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COP 21

COP 21 : 5 questions à Krotoum Konaté

Krotoum Konaté, directrice de l'ITAB
Krotoum Konaté
Spécial COP 21
Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Krotoum Konaté est directrice de l’Institut technique de l’agriculture biologique à Paris. Un rôle qui lui permet de mettre ses compétences et ses connaissances au service d'une agriculture pleine de sens, qui respecte la planète et prépare le monde de demain.

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Quelle problématique est la plus urgente à vos yeux pour cette COP21 ?
Les scientifiques alertent depuis plusieurs années les dirigeants sur le réchauffement de la planète. La température a déjà augmenté de + 0,85 °C depuis l’ère préindustrielle. Si rien ne change, le réchauffement devrait s’élever à 4,8 °C à horizon 2080-2100 avec une accélération du dérèglement du climat et ses conséquences désastreuses : fonte des glaciers, hausse du niveau de la mer, augmentation de l’acidité des océans, pluies et sécheresses extrêmes… Avec des impacts irréversibles sur les écosystèmes, mais aussi de très graves conséquences économiques. 
Encore peu de citoyens sont conscients du problème, car leur quotidien est pour l’instant peu impacté, et ils ne voient donc pas en quoi leur mode de vie contribue à augmenter les gaz à effet de serre.
La COP 21 doit impérativement aboutir à la signature d’un accord qui soit engageant et contraignant pour les états, y compris pour les pays émergents et en développement, pour contenir le réchauffement climatique. 
Puis, chaque gouvernement aura à convaincre les citoyens, à les inciter à modifier leur comportement, et à les accompagner dans des pratiques quotidiennes moins nocives pour notre planète.
Face à l'urgence climatique, quel pays vous semble avant-gardiste et quel pays vous parait en danger ?
Le Costa Rica ambitionne de devenir le premier pays neutre en CO2 à l’horizon 2021. Il vise une production d’électricité 100% basée sur des énergies renouvelables. 
En Europe, le Danemark est exemplaire : il prévoit pour 2050 de se libérer complètement des énergies fossiles et d’utiliser uniquement des énergies renouvelables. L’éolien y a par exemple d’abord été une initiative citoyenne, qui a ensuite été relayée et soutenue par l’état : 40% de l’électricité produite aujourd’hui au Danemark est éolienne. Et son antériorité dans ce domaine a procuré au Danemark un savoir-faire qu’il exporte : dans le monde, une éolienne terrestre sur trois et neuf éoliennes offshore sur dix sont de fabrication danoise ! Par ailleurs, grâce à un réseau de pistes cyclables très complet, 35% des Danois vont travailler ou étudier à vélo.
Je citerai enfin le Bhoutan, pour lequel j’ai un coup de cœur : depuis 1970, ce pays se distingue par un modèle de développement basé sur le « BNB » (Bonheur National Brut) au lieu du PNB, et il vise une production agricole 100% bio d’ici 2025… Ça fait rêver !
Les îles, touchées par la hausse du niveau de la mer, sont les plus vulnérables au réchauffement climatique. C’est sans doute l’archipel du Vanuatu qui est le plus en danger, alors qu’il a déjà été dévasté en début d’année par un cyclone d’une ampleur exceptionnelle.
Quels sont les choix citoyens qui permettraient de sauver la planète ?
Des choix alimentaires, énergétiques, et dans le domaine des transports.
Les aliments et leurs modes de production ont des impacts sur le réchauffement climatique (émission de méthane et de CO2, déforestation, …). Consommer responsable et local, manger de saison, acheter moins et éviter le gaspillage alimentaire, manger moins de viande et la choisir de qualité, penser aux protéines végétales… Et évidemment, consommer bio : un mode de production qui préserve l’environnement, et n’utilise pas de produits chimiques de synthèse.
Dans le domaine de l’énergie, apprendre à l’économiser, et privilégier une électricité d’origine 100% renouvelable.
Pour ce qui est des transports enfin, privilégier les transports en commun et le co-voiturage, préférer le train à l’avion, et se déplacer à vélo dès que c’est possible.
Quel peut être l'engagement féminin pour le climat ?
L’engagement féminin est essentiel : les femmes jouent au Nord comme au Sud un rôle prépondérant dans les choix de consommation des ménages, et elles ont également un rôle primordial dans l’éducation de nos enfants. Elles seront les premières actrices dans le nécessaire changement de nos comportements de consommation (et pas uniquement pour les produits d’hygiène et beauté). Elles seront aussi – elles sont déjà – les premières à transmettre à nos enfants une culture éco-citoyenne et des valeurs de préservation de la planète.
Cet engagement féminin pour le climat est porteur de développement durable et de développement tout court, et d’ailleurs, les grands acteurs institutionnels ne s’y trompent pas : la Banque Africaine de Développement mise par exemple beaucoup sur l’engagement féminin comme facteur clé de réussite des projets de développement, et crée des postes spécifiques dans cet objectif.
Quel est l'avenir de la recherche en agriculture bio ?
La bio n’est plus une agriculture de niche ! La consommation bio est en hausse dans tous les pays du monde, et rien qu’en Europe, elle représentait en 2013 un marché de 23 milliards d’euros. Mais avec le marché croissent aussi les attentes des agriculteurs, des entreprises, et des consommateurs, et les moyens publics dédiés à la recherche en bio sont insuffisants pour y répondre.
L’avenir va donc vers une recherche multipartite, dans laquelle il faudra injecter plus d’argent public, mais pour laquelle d’autres modes de financement innovants restent à inventer.
Attirés par des débouchés commerciaux certains, le secteur privé va certainement prendre une part de plus en plus importante dans le financement de la recherche en bio. Mais sans doute verra-t-on aussi se développer une recherche transdisciplinaire, participative, plus en lien avec les consommateurs, et couvrant l’ensemble de la chaîne alimentaire « de la fourche à la fourchette ».

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