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Nathalie Portman : une star éthique et adorable

Mis à jour le 25 février 2021

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Comment vous êtes-vous retrouvée sur l’orbite hollywoodienne ?
J’avais 11 ans. Je mangeais dans un resto de Long Island, une femme m’a demandé si le mannequinat m’intéressait. Elle travaillait pour la marque de cosmétique Revlon. Je lui répondu que je me verrai plutôt jouer dans des films. La dame m’a mis en relation avec une agence spécialisée.

On raconte que pour « Leon » de Luc Besson, le film qui vous a propulsé, le directeur du casting ne vous avait pas retenue la première fois ? C’est une blague ?
Mais pas du tout ! Lorsque je me suis rendue à la première audition de ce film », la directrice de casting m’a déclaré : « Toi là. Tu es trop jeune pour le rôle. On recherche une fille de 12 ans.  Rentre chez toi ! ». Pour la petite anecdote, j’en avais presque 12 ! J’aurai préféré qu’on me dise qu’on ne voulait pas de moi parce que je ne savais pas jouer plutôt que de prétexter une histoire d’âge qui ne tenait vraiment pas la route. Quoiqu’il en soit, deux semaines plus tard, on rappelait mes parents pour leur annoncer que finalement Luc Besson voulait quelqu’un de plus… jeune ! J’y suis donc retournée. La suite, vous la connaissez.

Vous n’êtes pas frustrée de ne pas avoir eu une adolescence "normale" ? 
C’est vrai que j’ai eu une vie un peu décalée par rapport aux jeunes de mon âge. Pendant les week-ends, au lieu de m’amuser, je faisais la promo des films. Paradoxalement, cet emploi du temps peu banal m’a permis de conserver une certaine innocence car pendant que mes amis fumaient des pétards, moi, je trimais !

Le rôle de la princesse Amidala dans Star Wars, c’est un rôle qui vous marquera à vie ou que vous préférez effacer de votre CV ?
Ce que j'ai aimé dans ce rôle, c’est que pour la première fois, un réalisateur ne me traitait pas comme une môme. Avec George Lucas, j’étais une adulte à part entière avec de grosses responsabilités. J’ai apprécié. Pour être franche, je ne savais pas trop où j’allais mettre les pieds. D’ailleurs, lorsque George m’a contactée pour me demander si j’étais intéressée pour tenir ce rôle, je lui ai répondu : « Star quoi ? ». C’est dire à quel point, j’étais ignorante ! Quelques mois plus tard, je me retrouvais devant un immense fond bleu à parler dans le vide ! Perturbant pour un fille comme moi, très… terre-à-terre ! 

Quelle est la chose la plus surprenante que vous avez faite pour entrer dans un personnage ?
Dans V comme Vendetta, j’ai rasé mes cheveux ! Du coup, un soir, en dehors des plateaux, on m’a prise pour une hooligan ? !

Vous plaisantez ?

Non ! Non ! J’étais en Irlande pour faire un break. Sur la route, je me suis arrêtée dans un « Bed & Breakfast » pour demander mon chemin. Les propriétaires se sont claquemurés dans leur maison. Ils croyaient que je voulais les agresser. Vous vous rendez compte, je fais 1m62, le format miniature quoi, et ces gens ont eu peur de moi. Tout ça parce que j’étais rasée. J’ai eu beau redoubler de gentillesse, rien à faire, ils pensaient dur comme fer que j’étais une psychopathe. C’est dans ces moments-là que je me dis que ça n’a pas dû être facile tous les jours pour Sinead O’Connor ! (rires).

Rares sont les acteurs qui ont poursuivit parallèlement leurs études. Vous n’avez pas le sentiment de faire tâche à Hollywood ? Rappelons que vous avez décroché un diplôme en psychologie à l’Université de Harvard
Comme beaucoup d’actrices ou d’acteurs qui ont débuté très tôt dans ce métier, j’aurais pu tourner le dos à l’école. Seulement, j’ai la tête sur les épaules et une vision à plus long terme.

On a le sentiment que le star-system, ce n’est pas votre truc
Je n'ai toujours su faire que des films, ce n’est pas vraiment la meilleure façon de s'élever !
Mon père est docteur. Un docteur qui a permis à beaucoup de femmes de se sentir mieux (Ndlr : le papa de Natalie est un grand spécialiste en gynécologie et plus précisément un spécialiste de la stérilité). Quand je vois ce qu’il fait, je me dis “Mon Dieu, je tourne des films, je gagne de l’argent. Beaucoup d’argent. Mais finalement, je n’aide pas grand monde. Mon job, c’est du vent ! "

Si les études de psychologie et le cinéma ne vous avaient pas permis de vous épanouir, vous auriez fait quoi de votre vie ?
Je suis passée par différentes étapes. Au départ, je voulais faire sirène, puis après j’ai voulu être une fée. Un peu plus âgée, j’ai été tentée par la carrière de vétérinaire, puis après avoir vu au cinéma Apollo 13 avec Tom Hanks, j’ai été attirée par le métier d’astronaute. Mais quand je vois ce que l’on a fait de notre planète, je me dis qu’assister à ce triste spectacle de là haut m’aurait mis le moral en berne !

