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Endométriose

Témoignage de Julie : l’endométriose, comme un sort empoisonné... qui touche une femme sur dix

Témoignage : l’endométriose comme un conte de fée
"Tu m’as ouvert les yeux, Endométriose. Je te dois tant. J’ai cru mourir, et je t’ai haï pour cela. Mais aujourd’hui, je sais que tu m’as enseigné"
Cederic x/Unsplash
Vivre avec l'endométriose : Mini-série
Julie Saint-Clair
Julie Saint-Clair
Mis à jour le 09 août 2021

Julie témoigne de son endométriose sous forme de conte, utilisant la métaphore pour nous transmettre les émotions que fait ressentir cette maladie.


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L'endométriose est une maladie chronique de l'endomètre qui touche une femme sur dix, entraînant de fortes douleurs pelviennes, notamment pendant les menstruations. Une atteinte terrible à la fémininité qui peut causer l'infertilité. 

>> A lire sur FemininBio : L’endométriose, une maladie méconnue

Il était une fois... une malédiction

La petite fille naît. Onze fées lui offrent de multiples qualités, nombreuses vertus. Mais une fée n’a pas été conviée à célébrer sa venue. Vengeance ! Elle jette alors un sort à cet enfant. Un bien terrible sort en vérité, de ceux proférés au premier jour, de ceux qui marquent et laissent des traces. Ce sort, il doit la tuer. À la puberté. « Une goutte de sang tombera, et elle mourra. »
Ou pas.
Reste une fée. Qui passe par là, et récuse la mort : « L’endométriose te frappera, mais tu ne mourras pas. Tu vivras. Pendant cent ans, tu seras plongée dans un profond sommeil, jusqu'à ce qu'un prince t’éveille. »
La petite grandit et se porte bien. Mais la puberté approche à grand pas, tapie dans l’ombre. Prête à bondir sur sa proie.

Seize ans. La fillette atteint l'âge tant redouté. Malédiction ! Elle se pique le doigt, une goutte de sang tombe. Elle ne meurt pas.

Puberté. Sang. Menstruations. Des mots à faire frémir les fées. Désormais, ce châtiment touchera une partie des nouvelles-nées : « Quatre-vingt-dix épargnées. Dix sorts jetés ! ». Les petites filles d’aujourd’hui ne sont plus en sécurité ! Comme une musique qui revient, comme une menace dont on ne sait rien ou… un mal de chien.

L’endométriose comme une haie de ronce

La jeune femme s’endort. Sommeil profond dans lequel elle rêve et s’agite. Se tord et s’agrippe. Sonne l’heure, vient la douleur. Ce ventre qui fait si mal. Endométriose, comme une haie de ronce qui entrave son monde. Le monde de nos petites filles, de nos jeunes femmes, de nos femmes ! Le monde de nos bébés, sœurs, nièces, cousines, tantes et mamans. Combien de malédictions faudra-t-il encore proférer pour nous éveiller ! Nous, les hommes, les femmes – le commun des mortels - les chercheurs, et même les fées ! La jeune femme souffre. Elle rêve, cherche à panser ses plaies. Chacune avance. Ou non. Car la haie en attrape, des filles. Les happe. Les avale. Ou les brise. Parfois on ne les revoit jamais.
Alors, tout doucement, perdue au milieu des ronces, elle pleure.

L’endométriose, comme un baiser

Pleure, ma petite. Pleure cette colère. Et crie ta honte. Tu es là - je te vois - recroquevillée, grevée d’épines à la taille ; tu as si peur ! Il fait trop noir ici, trop sombre, trop étouffant, pour une femme de ton rang. Écorchée peut-être, blessée, peu importe. Tu n’es pas de celles qui abandonnent. Alors tu bandes tes mains, tombe la robe, défais les lacets, dégaine ton épée... et perds un soulier. L’endométriose n’aura pas ta peau ! Partant, tu saisis au loin la battue qu’on mène en ton nom. Ton royaume t’attend, tu l’entends ! Et tu t’y rends !

Tes yeux clignent, l’un après l’autre. Le sommeil qui t’emprisonnait s’éclipse, tu respires mieux. Le cercueil de verre cède devant ta foi, tes lois.
Oh ! Voilà que j’aperçois à ton chevet une dame belle et jeune. Je crois que vous êtes proches. On l’appelle Endométriose. Curieux nom, n’est-ce pas ? Elle te sourit, te tend la main et t’aide à te relever. Vous vous serrez dans les bras, comme deux femmes qu’une promesse a lié pour l’éternité. Comme deux femmes qui ont mené un même combat. Et l’ont emporté.

>> A lire sur FemininBio: Endométriose : elle raconte sa maladie

Vous voilà murmurer, une main sur le cœur ; je vous entends au loin…

- Tu m’as ouvert les yeux, Endométriose. Je te dois tant. J’ai cru mourir, et je t’ai haï pour cela. Mais aujourd’hui, je sais que tu m’as enseigné. Tu m’as forgée, ciselée et épurée. J’ai appris de toi pour être encore plus moi.
- Ne me remercie pas. Tu étais une bonne élève, quoi que coriace et réticente les premiers mois. Tu as ouvert les yeux ce matin, entourée d’amis et de bons compagnons. Et j’étais à tes côtés pour te saluer. Désormais, il me faut te laisser. J’ai d’autre filles à chaperonner, d’autres chemins à révéler.
- D’autres légendes à tisser, d’autres histoires à narrer ou… d’autres femmes à qui casser les pieds !

Rires. Elles se quittent le sourire aux lèvres, comme deux femmes qu’une promesse a lié pour l’éternité. Comme deux femmes qui ont mené un même combat. Et l’ont emporté.

La jeune femme est seule maintenant, il n’y a que le vent pour lui tenir compagnie. Les yeux levés vers l’immense azur, elle murmure un doux « merci ».

« Va » répondent les nuages.

 

Julie SAINT-CLAIR est fondatrice de la page Facebook Endosemble, dédiée à l’endométriose.Elle est l’auteure de "Comment guérir de l'endométriose", parution le 11 janvier 2019 aux éditions Josette Lyon et "Comment s’épanouir malgré une endométriose".Elle développe sa vision de l’art de vivre à travers son site.

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