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Derrière l'étiquette : huiles et beurres végétaux en cosmétique

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Quand une marque vante un ingrédient miracle sur le packaging de son gel douche ou de sa crème de jour, il est important de se demander à quoi est associé cet ingrédient, et en quelle quantité il est présent.
Anne-Marie Gabelica
Anne-Marie Gabelica
Mis à jour le 25 février 2021
On le sait peu, et on n'en parle pratiquement jamais, pourtant la notion de qualité est quasi inexistante en cosmétique. Si la plupart des produits sont associés à un parfum, un actif phare ou à une saveur dans leur contexte de vente, les faits sont beaucoup moins idylliques à l'intérieur du flacon.

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Quand une marque vante un ingrédient miracle sur le packaging de son gel douche ou de sa crème de jour, il est important de se demander à quoi est associé cet ingrédient, et en quelle quantité il est présent. Un œil averti sur les compositions suffit à s'en rendre compte : 95 % des produits cosmétiques conventionnels (et une bonne part des cosmétiques bio) sont faits d'une majorité d'ingrédients de qualité discutable, que l'on peut appeler des « ingrédients de remplissage ». 

Ces ingrédients de remplissage sont principalement des huiles synthétiques (pétro-chimiques) ou qui, lorqu'elles sont d'origine végétale, ont subi des modifications. Ces composants dont les bienfaits pour la peau sont très limités - voire inexistants - facilitent la formulation des produits et coûtent très peu cher à produire pour les industriels. Pour cette raison, ils sont omniprésents dans les produits de beauté, toutes gammes de prix confondues. On peut donc regretter qu'aucune réglementation n'impose de restrictions quant à ce type d'ingrédients dans les cosmétiques que vous utilisez ou quant aux procédés de transformation des huiles et beurres végétaux que contiennent vos produits. 

Huiles végétales pures contre huiles végétales transformées

Les soins cosmétiques, appelés émulsions, sont faits en grande majorité d'un mélange d'eau et d'huile, la quantité d'huile variant de 15 à 40 % selon la crème et sa texture. Si les labels de cosmétiques bio interdisent l'utilisation des huiles minérales, c'est-à-dire dérivées du pétrole, elles ne précisent en revanche rien sur les huiles estérifiées et hydrogénées. Or on sait bien que la richesse des ingrédients utilisés contribue directement à la qualité du produit fini. 

L'exemple des huiles végétales est bien simple : les huiles végétales naturelles, très riches en acides gras essentiels, sont très bénéfiques pour la peau. Apaisantes, réparatrices, nourrissantes, anti-oxydantes… leurs propriétés sont nombreuses, ce qui fait d'elles un composant tout choisi pour la fabrication de produits cosmétiques. Cependant, elles sont le plus souvent transformées chimiquement lors des procédés de fabrication industriels et deviennent alors des huiles estérifiées ou hydrogénées.

Les huiles estérifiées sont obtenues suite à deux transformations consécutives d'une huile végétale. On casse les triglycérides - principaux composants des huiles végétales -, de manière à combiner les acides gras qui en résultent avec des alcools naturels ou d'origine pétrochimique, autrement dit des molécules qu'on ne trouve pas dans les huiles végétales en temps normal. Ainsi transformée, l'huile perd tous ses composants actifs pour la peau : oméga 3, vitamines, acides gras essentiels… Fabriquées en grande majorité à partir d'huile de palme, les huiles estérifiées ont des coûts de production très faibles.

Les huiles hydrogénées sont quant à elles extraites comme des huiles végétales mais à haute température. Moins qualitatives mais avec un rendement beaucoup plus élevé, les huiles hydrogénées sont aussi moins liquides, plus visqueuses. Comme les huiles estérifiées, elles sont également plus stables pour la formulation car moins sujettes à l'oxydation. Mais l'hydrogénation entraîne la formation d'acides gras trans. Alors qu'une huile végétale naturelle riche en acides gras essentiels constitue un bon anti-inflammatoire, les acides gras trans présents dans les huiles hydrogénées sont eux pro-inflammatoires.

Il ne fait aucun doute que les huiles végétales naturelles sont meilleures pour la peau à tous points de vue, mais encore faut-il être capable de les différencier. Pour ce faire, une vérification de la liste d'ingrédients du produit est inévitable. 

Les appellations les plus communes des huiles estérifiées à éviter : Caprylic Capric Triglyceride, Coco Caprylate Caprate. Vous repérerez les huiles hydrogénées grâce à la mention "Hydrogenated" dans le nom d'un ingrédient.

Beurre végétal brut contre Beurre végétal raffiné

Les beurres végétaux sont également très utilisés en cosmétique, même si leur concentration est bien moins élevée que celle des huiles végétales – (quelques % à peine). Si on sait que des beurres végétaux tels que le beurre de karité ont de nombreux bienfaits pour le corps et la peau, on ignore bien souvent leur origine et leurs moyens de production. La grande majorité des beurres utilisés en cosmétique sont des beurres raffinés, c'est-à-dire des beurres transformés qui ont perdu leurs bienfaits naturels.

Le raffinage se déroule en 3 temps : on élimine d'abord les acides gras présents dans le beurre pour limiter son oxydation, puis on le désodorise et enfin on le décolore. Au final, on obtient un beurre blanc qui se conserve mieux qu'un beurre brut, mais qui a perdu son odeur, ses arômes et tous ses principes actifs. À l'inverse, un beurre brut est transformé mécaniquement, ce qui ne permet pas d'avoir des rendements aussi importants que lors du raffinage. Ce beurre conserve alors sa couleur et son odeur naturelle, ainsi que toutes ses propriétés nutritives et hydratantes. Il coûte aussi bien plus cher à produire, et s'avère donc moins intéressant pour les grands industriels…

Contrairement aux huiles estérifiées et hydrogénées, il n'est pas possible de différencier un beurre brut d'un beurre raffiné sur une liste d'ingrédients. Aucune réglementation n'impose de différencier le procédé de fabrication des beurres dans leur appellation INCI (la norme européenne qui régie l’étiquetage des produits cosmétiques). De ce fait, de nombreuses marques en profitent pour estampiller leurs produits d'un message comme « au pur beurre de karité », laissant penser aux consommateurs qu'il s'agit de produits très qualitatifs. En réalité, la seule façon d'être certain d'avoir entre les mains un produit composé de beurre végétal brut est d'y lire la mention « beurre non raffiné » ou de se renseigner directement auprès de la marque concernée.

Avant de choisir un produit, vérifier la liste INCI

Lorsque vous vous lancez dans le décryptage d'une liste d'ingrédients, accordez une importance toute particulière à l'ordre des ingrédients. La réglementation INCI impose que ceux-ci soient mentionnés par ordre d'importance dans la formule, de l'ingrédient le plus concentré au moins concentré. Si vous détectez des indésirables dès les premiers noms de la liste, vous pouvez renoncer à utiliser le produit sans regrets.

L'experte : Anne-Marie Gabelica  est ingénieure agronome diplômée en biochimie. Elle a créé oOlution, la 1ère de gamme de soins visage sur-mesure, à base de plus de 65 actifs 100 % bio, certifiée vegan, sans dérivés d'huile de palme et éco-conçue.

 >> Pour une lecture optimisée, retrouvez cet article dans votre magazine iPad de novembre 2014

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