  

Mais pour commencer, laisse-moi te raconter mon rendez-vous chez le chirurgien cancérologue que ma gyneco, elle-même sa patiente quelques mois auparavant, m’avait recommandé. J’étais dans son cabinet, il lisait le compte-rendu des différents examens, m’avait posé deux ou trois questions et sans ménagement il m’annonce que j’allais avoir une mammectomie … une mammecto-quoi ?!! Une ablation du sein et là, le blanc. Ah ben non, je n’avais pas prévu cela au programme des festivités. 

Sans plus de précautions il m’a confirmé que j’allais avoir des séances de chimio, puis de radiothérapie et qu’une reconstruction n’était envisageable que dans minimum un an. Il me remet une série d’ordonnances pour un complément d’investigations sans plus d’explications et me laisse partir. 

Je suis sortie de là abasourdie, avec un rendez-vous pris pour une intervention deux semaines plus tard. C’était une belle journée ensoleillée, et là tu te rends compte de la beauté du ciel, de la valeur de la vie et du sentiment d’insouciance que tu ne connaitras plus jamais. 

J’avais gagné le gros lot, j’allais avoir la totale. J’ai vu mon jeune couple formé depuis à peine un an partir en éclats, je me voyais appeler mon nouvel employeur et renoncer à leur embauche…. Et puis mon fils allait-il pouvoir gérer le double stress d’une mère malade et de la préparation du bac ? Tout foutait le camp, et je me demandais pourquoi, pourquoi au moment où tout allait enfin mieux dans ma vie, je devais encore renoncer à ce qui m’arrivait de bon. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? 

C’est dans cet état d’abattement, de questionnement, d’inquiétude quant à la perte de mon intégrité et de ma féminité que, deux jours plus tard, quasi prostrée dans mon lit, j’ai reçu l'appel d’un ami. Le premier à qui j’allais annoncer ma maladie. 

Une fois la surprise passée, il m’a questionné sur ce que disaient les médecins et ce qui était prévu et surtout ce que j’en pensais. C’est à partir de ce moment précis que je suis sortie de ma torpeur, que j’ai réalisé que je pouvais aussi réagir, agir, me prendre en mains et ne pas subir. Grace à cet ami et son aide, j’ai décidé de prendre un deuxième avis médical. 

Cette décision m’a été salvatrice parce que non seulement j’ai pu rencontrer un praticien patient qui a su écouter mes peurs, mes enjeux, mais en plus cela m’a laissé le temps de me préparer à ce que j’allais vivre.


J'ai cherché tous les moyens pour éviter la chimio

J’en rigole aujourd’hui, mais sur le moment je négociais avec lui comme avec un marchand de tapis. Il m’a convoqué six fois, à raison d’un rendez-vous par semaine, avant de retenir une date pour l’intervention chirurgicale. J’ai eu le temps de rencontrer un tas de patriciens : naturopathe, ostéopathe, magnétiseur, acupuncteur. Je voulais trouver le moyen d’éviter l’intervention, la chimio. Je voulais trouver le moyen de garder mon nouveau job, m’éviter ce qui me paraissait être le pire : perdre ma vie d’avant. Le plus étrange, tu sais, c’est que je n’avais pas peur de mourir. Seulement de perdre ce que j’avais durement acquis. C’en était obsessionnel. 

Pendant six semaines, j'ai eu un agenda de ministre. Je désirais rencontrer toutes les personnes susceptibles de m’aider et que l’on me recommandait. Toutes avaient quelque chose à m’apporter. 

Parmi tous ces thérapeutes, trois m’ont été d’une grande aide jusqu’à aujourd’hui et une quatrième m’a littéralement sauvée la vie. Tu as lu le livre Mange, prie, aime ? Ou peut être as-tu vu le film ? Je t’en parle parce qu’à bien y penser, c’est un peu ce que j’ai vécu.

D’abord, j’ai commencé un régime draconien pour augmenter le pH de mon corps et me désintoxiquer du sucre. Je t’expliquerai plus tard pourquoi. 

Ensuite j’ai mis à contribution tous mes amis "connectés" pour qu'ils prient pour moi : méditations, prières et cierges brûlés. De l’univers aux anges en passant par Dieu et ses Saints, j’ai même eu recours à une voyante medium. Je pourrais en avoir honte après coup, mais j’assume tous mes actes. 

Si tu ne lâches pas prise, tu mourras.  

Et puis un jour on m’a mise en relation avec un sage guérisseur balinais. J’ai d’abord eu une courte correspondance avec lui par mail, et quelques semaines plus tard, à l’occasion de ses rares déplacements en France, j’ai pu le rencontrer. 

Il m’a reçu dans un petit appartement, en présence de son interprète. Il m’a écouté, questionné puis m’a pris la main. Et là, il me dit tout de go : "Si tu ne lâches pas prise, tu mourras !". Je venais le voir pour qu’il me donne une explication, des conseils, et pourquoi pas une séance thérapeutique. 

Au lieu de cela, il me déclare que l’issue, fatale ou pas, ne dépend que de moi … Tu imagines la responsabilité ?! J’avais envie de lui crier, "Mais tu crois que c’est facile de lâcher prise ? Tu crois que je n’ai pas déjà essayé ? C’est la chose la plus dure et je ne sais pas comment m y prendre…  Tu n’as pas le droit de me laisser comme ça !" .Mais tu t’en doutes bien, je n’ai rien dit. Je l’ai salué, je suis partie avec le fardeau de cette culpabilité sans savoir comment m’en délester. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans les jours qui ont suivi, je me souviens seulement de ses paroles qui résonnaient dans mon esprit. 

Quelques jours plus tard, mon amoureux venait de m’offrir un jeune chaton, on avait passé la soirée, mon fils, mon chéri et moi, à lui choisir un nom, à s’émouvoir devant cette petite boule de poils gris. C’était une soirée faite de rires et de légèreté. 

Le lendemain matin, Je me suis sentie bien. Un sentiment nouveau de plénitude, de joie et de je-ne-sais-quoi que je n’arriverai pas à te décrire, parce qu'inconnu jusque-là. J’étais heureuse, la peur m’avait quittée. Je venais d’accepter, de lâcher prise. 

C’est comme si je recommençais à respirer, à vivre. Je venais de comprendre le sens du bonheur. Ce sentiment ne m’a plus quitté par la suite. La chance c’est aimer ce qui t’arrive, et je n’étais qu’Amour ! J’en suis encore émue à te le relater aujourd’hui.

>> Lire la  [Chronique 1] de "Sein de corps et d'esprit : le diagnostic

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