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Marianne Denicourt : « je fais ma part du colibri »

Mis à jour le 25 février 2021
Un déjeuner à Châtelet avec l’actrice et réalisatrice. Elle mange bio mais ne mâche pas ses mots. Entre ombre et lumière, rencontre pleine d’humilité avec une vraie femme passionnée et engagée.

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Marianne Denicourt

Parlez-nous de vos reportages en Afghanistan…


C’était pour l’association Afghanistan Demain* qui monte des écoles pour les enfants de la rue. J’ai suivi une formation. Je ne savais pas tenir une caméra. Quand je disais je vais filmer à Kaboul, certains pensaient on va l’interner.

Au total, j’ai passé quatre mois là-bas et travaillé un an sur le sujet. Mon documentaire « Nassima, une vie confisquée » est passé dans Envoyé Spécial.

Il montre une petite fille scolarisée dans l’école, mariée à 5 ans, et qui doit à 9 ans rejoindre son mari. J’étais sur place, je devais témoigner de cette union forcée. Je suis revenue voir Nassima : elle est mariée et déscolarisée.



Que retirez-vous de ce séjour ?


L’Afghanistan est un des cinq pays au monde avec l’impact le plus faible écologiquement, ça donne une idée du niveau développement.

C’est une autre société. On ne peut pas porter de jugement hâtif. Il n’y a pas les femmes libres, nous, et les opprimées, les Afghanes.

Les conditions des femmes sont dures, on ne va pas le nier. Avec les talibans, il y a eu des choses insupportables. Mais elles sont heureuses dans leur vie, avec leur voile et ne nous envient pas.

C’est une violence terrible pour elles de voir des femmes nues juste pour vendre un bout de fromage. Plus la femme se découvre en Occident plus elle se couvre dans les sociétés orientales.

J’ai vu aussi leur respect pour les personnes âgées : les vieilles Afghanes sont les reines de la maison. En France, on vieillit seul, sans respect. Pour eux, on est des barbares : on met les anciens dans des maisons de retraites, et ils meurent dès qu’il fait chaud.



Femme engagée… l’êtes-vous aussi en bio ?


Bien sûr ! Je le suis, c’est une évidence depuis longtemps. C’était marginal avant, plus maintenant. Respecter la planète, moins consommer c’est une nécessité.

En même temps, le terme bio est devenu à la mode… C’est fantastique mais ne perdons pas de vue l’objectif : l’écologie n’est pas une affaire personnelle. On fait tout pour nous culpabiliser, nous demander individuellement d’être responsables : changer nos ampoules, ne pas prendre de bain…

Mais les lobbies, les multinationales ne sont pas responsables ? C’est une situation absurde ! À eux de faire aussi des efforts, d’arrêter de polluer. On ne peut pas juste se protéger soi-même avec des cosmétiques bio ou en mangeant des produits bio.

Plein de gens disent : « Je mets des crèmes bio et je mange sans pesticides. » Très bien, moi aussi. Mais il faut aller au-delà de ça.



Vous êtes révoltée ?


Je suis triste et révoltée par la déforestation, la disparition des espèces, les guerres pour le pétrole, l’utilisation de l’eau à des fins de production, par Coca qui s’installe en Inde, prend toute l’eau et laisse les villageois à côté, dans la misère.

Cela me choque. Il y a surconsommation d’un côté et un manque total de l’autre, on ne peut pas accepter cet ordre des choses. La mode aussi, c’est compliqué.

On connaît les conditions de travail des vêtements made in China ou India. Des gens pieds nus qui foulent les pesticides dans les champs de coton… C’est violent !

Je vois mes contradictions quand j’achète chez Zara ou H&M. Les choses bougeront par la base, si les gens consomment autrement, bio et équitable, la production va devoir s’adapter.



Que faire ?


Être cohérent avec soi, même si ce qu’on fait est minuscule. Un conte amérindien dit : «un incendie de forêt énorme se déclenche. Impuissants, les animaux observent. Seul le colibri s’active et verse sur le feu avec une petite goutte d’eau. Le tatou lui dit : mais colibri, qu’est-ce que tu fais, ça ne sert à rien ? Peut-être, mais je fais ma part.»

Cela m’inspire. J’essaye de réagir dans ma vie comme j’aimerais que le monde soit, à mon niveau. Tout sert.



Au quotidien cela se traduit comment ?


Cela va au-delà des crèmes sans paraben. J’essaye de ne pas trop consommer, de limiter la viande. J’ai une petite voiture qui consomme peu et que j’utilise rarement.

Mais il ne faut pas devenir dingue avec le bio. J’utilise encore du maquillage conventionnel mais j’en mets très peu. Heureusement, les maquilleuses professionnelles se mettent au bio.

Les légumes des petits producteurs locaux sur les marchés sont très bien. Je ne suis pas obnubilée par les labels. Le bio peut être ridicule : une mangue bio a fait 6 000 km en avion !

* Depuis sept ans, l’association Afghanistan Demain ouvre des maisons familiales et des écoles pour les plus défavorisés. Elle met également en place des cycles de formation professionnelle : cette année, vingt jeunes afghanes ont obtenu un diplôme d’esthéticienne. http://www.afghanistan-demain.org




Son modèle bio
Sa cousine Virginie vit dans une yourte dans les Cévennes, sans électricité. Elle fabrique et vend sous la marque Candi Val des produits bio au chanvre : huile de massage, farine, graines grillées ou pâtes. Elle utilise son huile de chanvre pour la peau.



Coups de cœur
Les soins naturels de Senteurs de fée et les cosmétiques bio de Kibio.
 



Son actu
Marianne Denicourt sera bientôt en tournée avec La Ville de Martin Crimp : une pièce où se joue un chassé-croisé ludique entre réel et fiction. (Nantes, du 8 au 16 /01 ; Lyon, du 20 au 24/01 ; Paris, du 28/01 au 13/02 ; Amiens, du 17 au 21/02 ; Bordeaux, 12 et 13/03 ; Lille, du 17 au 21/03.)
 

Anne-Sophie Luguet Saboulard

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