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André Stern : Remettre le jeu au coeur des apprentissages

André retrace son expérience dans un livre "Et je ne suis jamais allé à l'école", paru chez Actes Sud
mains enfant couleur peinture Éduquer autrement
Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Il a dépassé la quarantaine, mais reste un grand enthousiaste. André Stern n'est jamais allé à l'école et est convaincu que tous les enfants devraient pouvoir apprendre en jouant. Rencontre avec un électron libre.

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Fils d'Arno Stern, André a grandi dans la liberté complète d'apprentissage chère à son père. Il en parle comme d'une chance formidable qui lui a permis d'aller à son rythme jusqu'au bout des choses. "Je pouvais passer des journées entières focalisé sur un seul sujet. Un enfant est capable d'une profondeur, d'une constance, d'un sérieux, qui lui permettent d'aller extrêmement loin dans ses découvertes. C'est pourquoi un enfant libre va apprendre"

Un miracle de la nature ? Pas du tout. "Nous naissons tous équipés d'un formidable outil d’apprentissage : le jeu. Que fait un enfant dès qu'on le laisse seul ? Il joue. Un enfant qu'on laisse jouer tout le temps va apprendre, sans dissocier jouer et apprendre". Une chance formidable, car nous ne pouvons apprendre que lorsque nos centres émotionnels sont activés, c'est-à-dire quand ça nous intéresse. "Nous sommes tous capables d'apprendre sans enseignement : nous a-t-on enseigné notre langue maternelle ? Pas du tout, nous l'avons apprise au contact des autres. La lecture et l'écriture sont des apprentissages naturels qui ne peuvent pas ne pas se produire. Seulement, ils se produisent lorsque nos centres émotionnels sont activés. Personnellement, j'ai appris à lire à 8 ans. Mais il m'a suffit de 3 heures parce que j'avais vraiment envie d'apprendre."

Un autre paradigme
André Stern n'a aucune envie de critiquer l'école. Il déteste les querelles de clocher et n'a qu'un credo : l'enfant. "Ce qui m'intéresse, c'est l'enfant. C'est de lui dont il s'agit, c'est lui qui doit apprendre. Je ne cherche pas à opposer les méthodes, à en critiquer certaines et à en prôner d'autres". 

Plus qu'une nouvelle façon de penser, André invite donc à adopter une nouvelle attitude, faite de respect envers nos formidables dispositions spontanées. Il s'agit de laisser l'enfant choisir ses centres d'intérêt. "Aujourd'hui, on sort un enfant de son flot et on le met sur la berge pour lui dire : 'et maintenant regarde ceci'. S'il a envie de regarder ailleurs, on ne le laisse pas faire". Pourtant, un enfant est par nature enthousiaste de tout, et tout est source d'apprentissage. 

L'enthousiasme, une caractéristique de l'enfance ? Au grand dam d'André, la réponse est oui : un adulte s'enthousiasme deux à trois fois par an, alors qu'un enfant s'enthousiasme toutes les deux à trois minutes ! Un adulte enthousiasme serait-il un grand enfant ? André transforme la question : pourquoi distinguer enfants et adultes ? Chacun a quelque chose à enseigner à l'autre, "les adultes devraient apprendre des enfants l'ouverture d'esprit, la tolérance. Le monde irait beaucoup mieux si l'on faisait la paix avec l'enfance !".

Retour à des questions pratiques. Un enfant libre s'affranchit-il de toute règle ? Pas du tout ! Il a besoin, comme tout un chacun, d'un cadre. "Je préfère parler de rituels. Il s'agit de règles qui structurent notre environnement. Ce sont des règles personnelles, par exemple, petit, je me levais tous les jours à 6h pour améliorer ma technique à la guitare, des règles familiales, chez moi, on a toujours mangé à heure fixe tous ensemble, ou encore de règles de la société, comme s'arrêter au feu rouge. Les enfants intègrent naturellement ces règles s'ils les comprennent et si elles ne sont pas arbitraires". Pour André, les enfants sont des "équipiers extraordinaires", ils veulent faire partie de l'équipe de la vie et sont donc prêts à jouer avec les éléments du jeu de la vie que sont les horaires, les structures, les règles, nos contrats humains. 

Apprendre pour le plaisir
On lui demande alors s'il n'a jamais eu envie d'aller à l'école. André répond du tac-au-tac : "Si j'avais voulu, j'aurais pu ! Mais j'avais des journées très remplies, bien plus que ce qu'un adulte serait prêt à faire dans le même temps. En plus, l'image renvoyée par l'école n'était pas du tout attirante. Les enfants que je rencontrais n'avaient jamais le temps de jouer et ils me disaient toujours que j'avais de la chance de ne pas y aller". En allant plus loin dans la discussion, on réalise qu'un enfant a juste envie d'être comme les autres. S'il est entouré d'enfants qui vont à l'école, il voudra y aller. Mais s'il est entouré de personnes de tous âges qui n'y vont pas, il n'en ressent pas le besoin. 

Aujourd'hui, André est papa d'un petit Antonin, à qui il a choisi, avec sa femme, d'offrir l'éducation libre. Résultat, "depuis 6 mois, tout tourne autour de la conquête spatiale à la maison ! Je suis devenu incollable sur le programme Apollo". Car oui, le plus important dans l'affaire, c'est d'être prêt à apprendre à tout âge, avec enthousiasme et pour le plaisir.

 

>> Pour une lecture optimisée, retrouvez cet article dans votre magazine iPad de mai 2015

 

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