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Témoignage : j'ai choisi l'instruction en famille

Céline Laly, une maman qui a choisi l'instruction en famille
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Celine Laly
Celine Laly
Mis à jour le 25 février 2021
Celine Laly a choisi l'instruction en famille pour son fils Hector. Elle témoigne de ce qui l'a poussée à faire ce choix et explique pourquoi elle ne le regrette pas un instant. Elle a pensé son témoignage comme une lettre ouverte à la Ministre de l'Education nationale.

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Céline Laly, une maman qui a choisi l'instruction en famille.

 

Quand mon fils Hector est né, il y a bientôt 7 ans, j'ai refusé qu'on le mesure à peine sorti de mon ventre. Très sincèrement, qu'il mesure 49cm ou 53cm, peu m'importait. Ce qui m'importait c'était de l'accueillir avec tout mon amour dans tout ce qu'il était. Et qu'on l'étire comme un spaghetti après 9 mois passés recroquevillé ne faisait pas partie du contrat « meilleur accueil ». Petit ou grand, l'avenir le dira et qu'est-ce que ça change ? Ah oui, c'est pour vérifier qu'il se développe bien par la suite... En fait je n'ai pas besoin de le mesurer. Je vois. Tout le monde a la capacité de voir si quelqu'un est heureux, même un bébé, même un enfant. Un bébé qui bouge, qui cherche, qui se pose... et ce petit air d'ange quand il est repu.. les joues dodues, le regard qui brille, qui fait de beaux cacas : il y a tellement de façons de voir et de sentir que tout va bien, qu'il grandit. Du coup, j'ai également refusé de le peser. Oui, sa courbe de développement n'est pas annotée dans son carnet de santé. Je ne suis pas inconsciente, je suis confiante, c'est différent. Ça n'empêche la vigilance, bien au contraire. Et je suis bien entourée. Et je suis à l'écoute. Et j'observe. Sans jugement. Telle une jardinière qui regarde pousser fleurs, fruits et légumes... avec un peu plus d'eau, un peu plus de paillage si je vois que ça manque, puis je laisse faire.

Un jour, mon fils a commencé à vouloir marcher. Alors, attention, un bébé, ça ne marche pas du jour au lendemain hein, il essaie, essaie, essaie, chute, ré-essaie. Il ne viendrait à l'idée de personne de dire « ah 4/10, tu as raté ton premier pas (ou de donner un smiley déçu) ». Le premier pas existe. Il y aura toujours un premier pas. Différent. Unique. Pour toutes et tous. Et même il y aura un 2e... C'est un des apprentissages qui demandent le plus de concentration, d'estime de soi, de lâcher-prise, de coordination neuronale, de musculature... Un truc de surdoué ma parole et aucun cours pour ça ! Voilà le scoop : tous les enfants marchent un jour. Et ils ne l'ont pas « appris ». Enfin, ils ne l'ont pas bachoté (sauf ceux qui font des pompes en douce le soir avant de se coucher la veille de l'examen du premier pas). Vous me voyez venir ?

Tous les enfants lisent un jour. Tous les enfants dans une société de culture écrite (pub, textos, internet, revues, livres, BD...) lisent. Nous sommes des êtres apprenants et nous apprenons ce dont nous avons besoin pour nous adapter à notre environnement. 

Marcher à 9 mois ou à 20 mois, où est le problème ? Peut-on s'exclamer dans la rue à la démarche d'une personne : « Ah toi, tu as commencé à marcher tardivement, ça se voit ! » . Savoir lire à 3 ans ou à 10 ans, où est le problème ? Dans une étude de 1998, le Dr Alan Thomas, psychologue et chercheur à l’Université de Londres, Institute of Education, a étudié l'apprentissage de la lecture dans le livre Educating Children at Home. Voici un extrait de ses observations à ce sujet : « Un résultat complètement inattendu [de l’étude] a été le nombre d’enfants qui commençaient à lire « tardivement », même vers 10 ou 11 ans. Il est encore plus étonnant de constater que le fait de lire tard n’avait, autant qu’il est possible de le vérifier, aucun effet négatif sur le développement intellectuel, l’équilibre, ou l’acquisition ultérieure d’une lecture efficace. En général, ces lecteurs « tardifs » rattrapaient très vite et dépassaient le niveau de lecture correspondant à leur âge et, comme les autres enfants éduqués à la maison, aimaient lire. » Dans l'expérience de l'Instruction En Famille, cela se vérifie sans cesse. Mais avez-vous rencontré des familles qui l'expérimentent ?

