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Révéler son potentiel au féminin, rencontre avec Catherine Oberlé

Catherine Oberlé, fondatrice de l'Académie du Féminin
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Bien-être au travail
Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Désormais, la quête de sens au travail est une aspiration commune. Comment vivre sereinement son désir d'accomplissement tant professionnel que personnel ?

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A l'occasion du lancement de l'Académie du Féminin, nous avons interrogé Catherine Oberlé sur les enjeux de la place des femmes et du féminin dans le monde du travail. Une rencontre inspirante.

FemininBio : S’accomplir professionnellement et personnellement, est-ce le grand défi du XXIème siècle ?

Catherine Oberlé : Ce ne sera peut-être pas le seul, mais Il en fait certainement partie. Il y a quelques années, une célèbre marque d’huile de cuisine utilisait le slogan « Je veux tout » en mettant en scène une femme sexy et épanouie. Les femmes d’aujourd’hui sont sorties de la cuisine et ne se limitent plus aux sujets concernant les enfants, la maison ou les régimes. Elles prennent conscience qu’elles sont responsables de leur vie, qu’elles ont les moyens de faire bouger les mentalités et qu’elles ont un réel rôle à jouer. Mais elles ont encore un peu de mal à se libérer des carcans éducatifs.

Par chance, aujourd’hui ce désir d’accomplissement est porté par plusieurs générations en même temps. Ce n’est plus réservé aux « personnes d’âge mur » qui ont déjà un vécu et qui font un point en tirant des leçons de leurs expériences, en se rendant compte qu’elles sont passées à côté de leur vie, mais par toute une partie de la population qui inclut des jeunes adultes. Il y a une ouverture d’esprit sur ce qu’il est possible de faire de sa vie, grâce bien sûr à tous les médias et à tous les progrès techniques de ces dernières années. Les jeunes d’aujourd’hui ont non seulement un accès à la connaissance, au savoir mais aussi à un champ des possibles qui n’a plus ou peu de limites.

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A cela s’ajoute pour certains une réelle quête de sens, des questionnements sur la vie, la mort, face aux évènements tragiques de ces dernières années. Alors oui il y a pour certains une urgence à s’accomplir, à se réaliser tant sur le plan personnel que professionnel, car au final nous ne faisons qu’un, et il faut arrêter de nourrir cette dichotomie entre le privé et le professionnel car nous sommes la même personne à la maison ou au travail.

Est-ce un défi particulièrement féminin ?

Oui et non. Mais il est vrai que les femmes ont beaucoup plus à faire que les hommes. Jusqu’à il n’y a pas très longtemps, il était plus facile pour un homme de s’accomplir professionnellement, c’était dans l’air du temps, c’était normal. Leur challenge à eux sera peut-être de s’ouvrir un peu plus à s’accomplir personnellement. Les femmes vont avoir à mener les deux de front.

Quand on parle d’accomplissement on fait référence au fait de se réaliser, de s’épanouir, de trouver sa mission de vie. C’est très alléchant comme programme. Cela donne un autre sens à la vie et nous permet de sentir que nous faisons partie d’un tout dans lequel nous avons un rôle à jouer. C’est très valorisant et lorsque c’est bien fait cela nous permet d’exprimer le meilleur de soi et de le mettre au service du monde.

J’encourage vraiment les femmes à aller dans ce sens afin de libérer tout leur potentiel. Mais pour cela il est essentiel qu’elles arrivent à lâcher une forme de culpabilité. Cette culpabilité les entravelorsqu’il s’agit de faire les choses pour elles-mêmes et se donner la priorité.

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Que signifie évoluer en conscience dans le monde du travail ?

C’est prendre conscience de nos limites, de nos aspirations, de ce que nous voulons réellement faire. C’est refuser de se laisser contraindre. C’est oser dénoncer toutes situations inacceptables : les agressions, les harcèlements, les manipulations. C’est aussi apprendre à se connaitre et repérer de quelle manière nous co-construisons les situations, nous sommes acteurs de ce que nous vivons et pas seulement victimes. C’est enfin prendre sa part de responsabilité, arrêter de se plaindre, et réapprendre à poser des actes qui nous permettront de rester digne et aligné sur nos valeurs.

En tant que coach et gestalt-thérapeute, cela fait plusieurs années que vous accompagnez les femmes dans votre cabinet. Avez-vous été frappée par la récurrence de certains doutes et questionnements ?

