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Le coût est dans le prêt... à porter

Le coût des vêtements est bien plus élevé que celui que nous payons !
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Sonia Bellouti
Sonia Bellouti
Mis à jour le 25 février 2021
Après s'être intéressée à la question de la viande, Sonia s'interroge aujourd'hui sur notre consommation vis-à-vis de la mode et plus particulièrement du coût que cela implique. A moins de deux semaines du début des soldes d'été, il est important de faire le bilan de nos pratiques.

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Nous nous ruons souvent dans les magasins au premier chagrin ou à la première contrariété. Combien de fois tu t’aies dit « je vais me faire plaisir, je le mérite » suite à un effort, un coup de déprime ou encore parce que tu venais d’atteindre un quelconque objectif. Toutes les raisons sont bonnes, la mode si changeante, les soldes si tentantes, la vie si stressante et la meilleure de toutes, on n’a jamais rien à se mettre. 
Pourtant nos armoires dégoulinent de vêtements que l’on porte peu voire pas du tout, achetés sur un coup de tête ou parce qu’il était tellement beau sur le mannequin et finalement tellement moins seyant sur nous. Il n'y a pas que ton porte-monnaie qui en souffre, les conséquences des achats compulsifs, du shopping intempestif et des orgies pendant les soldes sont multiples. Comme pour ta consommation alimentaire chaque vêtement acheté a un impact environnemental, éthique et sanitaire.

L’habit ne fait peut-être pas le moine, mais beaucoup de dégâts

Il y a 15 ans on avait commencé à entendre parler du travail de ces enfants qui fabriquaient chaussures de sport et ballons ronds en Inde. Parce que les petits doigts sont si précis, la main-d’œuvre si bon marché et la pauvreté aidant, ces petits garçons et petites filles étaient privés d’éducation et de leur droit le plus fondamental : une vie d’enfant. L’opinion publique s’était indignée et certaines multinationales avaient promis de maintenir le travail de ces enfants, économiquement indispensable à la survie des familles, tout en finançant l’école et leur éducation. Un début de prise de conscience ou du « greenwashing » pour redorer le blason ? Personnellement j’y ai cru sans chercher à vérifier.

Ma première prise de conscience date de cette période, où j’avais banni certaines marques célèbres de mon équipement sportif. Les années sont passées sans accorder plus d’importance que ça aux sources d’approvisionnement de mon vestiaire, tout en réduisant ma consommation en règle générale. Jusqu’au jour, par hasard, moi qui comme tu le sais ne regarde pratiquement jamais la TV, je suis tombée sur un documentaire retraçant la catastrophe de l’immeuble Rana Plaza, abritant plusieurs usines de prêt à porter. Cet immeuble s’était effondré en avril 2013 en provoquant la mort de 1135 personnes qui venaient de démarrer leur journée de travail,  la pire catastrophe industrielle de l’histoire du Bangladesh.

Travail illégal, conditions lamentables, rémunérations de misère, journées interminables … et salaire de la peur, sont le quotidien de beaucoup d’ouvriers en Asie, parce qu’il faut fabriquer toujours plus de vêtements à moindre coût et souvent de qualité médiocre. Comment en sommes nous arriver là ? 

Les gros producteurs occidentaux qui ne voulaient pas investir dans des usines sur-place se sont tournés vers des sous-traitants en leur proposant des marges très faibles. Résultat : une gestion des usines par ces derniers comme on gérerait des camps de détention. Ainsi les entreprises qui passent commande peuvent nier toute responsabilité dans les agissements des propriétaires la conscience tranquille et les mains propres.

Je me souviens être allée vérifier où étaient fabriquaient mes vêtements, et à mon grand désespoir la plupart provenaient du Bangladesh avec une forte présomption que ce soit dans ces mêmes ateliers. C’en était trop, du jour au lendemain j’ai cessé de fréquenter ces enseignes (Gap, H&M, Mango, …) pour ne pas avoir à « porter un mort » sur le dos.