Quand Hector est rentré en maternelle, il m'était insupportable de voir ces affreux smileys lui donner leur avis en permanence sur tout ce qu'il entreprenait avec tout son enthousiasme d'enfant. 

Hector a bientôt 7 ans. Depuis plusieurs mois, nous vivons l'aventure magique de suivre nos élans et nos envies au quotidien grâce à l'Instruction En Famille. J'ai la chance d'avoir un compagnon freelance et au cœur intelligent et une profession-passion qui nourrit mon enthousiasme, avec des horaires hors norme « métro-boulot-dodo ». L'organisation de l'école était beaucoup trop contraignante avec nos modes de vie et organisations professionnelles. Ce n'est pas le cas de tout le monde bien sûr. Il s'agit bien là de vous donner ma parole, mon expérience. Je ne représente personne.

Sortir de l'école nous a permis de retrouver une liberté et une joie de vivre. Rien de plus important pour moi au monde. 

Mais surtout, je vois Hector se ré-approprier ses envies, sa curiosité, ses élans. A son rythme. Il calcule des superficies et des volumes, parce qu'il adore ça. Il n'écrit pas, car ce n'est pas le moment pour lui. Et je ne le forcerai pas. Je ne le « coloniserai » pas. Je vous renvoie vers le magnifique documentaire « Schooling the world » à ce sujet. Et je suis sûre qu'Hector écrira un jour !

Définir des stades à atteindre pour les enfants selon leur âge, c'est les mettre dans des cases, c'est les couper de leurs forces vives, de leurs talents, de leur particularité nécessaire au monde. Lors du dernier sondage sur Opinion Way « Pourquoi l’école », « les parents insistent à 92% sur la nécessité de tenir compte des différences interindividuelles entre élèves (personnalité, talent…) et d’adapter les pédagogies (91%) ». N'entendez-vous pas les parents, les familles, les enfants ? Tant de ressources, de témoignages, de documentaires, de TEDx, d'expériences de tous ordres en France et ailleurs dans le monde montrent l'incroyable fourmillement d'idées et de compétences ! Les expériences menées par les familles chez elles pourraient contribuer à enrichir ce terreau. Une vraie diversité de parcours ! (Et non, nous ne sommes pas des terroristes comme le prétend Eric Ciotti dans sa proposition de loi...).

Nous sommes tous et toutes particulier-e-s et ce sont nos différences, nos complémentarités qui permettent d'enrichir notre monde. Nos intelligences sont multiples : cognitive, manuelle, kinesthésique, spatiale, relationnelle, émotionnelle... Multiples nos centres d'intérêts, passions, expertises, tempéraments, façons d'être au monde. Nous sommes amateurs et amatrices de nos arts de tout type. Nous ne sommes pas des machines ! 

J'ai fait le choix de l'Instruction en Famille pour fuir l'uniformisation et le formatage que l'évaluation extérieure à « niveaux » induit. Comment révéler les talents sinon en donnant des temps libres, beaucoup de temps libres, sans pression d'un examen à l'échéance connue ? On ne tire pas sur un brin d'herbe pour le faire pousser. Il est hors de question qu'on tire sur mon fils au risque d'arracher, casser ou déraciner quelque chose en lui. 

La visite de l'inspecteur ou de l'inspectrice est un stress pour tout le monde : professeurs, parents, enfants... Combien d'ami-e-s enseignant-e-s m'ont raconté le doute insinué après cette visite ! (Et entre nous, l'inspection... quel vilain mot... J'entends Inquisition, mais ça doit être mon côté « sorcière »). Alors que nous avons besoin d'échanges constructifs et valorisants, de regards bienveillants et positifs posés les uns sur les autres, d'auto-évaluation pour exprimer nos besoins, ce que l'on souhaite faire et comment y parvenir ! Et pourquoi ne pas supprimer toute cette histoire d'évaluation, d'inspection après tout ? C'est le choix hautement politique fait par la Finlande pour transformer profondément l'éducation nationale ! Pourquoi pas nous ? 

La grande majorité des familles souhaite l'école pour leurs enfants. Que l'école soit alors la plus belle et douce expérience pour grandir et s'élever en tant qu'élève ! Pour les familles qui souhaitent proposer une instruction chez elles, regardez-nous, écoutez-nous, venez nous rencontrer, nous connaître avant de décider pour nous sans nous consulter. Ne signez pas ce décret. Et donnez-nous les moyens d'une vraie éducation riche de diversité.

Une éducation pour tous, quelle riche idée. Une évaluation pour tous... Non !

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