Le cœur de mon travail est d’aider les femmes à prendre leur place et à vivre la vie qu’elles choisissent pour elles-mêmes, en osant s’affirmer dans leur singularité. Cela passe par lâcher des conditionnements, des résistances, se réapproprier ses choix, ouvrir le champ des possibles. Il s’agit de déconstruire pour reconstruire différemment en s’appropriant ses choix de vie. Cela peut être un peu déstabilisant au début, mais dès que les personnes captent les bienfaits de cette démarche, la mise en place du changement se fait assez rapidement.

Il y a bien sûr quelques grands thèmes que je retrouve régulièrement chez les femmes que j’accompagne. Il s’agit principalement du manque de confiance en soi, de la pression de la perfection, la crainte de ne pas être à la hauteur ou de ne pas se sentir légitime. Mais il y a aussi toute une myriade d’introjects, d’habitudes, de croyances que nous portons en nous et qui nous bloquent dans notre évolution. En fait j’autorise les femmes à être elles-mêmes. Je les questionne sur leurs valeurs et je les aide à remettre en question ce avec quoi elles ont été éduquées. Je me suis aperçue que lorsqu’une femme n’ose pas c’est parce qu’elle n’arrive même pas à imaginer qu’elle y a droit.

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La différence que je note aujourd’hui, par rapport a il y a dix ans, c’est que les choses vont plus vite. Les temps de réaction puis de mise en place du changement sont plus rapides. Il y a de nouveaux modèles qui émergent qui inspirent les femmes et leur donnent non seulement de l’espoir mais aussi des idées et ouvrent le champ des possibles. J’ai longtemps cru que ces difficultés étaient spécifiquement féminines, mais j’ai depuis quelques mois de plus en plus d’hommes qui s’adressent à moi.  Je me rends compte que la parole se libère pour eux également et je pense que dans les prochaines années il y a certainement un mouvement en leur faveur qui va pouvoir émerger afin de sortir du cliché masculin opposé au féminin et favoriser une harmonie entre les deux.

Comment définiriez-vous le potentiel ?

Je dirais que c’est un savant mélange de compétences, de talents, de personnalité, d’aspiration personnelle le tout mis au service de la vie.

Révéler son potentiel, se sentir alignée… est-ce la même chose ou est-ce complémentaire ?

L’un ne va pas sans l’autre, ou plutôt notre potentiel ne peut s’exprimer pleinement que lorsque nous nous sentons aligné, et lorsque cet alignement intérieur résonne avec notre environnement. Ce qui veut dire que notre potentiel ne peut se révéler pleinement que dans un environnement positif et soutenant pour nous, dans une forme de congruence.

Quelles sont les plus grandes forces insoupçonnées des femmes ?

Elles sont courageuses mais ne le savent pas assez ou n’y croit pas. Elles voient le courage chez les autres mais pas assez chez elles. Elles sont déterminées. Elles ont parfois du mal à choisir, peuvent hésiter ou douter pendant longtemps, mais lorsqu’elles ont fait un réel choix, elles y vont à fond. Elles sont fortes, sensibles et créatives et c’est tout cet ensemble là qui fait leur beauté.

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Comment mettre en avant le féminin en entreprise ?

Je vous répondrai en m’appuyant sur le concept du Tao, en vous parlant d’énergie et non pas de genre. Mettre le féminin en avant en entreprise c’est déjà en comprendre le sens, la finalité. Ne pas le faire par conformisme ou par mode mais réellement en conscience de la valeur ajoutée que cela peut amener à l’entreprise. C’est aussi sortir d’un conflit qui voudrait que le masculin soit supérieur ou plus noble que le féminin. L’énergie du masculin dans son essence est l’énergie qui nous permet de bâtir, de pénétrer, de poser des lois, des cadres, d’être dans l’action. L’énergie du féminin est une énergie plus attractive qui est moins dans le faire dans l’agir, plus dans l’être. Nous sommes tous porteur de ces deux énergies, à nous de les valoriser, voire temporiser.

