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En première ligne - Olivier, 71 ans, médecin généraliste à Versailles

Anne-Laure et Olivier témoignage médecin généraliste
"Les prélèvements rhinopharyngés de dépistage par PCR se font de façon très laborieuse en France, même à l'hôpital."
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Soignants médecins infirmiers En première ligne du Covid-19 : ils travaillent pendant le confinement
Audrey Etner
Audrey Etner
Mis à jour le 25 février 2021
Olivier est médecin généraliste en région parisienne. Depuis le début du mois de mars 2020, il prend en charge des patients atteints du Coronavirus, et a compris très tôt l'ampleur de la crise sanitaire. Âgé de 71 ans, Olivier a conscience de lui-même faire partie d'une population à risque, et a donc mis en place des mesures d'hygiène très strictes au cabinet pour pouvoir continuer à soigner les gens.

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“J’ai été très choqué de la manière dont ce virus fut pris à la légère au début. Je me souviens des rues de Versailles remplies de monde il y a 15 jours encore. Le marché très réputé ainsi que la messe, fermés bien trop tardivement. Les gens comprennent petit à petit et se montrent moins imprudents aujourd’hui.”

Ce témoignage a été recueilli le 30 mars 2020

Sa vie avant le Covid-19

Olivier exerce en tant que médecin généraliste à Versailles. Après une carrière bien remplie, c’est sa femme Anne-Laure qui assure depuis deux ans son secrétariat et prend soin des patients qui viennent consulter. Olivier a une clientèle relativement âgée, avec des pathologies lourdes et chroniques, qu’il prend soin de visiter régulièrement à domicile, pour ceux qui ne peuvent se déplacer, afin de contrôler leurs traitements et état de santé.

Alors que le premier cas est signalé le 4 mars 2020 dans l’Oise, Olivier reçoit dès le lendemain à son cabinet une première patiente touchée par une forme assez sérieuse du Coronavirus. Il s’agit d’une femme fragile qui s’était rendue à un mariage dans l’Oise le week-end précédent. “Elle est arrivée sans prévenir à mon cabinet, je me suis aussitôt protégé du mieux possible. Le SAMU est venu la chercher pour l’hospitaliser. Elle est heureusement tirée d’affaire aujourd’hui”, témoigne Olivier.

Puis la cadence s’amplifie rapidement au sein du cabinet versaillais, avec de nouveaux cas diagnostiqués tous les jours à partir du 10 mars. Parmi eux, Olivier déplore déjà un patient décédé et un autre hospitalisé gravement atteint. Une mise en alerte assez “chaude” pour le généraliste qui, très tôt, prend la mesure de la gravité de la situation.

Sa vie depuis le confinement

Depuis le début, Olivier a vu une vingtaine de cas, plus que la moyenne de ses confrères. Paradoxalement, il explique travailler moins d’heures que d’ordinaire, ses activités de routine ayant pratiquement disparues. Cependant le stress augmente, entre moyens de protection - même s’il dispose de quelques masques et de lunettes de protection conservées depuis la grippe H1N1 - et attente des secours dans les cas les plus graves.

Seul à son cabinet, Olivier a pu mettre en place un protocole d’hygiène important : heures d’arrivées et de départs stricts des patients, aération et nettoyage complet entre les consultations, devoir de se signaler à l’avance par téléphone en cas de suspicion de Covid, et désinfection généralisée assurée par sa femme Anne-Laure.

Parmi sa patientèle, de nombreux cas réels ou supposés de Covid, avec des symptômes relativement typiques se présentent désormais. La plupart des jeunes gens ont à l’inverse des symptômes qu’on aurait totalement négligé auparavant - un peu de toux, de fièvre. “Nous sommes obligés de leur dire de respecter un confinement total, c’est à dire de ne voir personne pendant 15 jours. Ce n’est pas le confinement approximatif auquel le reste de la population est soumis. Cela, ils ont du mal à l’accepter.” explique Olivier.

Par ailleurs, le généraliste explique la difficulté du dépistage, puisque “les prélèvements rhinopharyngés de dépistage par PCR se font de façon très laborieuse en France, même à l'hôpital.” Il mentionne tout de même quelques laboratoires de ville qui commencent à en pratiquer. Enfin, en matière de traitement, la prescription de chloroquine ou hydroxychloroquine est interdite en ville, car elle nécessite une surveillance particulière. Le paracétamol est indiqué en cas de douleurs, courbartures, maux de tête ou fièvre “Mais ça ne soigne pas, ça soulage !” précise Olivier, et de rappeler l’effet dévastateur des anti-inflammatoires en cas de coronavirus.

Interrogé sur son ressenti pour la suite des événements, Olivier imagine un confinement minimum jusqu’au 30 avril, peut-être même jusqu’au 15 mai. Quant à l’évolution de la maladie, il ne dispose bien sûr d’aucune information particulière mais tenait à partager un espoir. Alors qu’il reçoit 3 à 4 cas de patients contaminés par jour depuis le début du confinement, il a constaté une diminution du nombre jeudi et vendredi dernier à son cabinet, et aucun cas ce lundi 30 mars. Il explique le décalage de 8 jours qui existe entre les cas “normaux” rencontrés en ville et les cas “grave” qui sont pris en charge à l'hôpital. “C’est un simple espoir, peut-être que demain il en sera totalement autrement. Mais j’espère que dans 8 jours, les hôpitaux ressentiront cette légère baisse que j’ai pu observer ces derniers jours”.

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