Vous avez été l’une des premières actrices à parler ouvertement de votre aversion pour la viande !  A quel moment, êtes-vous devenue végétarienne ? 
C’est à cause de ma mère ! J’avais neuf ans lorsque je suis allée dans un école juive. Dans cet établissement on ne servait que des repas kasher. Le problème, c’est que maman ne cuisinait pas kasher à la maison. Pendant des semaines, lorsqu’elle préparait ma lunch-box, elle s’arrangeait donc toujours pour me préparer un sandwich au poulet soit disant kasher en essayant de me convaincre que c’était du thon ! Du coup, quand j’arrivais à l’école et  que j’ouvrais ma boite, j’avais toutes mes copines qui sentait mon sandwich tout en répétant : « Mais Natalie ça ne sent pas le thon, mais le poulet ! ». S’en était trop ! De retour à la maison, j’ai dit ma mère : « j’en ai assez que tu me mentes ! Désormais, je serai végétarienne comme ça je saurais ce que tu me mets dans ma lunch-box ! ».

Vous ne portez plus de cuir depuis des années, pourquoi ?
C’est un cheminement assez normal lorsque vous êtes végétarienne. Je ne porte pas de cuir car je n'admets pas l’idée qu’un animal est pu être tué pour m’habiller ou me chausser. Bien entendu, vous pouvez me rétorquer que cet animal a été élevé pour ça ! Et vous avez raison de le souligner. N’empêche, c’est généralement un animal qui n’arrive pas au terme de sa vie de façon naturelle. On le tue de façon précoce ! Souvent à la chaine.

C’est pour cela que vous avez lancé en 2008, en collaboration avec la marque Té Casan une ligne de chaussures 100 % constituées de produits végétaux ?
Oui ! Et je peux vous assurer que ces chaussures étaient aussi résistantes que des chaussures en cuir. Le problème, c’est qu’il faut se battre contre des millions d’années de préjugés, d’habitudes. Depuis toujours le cuir a été synonyme de solidité.  Mais aujourd’hui, grâce à une technologie de pointe et des années de recherches, nous sommes en mesure de créer des vêtements, des chaussures qui ont la même apparence que le cuir, la même souplesse, la même noblesse et qui dans certains cas offrent même une résistance à l’usure et une imperméabilité plus forte que la peau traditionnelle !

Certes…mais le design ne suit pas toujours. Les marques de mode éthique peuvent paraitre "ringarde" pour le grand public ?
C’est de moins en moins le cas. D’ailleurs, de grandes marques ont compris qu’il fallait être éco-responsables et proposent des modèles à la fois très tendances et 100 % sans cuir. Dior, par exemple, a accepté de recréer mes chaussures préférées à partir de produits dont l’origine n’est pas animale ! (Ndlr : Natalie Portman est la nouvelle ambassadrice du parfum Miss Dior Chérie). Mais il n’y a pas que le cuir qui me pose problème. Il y a aussi la surconsommation d’eau dans la fabrication des jeans par exemple. Produire un kilo de coton nécessite dans certains pays très arides 30 000 litres d’eau !  Toute cette gabegie pour n’obtenir qu’un kilo de coton au final ! C’est d’autant plus choquant que vous avez sur cette planète plus d’un milliard d’individus qui n’ont pas accès à l’or bleu !  Acheter un jeans fabriqué à base de coton bio est donc une nécessité. En plus de ça, vous avez la certitude qu’aucun pesticide n’a été utilisé !

Vous êtes très impliquée aussi dans le développement de la FINCA. Vous pouvez expliquer ce que fait la FINCA ?
C’est un organisme dont la mission première est de fournir des aides financières à des entreprises généralement situées dans les pays pauvres ou émergents ! Une sorte de micro crédit. Plus des deux/tiers de la population mondiale, soit 4.2 milliards d’individus, vivent avec moins de trois dollars par jour et la grande majorité de ces laissés pour compte de la société sont des femmes et des enfants. Il faut agir ! J’ai rencontrée en Ouganda, Nahima, une femme de mon âge qui a déjà dix enfants – dix filles très exactement.  Son mari la frappait parce qu’elle ne pouvait pas lui donner de garçon. Grâce à notre soutien logistique et financier , elle gère désormais un restaurant avec succès et à retrouver sa dignité ! Et ça, ce n’est pas du cinéma !

Quel regard portez-vous sur les deux guerres que se livrent en ce moment votre pays ? L’une en Afghanistan. L’autre en Irak ?
Trois ! Si l’on compte celle que nous livrons contre la Récession, le chômage et les millions de personnes qui, aux Etats-Unis, vivent dans le dénuement le plus total ! Le drame aujourd’hui avec la situation irakienne, c’est que les médias ont tendance à la déshumaniser. Il y a des morts tous les jours là-bas et plus personne ne semble s’en émouvoir. C’est devenu banal.

Au fait, comment se fait-il qu’une belle fille comme vous n’a toujours pas d'enfant ?
(rires) Je ne pense pas être prêtre pour ça. Je suis comme la plupart de mes amies – c’est-à-dire « gagas » lorsque nous avons un bébé dans les bras,  mais mon petit doigt me dit que se lever au milieu de la nuit pour changer la couche et donner le sein à un nourrisson ne doit pas être une expérience qui vous procure les mêmes joies ! Surtout après une dure journée de travail.

Il paraît qu’à l’instar des bébés, vous buvez des litres de lait bio quotidiennement ?
(rires) Des litres, non ! Un ou deux verres oui ! J’ai toujours eu une vie saine. Vous ne me verrez jamais boire de l’alcool, fumer ou prendre de la drogue. Je ne condamne pas pour autant ceux et celles qui foutent en l’air leur vie. J’ai, en ce qui me concerne, beaucoup trop de respect pour la mienne !


Retrouvez Nathalie Portman dans son prochain film Black Swan, de Darren Aronofsky avec notamment Vincent Cassel. Sortie Février 2011.
Franck Rousseau

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