Pour ma part, lorsque je travaillais en entreprise je ne me posais pas de limites du fait d’être une femme, au contraire cela me stimulait. J’ai travaillé dans des milieux souvent réservés aux hommes, j’au ouvert la voix à d’autres femmes. Je ne me posais pas de questions quant à ma légitimité en tant que femme, mais plutôt par rapport aux diplômes que je n’avais pas. J’ai beaucoup travaillé en m’appuyant sur mon instinct et mon intuition et cela a bien fonctionné jusqu’à ce que je rejoigne des grands groupes sclérosés par les codes, les règles, la hiérarchie. La part de féminin en moi s’est éteinte petit à petit, elle n’était plus valorisée, honorée, célébrée. On me demandait de manager d’après les codes et les valeurs du masculin, de trancher, diriger, d’avoir des résultats, de poser des règles qui n’étaient pas respectées ( !) de ne plus prendre le temps d’écouter les autres et de leur imposer des fonctionnements absurdes.  

Pour moi, mettre en avant le féminin en entreprise ce serait s’appuyer sur les valeurs dites féminines et leur donner une place plus importante. C’est prendre le temps d’écouter ce que les autres ont à dire et en tenir compte, c’est valoriser les idées qui peuvent émerger, c’est se respecter mutuellement et agir de manière écologique pour les uns et les autres. Je pense notamment à l’écoute : donner la parole aux hommes et aux femmes qui y travaillent et prendre le temps de les écouter – apprendre à les respecter et à les accueillir dans leur différences.

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Aujourd’hui on parle beaucoup d’écologie, du mal être de la planète. Il y a une autre sonnette d’alarme à tirer qui concerne l’état des relations humaines dans les entreprises. Le mal être des personnes qui vivent et travaillent en entreprise est tel que si rien n’est fait cela va imploser. En continuant à avancer avec les règles actuelles nous allons droit au mur. Il faut remettre de l’humain et de l’humanité dans un système qui est sclérosé par un fonctionnement trop rigide. Il s’agit de remettre de la souplesse, du mouvement.

Ce qui définit les femmes c’est leur cycle. En tant que femme nous sommes sans cesse entrain de nous ajuster à notre cycle. Mais cet ajustement est créateur et le fait d’y être entrainée nous donne une force incroyable que nous ne valorisons pas assez. Rien n’est jamais figé pour nous, et nous co-créons sans cesse. Les femmes trouveront pleinement leur place en entreprise lorsqu’il n’y aura plus de dichotomie entre le masculin et le féminin. Lorsque ces deux énergies seront pleinement reliées et appréciées.

Vous avez fondé l’Académie du Féminin, avec la volonté de valoriser les forces du féminin dans le monde professionnel. Cependant, vous tenez à souligner que cela n’exclut nullement les hommes. Quelles synergies faudrait-il réussir à créer ?

L’Académie du Féminin est à la fois un réseau et une plateforme d’apprentissage qui s’adresse essentiellement aux femmes car il y urgence pour elles de prendre leur place et de s’affirmer dans leur identité et dans leur singularité, et cela ne peut pas se faire sans le soutien des hommes. Nous sommes complémentaires et non opposés.

Les synergies peuvent être multiples mais de mon point de vue et de mon expérience elles ne pourront réellement se faire que s’il y a un travail de fond qui est effectué. Quand un couple va mal, il va voir un thérapeute de couple. Je dirais que nous sommes au même endroit dans un sens plus large. Les hommes et les femmes ont besoin de redécouvrir ce que chacun aime chez l’autre et d’en prendre pleinement conscience afin de pouvoir l’aimer et l’honorer à nouveau.

A ce moment là, la rencontre pourra se faire sereinement. Cela passe par s’accueillir mutuellement dans nos différences, reconnaître nos valeurs, nous soutenir. En tant que femme, nous avons perdu de vu ce que nous aimions chez l’autre car trop blessé, trop en colère. Il est temps de faire la paix avec ces différentes parties de nous qui ont été blessées.

Il s’agit également de prendre conscience la part de masculin et de féminin que nous portons en nous et de les faire vivre en harmonie, sans les opposer, mais en les valorisant. Cela passe par des rencontres, de la communication, du collaboratif dans lequel il est possible d’écouter les besoins de l’autre, sans se perdre soi-même de vue. C’est être capable d’être à la fois égoïste et altruiste : « Je prends soin de moi afin de mieux m’ouvrir à toi. »

 Pour aller plus loin : www.academie-du-feminin.com et www.catherine-oberle.com

 

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