Le textile c’est pas terrible

La course aux marges, aux rendements et bénéfices ont conduit les entreprises à reporter de plus en plus les coûts sur deux facteurs « invisibles » depuis nos contrées : l’environnement et la main-d’œuvre à l’étranger, parce que les normes environnementales sont peu exigeantes voire inexistantes et où le travail n’est pas ou à peine règlementé. 

La culture du coton par exemple, utilise à elle seule 12% de la consommation de pesticides et 25% des insecticides alors qu’elle ne représente que 2,4% des terres cultivables. Et même s’il est bio, le coton est le végétal dans l’industrie qui consomme le plus d’eau, 60% de plus que le blé. La fabrication d’une simple chemise de coton nécessite 3000 litres d’eau. On produit environ 809 kilos de coton par seconde dans le monde et l'Inde est le 2e producteur après les US. 

Les alternatives synthétiques, fabriquées à partir d’hydrocarbures, ne sont pas biodégradables et les nombreuses étapes nécessaires à l’obtention de la fibre textile consomment et libèrent énormément de produits toxiques.

L’industrie textile met en péril la santé de villages entiers en raison de la pollution, notamment à cause des teintures, du tannage des cuirs et les différentes étapes pour l’obtention de fibres finies. Rien qu’en Chine, 70% des cours d'eau sont pollués.

Les ouvriers sont exposés à des colorants et autres produits irritants et allergisants. Les vêtements finis en gardent des traces significatives et il y a déjà eu des cas de réactions cutanés et de retraits de marchandises par certaines enseignes. 

Dans un rapport présenté par Greenpeace en janvier dernier, l’ONG déclare avoir retrouvé des produits chimiques dangereux dans 90 % des articles de sport analysés.  Depuis fin 2015, l’UE interdit l’importation de vêtements comportant certaines substances comme des éthoxylates de nonylphénol (NPE).

Les matières premières textiles proviennent en majorité de Chine, des US et de l’Inde. Elles vont ensuite être acheminées au Bengladesh, au Vietnam, au Pakistan en Indonésie ou aux Philippines où se trouvent les usines d’assemblage et les ateliers de confection. Le produit fini est par la suite envoyé dans des conteneurs par voie maritime vers les principaux ports dans le monde. A partir de là les camions et trains transporteront les vêtements jusqu’à nos magasins.

Nous achetons environ 20 kilos de vêtements neufs chaque année et chaque article contribue à hauteur de 20 fois son poids aux gaz à effet de serre.

Et puis les produits les plus chers ne sont pas exempts de tous ces problèmes : à conditions égales, les marges sont seulement plus importantes. Le marketing de perception nous fait croire qu’un vêtement cher est forcément de qualité ou fabriqué dans de meilleures conditions … que nenni !

Et là je vais te surprendre … 70% de notre garde-robe ne serait pas portée. Un gaspillage très destructeur compte tenu des conséquences de chaque étape de la fabrication de nos habits. La mauvaise nouvelle est que notre mode de consommation est responsable de cet état de fait et la bonne est qu’en changeant notre façon d’acheter les vêtements, on peut faire évoluer les choses. Car chacun de nos choix contribue ou pas à la mondialisation des enseignes et au pillage aussi bien économique qu’écologique

Alors comment faire ? Comment concilier le plaisir, parce qu’il en faut, nos besoins et la raison tout en ne nuisant pas à soi, à autrui et à la nature ? Ne n’oublions pas, nous avons besoin de notre planète mais elle beaucoup moins de nous et l’effet papillon peut être redoutable.

Je t’invite à découvrir la suite de cette conversation et je te dirais comment en quelques années j’ai drastiquement réduit mes achats sans être frustrée. Comment j’ai réussi  à m’habiller avec moins mais mieux et à pouvoir d’achat égal et enfin quelles sont toutes les alternatives aux enseignes « cheap » et polluantes. 

On se retrouve dans une autre chronique « Soldes out ; vers un vestiaire éthique » 

 

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